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Mali : Éditorial : Le temps des décisions

Il doit se sentir bien seul le Premier ministre Boubou Cissé. Du 11 juin, date de sa reconduction expresse qui a fait dire aux gars du M5 que le Président posait là un acte de provocation, à aujourd’hui il n’y a personne autour de lui. Et cela fait un mois et demi ; du jamais vu au Mali. Il assiste fort aux audiences que le Président de la République accorde dans le cadre de la recherche de solution. Il reçoit de temps à autre les secrétaires généraux des départements ministériels pour faire le point de la situation et donner quelques directives.

Mais c’est bien peu au regard des urgences et des tâches inhérentes à un pays en crise. Le Mali, dans l’état presque végétatif qui est le sien, ne peut pas se permettre d’être sans gouvernement un mois et demi durant après de longs mois passés littéralement en apnée. La situation actuelle fait que Boubou ressemble à un Premier ministre pleins pouvoirs sauf qu’il y a des décisions qu’il ne peut pas prendre seul, au nom du gouvernement. Or aujourd’hui plus qu’hier le pays est complètement arrêté. L’imbrication des crises sanitaires et sécuritaires sont aggravées par le fait que l’exécutif se trouve dans une véritable léthargie. Conséquence, l’activité économique est poussive avec les risques qu’elle n’engendre une crise supplémentaire, financière celle-là.

Le Président de la République consulte. Il discourt. Il est à sa quatrième adresse à la Nation avec pour objectif de sortir de l’impasse actuelle. Le président de la République a bénéficié d’une grande sollicitude tant au plan national qu’au plan international. Les propositions de sortie de crise ont fusé de tous les côtés avec comme constance l’incitation à la prise de décisions courageuses concernant l’Assemblée nationale, le gouvernement et la Cour constitutionnelle. Avant de prendre les décisions qui relèvent de ses seules prérogatives, le Président de la République a reçu tous les protagonistes, acteurs comme médiateurs, de la crise. Si la démarche est unanimement saluée, force est de reconnaître que les résultats sont diversement appréciés. Les Maliens regardent tous en direction du Président de la République et l’exhortent à prendre des décisions. Il faut aller à la constitution du gouvernement d’union nationale, d’ici le 31 juillet a proposé la CEDEAO. Son offre d’accord politique pour le rassemblement national 2020-2023 mérite d’être opérationnalisée et soumise à l’approbation de la classe. Pour toutes ces raisons, le Président doit prendre des décisions après le départ des chefs d’Etat de la CEDEAO. Parce qu’après deux mois de crise et des annonces non concrétisées, le temps des décisions est venu.

Akhimy Maïga

Source : Nouvelle République

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