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Dr Soumana Sako, ancien Premier ministre du Mali sur la crise sociopolitique actuelle : « Nous condamnons l’emploi excessif et indu de la force létale contre des manifestants civils aux mains nues »

Dans un entretien qu’il nous a accordé, hier mardi 14 juillet 2020, Dr Soumana Sako, ancien Premier ministre du Mali s’est prononcé sur la crise sociopolitique qui secoue le pays. Suite au déclenchement de la désobéissance civile par le M5 RFP, la destruction des édifices publics et la répression meurtrière des forces de sécurité, Dr Soumana Sako demande qu’une enquête indépendante soit menée pour établir les faits et établir les responsabilités de part et d’autre. L’ancien Premier ministre appelle « toutes les parties à la mesure et au sens de responsabilité face à notre peuple et face à l’histoire.» Il y a lieu, de son avis, de dialoguer avec toutes les parties prenantes sans exclusive et ne jeter, a priori, l’anathème sur personne.

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Dr Soumana Sako, ancien Premier ministre du Mali et président de la Convention Nationale pour une Afrique Solidaire (CNAS Faso Hèrè), a condamné « l’emploi excessif et indu de la force létale contre des manifestants civils aux mains nues » lors des manifestations du week-end dernier à Bamako. « Toute perte de vie humaine est une perte pour le Mali, une tache sur le bilan de la démocratie. » Pour l’ancien Premier ministre, il appartient aux leaders de manifestations a priori pacifiques de tout mettre en œuvre pour que les édifices publics et autres symboles de l’État soient sanctuarisés. La liberté constitutionnelle de manifester publiquement contre un régime, précise-t-il, n’implique pas de créer des entraves indues à la vie économique et sociale.

Pour l’ancien Premier ministre, le maintien d’ordre dans un contexte d’état de droit même imparfait comme celui du Mali est un exercice très délicat.

Car, dit-il, autant l’autorité de l’État républicain doit prévaloir pour la sécurité et la tranquillité de tous les citoyens, autant l’usage de la force létale ne saurait être la règle. « Nous avons demandé qu’une enquête indépendante soit menée pour établir les faits et établir les responsabilités de part et d’autre.

Il nous est revenu qu’il y aurait eu des victimes et des blessés parmi les Forces de Sécurité, ce que nous condamnons aussi car celles-ci sont au service de la paix publique. Certains aspects de l’invasion de l’ORTM nous semblent sortir de toute notion de désobéissance civile même interprétée de façon élastique. »

Selon le Dr Soumana Sako, la solution à la crise actuelle se trouve dans la Constitution. Il a invité les uns et les autres à bien la lire. Notre parti tient au respect strict du principe sacrosaint d’appropriation nationale, démocratique et populaire du processus de sortie de crise. Le retour aux valeurs du 22 septembre 1960, du 20 janvier 1961 et du 26 mars 1991 doit être notre bréviaire commun », a-t-il indiqué. Les mesures d’ordre politique et institutionnel doivent s’accompagner de mesures de relance économique bénéficiant aux couches rurales, peri urbaines et urbaines. Plus que les contestations post électorales, selon M. Sako, c’est le marasme économique, le sentiment d’impunité pour corruption d’une partie des élites et l’absence de perspectives de la part du régime qui créent un terreau fertile pour la violence. De l’avis de l’ancien Premier ministre, les changements de régime doivent s’opérer exclusivement suivant les règles et le calendrier prescrits par la Constitution, quelle que soit par ailleurs l’impopularité ou l’incompétence du régime. « La stabilité de la Constitution et des institutions est une condition indispensable pour le progrès économique et social. C’est pourquoi nous appelons toutes les parties à la mesure et au sens de responsabilité face à notre Peuple et face à l’Histoire. C’est aussi pourquoi nous avons mis le Président de la République en garde contre toute velléité de révision constitutionnelle car ce serait ouvrir un autre front », a indiqué M. Sako.

Madiassa Kaba Diakité

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