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« Apres avoir trahi les idéaux des maliens au profit de la junte militaire au pouvoir, l’imam Dicko tente de revenir au devant de la scène à travers un manifeste »

Il est réputé pour ses tirs à boulets rouges sur le régime d’IBK ou les autorités de la Transition. Mais dans cette interview qu’il nous a accordée, le week-end dernier, Cheick Oumar Sissoko fait la radioscopie du manifeste de l’imam Mahmoud Dicko, publié la semaine dernière.

Mr Cheick Oumar Sissoko, vous êtes un réalisateur de cinéma connu, mais aussi, leader du « Mouvement Mali Koura » (MMK), membre du Mouvement du 5 juin, à l’origine de la chute d’IBK. Que pensez-vous du manifeste de Mahmoud Dicko, publié la semaine dernière ?

C’est un non-événement, un piège à con.

Pourtant, ce manifeste est devenu virale sur les réseaux sociaux.

C’est pour cela que j’ai parlé de piège à con. Ceux qui donneront de l’importance à ce manifeste sont ceux qui ne connaissent l’imam Dicko. Ou ses stratégies, surtout quand il tombe en disgrâce au sein de l’opinion.

Donc, selon vous, ce manifeste n’est, ni plus, ni moins, qu’une tentative désespérée de l’ex-autorité morale du M5-RFP de se refaire une nouvelle virginité politique ?

C’est bien cela. Figurez-vous, depuis quelques semaines, lui comme son porte-parole en prennent plein la gueule. L’écrasante majorité des Maliens ne veulent plus entendre parler d’eux, ni de leur CMAS, désormais, à vau-l’eau.

Pourquoi l’imam et son porte-voix sont tombés en disgrâce au sein de l’opinion ?

Parce qu’ils ont trahis les idéaux des Maliens portés par le M5-RFP au profit de leurs intérêts égoïstes.

Pouvez-vous être plus clair ?

L’imam Dicko nous a trahis au profit de la junte militaire, qui lui a permis d’avoir 17 de ses proches, non seulement au gouvernement, mais aussi au Conseil National de la Transition.
Pire, il est devenu le conseiller occulte de la junte militaire au pouvoir. Conséquence : il a perdu son aura au sein de l’opinion. Et son Mouvement, la CMAS, est au bord de l’implosion.

Donc, pour vous, l’objet de ce manifeste est de le sortir de cette disgrâce pour leur remettre en selle. Politiquement, s’entend…

C’est, exactement, cela. Après avoir trahi les idéaux des Maliens au profit de la junte militaire au pouvoir, l’imam Dicko tente de revenir au devant de la scène à travers un manifeste. Lequel reprend, exactement, les griefs du mouvement du 5 juin contre IBK et la junte militaire au pouvoir, depuis le putsch militaire du 18 août 2020.

Ce manifeste pourrait–il lui redonner son aura d’antan ?

Jamais ! L’imam Mahmoud Dicko est fini. Et il lui faudra plus d’un manifeste pour conquérir sa popularité d’antan.

Pourtant, il tente dans son manifeste, de s’attirer la sympathie de ses concitoyens, surtout quand il écrit : « je m’engage à favoriser le dialogue entre tous pour nous réconcilier ».

N’y croyez pas un traitre mot. Tout ce qu’il raconte c’est du vent. Lui-même n’y croit pas. Après le bordel qu’il a semé au sein du M5-RFP, personne ne souhaite le revoir au sein de notre mouvement.

De quel bordel parlez-vous ?

Figurez-vous, c’est lui qui a mis dos à dos le M5-RFP et la junte militaire. Chaque fois que celle-ci cherche à rencontrer les leader du M5 pour travailler avec eux, c’est Mahmoud Dicko, qui la dissuade de ne pas le faire. Voici pourquoi le M5 et la junte militaire ne soufflent plus dans la même trompette.

Dans les premières phrases de son Manifeste, il écrit : « Mon esprit est tourmenté par le sort du Mali et de mes concitoyens. Les sources d’inquiétude s’amoncellent, mon âme affectée finit par déchirer mon cœur ». Qu’en pensez-vous ?

Ce sont des mots. Rien que des mots. En se trahissant les idéaux du peuple malien portés par le M5-RFP au profit de la junte militaire, l’imam Dicko a contribué à ce qu’il appelle les « sources d’inquiétude ». Pour cela, d’ailleurs, que l’écrasante majorité de nos concitoyens ne veulent plus entendre parler de lui, ni de son Mouvement, sur le point de voler en éclats.

L’imam Dicko pourrait-il, un jour, reprendre sa place d’autorité morale au sein du M5-RFP ?

Vous connaissez l’adage, qui dit « Qui a bu, boira ! » ; moi je dirais, qui a trahi, trahira !

Que voulez-vous dire par là ?

Je veux dire qu’après qu’il nous trahis après la chute d’IBK, il est capable de nous trahir une seconde, voire une énième fois, si nous lui donnons l’occasion.

Propos recueillis par Le Mollah Omar

Source: Canard Déchainé

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