Les récents évènements liés à la crise que traverse le Mali ont révélé un phénomène d’une force inédite : la montée en puissance du patriotisme au sein du peuple malien. Dans l’adversité, les Maliens ont su renouer avec les valeurs profondes de solidarité, de courage et de résilience. Ce sentiment d’appartenance, longtemps mis à rude épreuve, s’exprime désormais dans les comportements, les paroles et les actions, toutes classes sociales confondues.
Cette ferveur patriotique, qui transcende les différences politiques et sociales, a permis la consolidation d’un lien national fort. Dans les rues, dans les villages, sur les réseaux, on perçoit cette volonté d’unité. Les Maliens soutiennent les autorités de la transition et ceux qui œuvrent, parfois dans l’ombre, pour une sortie de crise digne et durable.
Mais cet élan, pourtant salutaire, n’échappe pas aux critiques. Pour une frange de la population — au Mali comme dans la diaspora — le patriotisme affiché devient sujet de discorde. Les réseaux sociaux, véritable agora moderne, amplifient les contradictions : entre ceux qui s’élèvent pour défendre la nation et ceux qui, par scepticisme ou hostilité, fustigent ces gestes d’unité.
Dans ce tumulte numérique, la parole patriotique est souvent moquée, contestée, voire dissuadée. Certains finissent alors par taire leur conviction, craignant le jugement public, même s’ils continuent de croire, au fond d’eux, que le Mali est au-dessus de tout.
La récente crise du carburant illustre parfaitement cette dualité. Les files interminables dans les stations-service, les engins immobilisés, les citoyens marchant ensemble sous le soleil brûlant : autant de scènes révélatrices d’un peuple qui s’entraide. Ici, un automobiliste offre un siège dans sa voiture ; là, une vendeuse partage de l’eau ou un repas à ceux qui patientent depuis des heures. Ces gestes simples, ces solidarités spontanées, sont la véritable image du Mali.
Et pourtant, même ces élans de fraternité trouvent des détracteurs, prompts à y voir une faiblesse ou une manipulation.
Il est donc temps, plus que jamais, de dépasser les clivages et de regarder dans la même direction. Le Mali ne se relèvera pas dans la division, mais dans la compréhension mutuelle et la volonté commune d’en finir avec la dépendance et la méfiance réciproque.
Les autorités de la transition ne font peut-être pas l’unanimité — et c’est le propre de toute gouvernance. Mais au-dessus de tout, il y a le Mali, notre bien commun, notre héritage et notre responsabilité.
Face à l’histoire, chaque génération est appelée à faire ses preuves. La nôtre est interpellée : saurons-nous préserver l’unité nationale et faire du patriotisme une force constructive plutôt qu’un sujet de discorde ?
Le Mali, aujourd’hui plus que jamais, a besoin de tous ses enfants.




