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Coup d’État au Mali : les militaires proposent une transition de deux ans et la CEDEAO en demande moins

La junte qui a pris le pouvoir au Mali a proposé dimanche et lundi derniers à la délégation de la Cedeao une transition de deux ans, dirigée par un militaire.
« La junte a affirmé qu’elle souhaite faire une transition de deux ans au lieu de trois  pour revoir les fondements de l’État malien. Cette transition sera dirigée par un organe présidé par un militaire, qui sera en même temps chef de l’État », a indiqué une source au sein de la délégation de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), à l’issue du deuxième jour de négociations avec la nouvelle équipe au pouvoir à Bamako. Pour montrer sa bonne foi  la junte a accepté de revoir la durée de la transition , ce qui a d’ailleurs permis à la délégation de la CEDEAO de croire à une décrispation de la situation du Mali.

La junte a donné son accord pour « libérer le président Keïta », qu’elle détient depuis le coup d’État de mardi, « qui pourra repartir à son domicile » de Bamako. « Et s’il souhaite voyager pour des soins, il n’y a pas de problème », a-t-elle précisé.

Quant au Premier ministre Boubou Cissé, arrêté en même temps que le président Keïta et détenu dans le camp militaire de Kati, dans la banlieue de la capitale, « nous avons obtenu de la junte qu’elle accepte qu’il soit dans une résidence sécurisée à Bamako », a ajouté un responsable ouest-africain. Toutes informations confirmées par la source de la junte.

La deuxième journée de négociations avait débouché sur des avancées sans accord complet, et elles ont repris ce lundi. « Nous avons pu nous entendre sur certains points mais pas sur l’ensemble des points de discussion », a déclaré à sa sortie de plusieurs heures de réunion le chef de la délégation ouest-africaine, l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan, mandaté par la Cedeao pour tâcher de rétablir « l’ordre constitutionnel » au Mali.

IBK avait annoncé sa démission dans la nuit de mardi à mercredi après avoir été arrêté par des militaires. Samedi, plusieurs envoyés de la Cedeao ont pu rencontrer le chef d’État déchu. « Nous avons vu le président Keïta », a confirmé Goodluck Jonathan, qui a précisé à son propos: « Ça va ».

Auparavant, les envoyés de la Cedeao avaient été reçus pendant une trentaine de minutes par les membres du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) mis en place par la junte, dont le nouvel homme fort du pays, le colonel Assimi Goïta.

Les militaires acclamés

Le président de la Commission de la Cedeao, Jean-Claude Kassi Brou, qui espèait « pouvoir tout finaliser  lundi dernier », a souligné la « volonté de vraiment aller de l’avant » des militaires. « Il faut des résultats parce que le 26 août, les chefs d’État de la Cedeao se réunissent pour dire s’ils renforcent les sanctions contre la junte ou si on desserre l’étau », a expliqué un membre de la délégation.

Les pays voisins du Mali, réunis en Sommet extraordinaire, avaient réclamé jeudi le « rétablissement » d’IBK et décidé d’envoyer cette délégation à Bamako, la quatrième de l’ex-président Goodluck Jonathan depuis le début de la crise qui ébranle le Mali depuis les législatives contestées du printemps.

Élu en 2013 et réélu en 2018, IBK était fortement contesté dans la rue, à l’appel d’un mouvement d’opposition hétéroclite qui réclamait sa démission.

Dénoncé par la communauté internationale, le coup d’État militaire n’a suscité aucune opposition notable à Bamako. Les Maliens ont repris leurs activités dès le lendemain du putsch et la télévision nationale, l’ORTM, poursuit ses programmes.

Les militaires au pouvoir ont promis de mettre rapidement en place une « transition politique ». Ils ont été acclamés vendredi par des milliers de personnes dans le centre de Bamako.

Yattara Ibrahim

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