Plainte du Mali contre l’Algérie devant la CIJ : Quelles chances de succès ?
Meguetan Infos

La procédure devant la Cour internationale de Justice est, semble-t-il laborieuse. Mais elle peut pencher en faveur du Mali…
C’est à la suite de l’abattage d’un drone militaire malien en mars 2025 que la tension diplomatique entre Bamako et Alger a atteint son point culminant de rupture. Cela a été marqué par l’exaspération de la tension entre ces deux pays, longtemps en froid et en crise de confiance…
Acte d’agression
Et c’est le 4 septembre 2025, le gouvernement de transition du Mali a déposé une plainte auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) contre l’Algérie. Le motif : la destruction, dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025, d’un drone militaire de reconnaissance malien près de Tinzaouaten, dans la région de Kidal. Le Mali accuse l’Algérie d’« agression manifeste » et de violation du principe de non-recours à la force, soulignant que l’Algérie n’a pas fourni de preuve de violation de son espace aérien par le drone.
L’incident a provoqué une crispation diplomatique majeure : retrait des ambassadeurs, interdictions mutuelles de survol, et rupture de coopération au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Enjeux de la procédure devant la CIJ
Selon des juristes et des experts, le Mali fonde sa plainte sur les principes clés du droit international et les traités régionaux, en pointant clairement le doigt sur la violation du principe de non-agression des Etats.
Preuve et temporalité : Comme souvent à la CIJ, la résolution peut prendre des années. Avant même un jugement sur le fond, la demande de mesures provisoires est une étape possible comme dans le cas South Africa vs Israel, où la CIJ a ordonné des mesures temporaires, malgré l’absence de condamnation définitive.
Environnement régional : L’affaire s’inscrit dans un contexte de tension croissante entre le Mali et l’Algérie, avec des alignements géopolitiques mouvants (distanciation d’avec la France, rapprochement avec la Russie) et l’affrontement permanent contre les groupes terroristes dans le Sahel.
Il s’agira donc de la haute juridiction internationale de l’ONU de mener des enquêtes pour voir si oui ou non l’Algérie entretient des accointances acvec les groupes armés terroristes qui écument le Nord du Mali. Alger ne dresse-t-elle pas gîte et couvert à de nombreux chefs des groupes extrémistes militant pour la partition du Mali ? Le doute n’est plus permis, tant les autorités algériennes ne cachent pas leurs ambitions de voir créer au sud de leur territoire un Etat faible qui leur servira de prolongement de réserves en diverses ressources.
Si la CIJ parvient à établir des preuves de ces intérêts et ambitions géostratégiques de l’Algérie, elle pourra mieux appréhender les contours de ce contentieux. Ce qui pourra faire pencher la balance du verdict en faveur de Bamako. Car, tout se passe comme si l’Algérie est dans une posture d’avoir des visées (colonisatrices) sur l’extrême nord du Mali, une zone réoutée très riches en ressources diverses.
Rappelons qie dans le contexte du continent africain, il y a eu des précédentes affaires du genre devant la CIJ, où le droit a été clairement dit.
Il faut dire que pour mieux illustrer ce que peut signifier porter un contentieux à la CIJ, voici quelques exemples marquants en Afrique :
Il y a le cas Équatorial-Guinée vs Gabon (2025) où la CIJ a rendu un jugement final exécutoire, tranchant en faveur de l’Etat équato-guinéen dans un litige territorial sur des îles potentiellement riches en pétrole.
Il y a aussi l’affaire Libye vs Tchad (1994), sur les tiraillements à propos de la bande d’Aouzou. Ici, la CIJ reconnut la souveraineté du Tchad sur cette zone, malgré l’occupation libyenne, mettant fin au litige.
Il faut citer aussi le contentieux Nigéria vs Cameroun (Bakassi, années 2000). Après un verdict favorable au Cameroun, un processus diplomatique et médié par l’ONU permit une mise en œuvre pacifique de la décision avec retrait progressif des troupes et transactions politiques.
Ces quelques cas montrent que, même si les procédures sont longues, la CIJ peut conduire à des décisions contraignantes — suivies ou non d’une mise en œuvre effective, selon les dynamiques politiques et la volonté des États concernés. Ce qui conforte les experts maliens à croire que l’irrédentisme algérien sera constaté par le juge de la CIJ et cela permettra à la cause malienne d’être entendue, même si cela peut prendre du temps.
Mais, cette action juridictionnelle doit être accompagne de plaidoyers diplomatiques d’envergure et de discussions de lobbying robustes. Car, dans les relations internationales, le rapport de forces compte pour une part importante ;
Perspectives pour le Mali
Le gain juridique potentiel pour le Mali aidera énormément les autorités de Bamako dans leurs orientations diplomatiques nouvelles. Cela aidera certainement à redorer le blason du pouvoir de Transition ? Ce qui sera un grand coup pour le général d’Armée Assimi Goïta.
Ainsi, si la CIJ entérine le principe de responsabilité d’État ou accorde des mesures provisoires, cela renforcerait la position du Mali sur le plan diplomatique et légal. Bamako aura une voix plus audible, dans le cadre de la construction et de la consolidation de l’Alliance confédérale AES…
Quid des limites pratiques : Sans mécanisme d’exécution contraignant universel, il faut retenir quand même que tout dépôt de plainte doit être suivi d’un effort diplomatique intense et continue pour appliquer la décision. Ce qui demande des moyens financiers importants. Bamako a-t-il alors les moyens de cette exigence ? Des appréhensions subsistent.
Mais, au plan politique, il faut souligner qu’au-delà du verdict qui adviendra, saisir la CIJ est un acte fort, démontrant la volonté du Mali de défendre ses intérêts, ceux du peuple malien par les voies internationales, tout en mettant en lumière la rupture ou le climat de méfiance entre Bamako et Alger.
Boubou SIDIBE/maliweb.net