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Paris, Bamako et Alger et la lutte contre le terrorisme : Les contours d’un accord secret

Iyad ag-Ghali
Iyad ag-Ghali (au centre) dans une vidéo annonçant la formation du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Twitter)

L’Algérie ne fait certes pas partie du G5-Sahel, mais elle travaille en sourdine avec le Mali et la France dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. A preuve, il existe un accord secret entre Paris, Bamako et Alger pour assécher les maquis islamistes au Sahel.
En seulement quelques mois, près de 40 islamistes armés se sont rendus à l’armée algérienne aux frontières avec le Mali. Une opération délicate facilitée par un accord secret entre Alger, Bamako et Paris.
L’armée algérienne a annoncé vendredi 20 avril la “reddition” à Tamanrasset, près de la frontière avec le Mali, de Larbi Khelifa alias Abou Ayoub, recherché depuis 2010. Ce dernier, selon nos sources, serait l’émir de la cellule al-Forqane d’al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), groupuscule responsable d’une attaque à la roquette contre un site gazier dans le Sahara algérien en mars 2016.
Cette reddition, qui ouvre la voie, selon le communiqué de l’armée, a “bénéficié des dispositions réglementaires en vigueur”, en d’autres termes l’extinction des poursuites contre le dépôt des armes, porte à un peu plus de 40 le cas de “repentis” depuis la fin 2017 rien que dans la zone frontalière de Tamanrasset (à 2000 km au sud d’Alger).
“Les différents groupes terroristes dans le Nord du Mali subissent une grosse pression avec toutes ces opérations de ratissage des troupes africaines, maliennes et françaises”, explique à Middle East Eye une source sécuritaire algérienne.
Toujours ce vendredi 20 avril, quinze islamistes armés ont été tués par l’armée malienne dans la région de Mopti, selon un communiqué officiel.
Conditions fixées dans l’accord 
Selon notre source, la reddition d’une quarantaine d’islamistes armés algériens dans la zone frontalière avec le Mali “a été rendue possible grâce à un accord secret signé en juillet 2017 entre Alger, Bamako et Paris”.
“Trois conditions importantes sont fixées dans cet accord : permettre aux enquêteurs algériens de communiquer directement avec les fugitifs dans le Nord du Mali, ouvrir des passages sécurisés dans cette zone pour les ‘repentis’ afin d’éviter qu’ils se fassent tuer par les forces françaises, maliennes ou africaines, et enfin établir une véritable coordination pour pousser à la reddition les chefs des islamistes armés, à l’image de Yahia Abou al-Hammam [numéro deux du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans et ex-émir du Sahara d’Aqmi] ou de Abderrahmane al-Sanhadji [remplaçant de Mokhtar Belmokhtar depuis sa blessure]…”, souligne la source sécuritaire à MEE.
Ces redditions, des records dans les statistiques, ont permis à l’armée algérienne d’effectuer, grâce aux renseignements fournis par les “repentis”, plusieurs saisies d’armes importantes dans les confins frontaliers, comme ce 20 avril, où a été découverte “près de la bande frontalière au nord-est d’In-Amenas, dans la zone de Tarat/Illizi, une cache contenant une quantité d’armes et un lot de munitions”, selon l’armée. Ou encore le 23 mars, avec la saisie de 24 pièces d’armes et d’un considérable lot de munitions à la frontière malienne près de la localité de Bordj Badji Mokhtar.
Le revers de la médaille est que les trafiquants et les contrebandiers algériens en fuite dans le Nord du Mali, environ 300 à 500 recherchés, suite aux grandes opérations de traque de l’armée les ayant ciblés, veulent aussi profiter des dispositions d’amnistie de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, votée en 2006, et ainsi éviter des peines de prison pour trafics en tout genre.

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