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Entrepreneuriat féminin : Rokiatou Sanogo, une nouvelle amazone de l’agrobusiness

Pourtant littéraire de formation, Rokiatou Sanogo est en train de tracer sa voie dans l’agrobusiness, notamment dans la transformation agroalimentaire à travers a propre marque, Natujus. Elle a une unité de transformation de nos fruits locaux lancée en 2017 et qui gagne du terrain sur le marché national. Eprise de l’entreprenariat depuis son jeune âge,  elle réalise ainsi son rêve d’enfance en s’invitant dans le cercle fermé des hommes et femmes qui font bouger aujourd’hui l’agrobusiness au Mali.

L’entreprenariat féminin enregistre de nouveaux succès au Mali ces dernières années avec de plus en plus de femmes qui créent leur propre business. Des petites et moyennes entreprises qui créent des emplois dans notre pays en proie au chômage. Ainsi, dans le secteur agrobusiness, une jeune entrepreneure est en train d’imposer sa marque. Il s’agit de Rokiatou Sanogo, la promotrice de Natujus. Une jeune entreprise d’agroalimentaire qui fait ses armes dans la transformation de nos fruits locaux : mangue, gingembre, tamarin, fruit du baobab, goyave et rônier. Avec environ mille six cent (1600) bouteilles produites par semaine, les boissons de Natujus s’arrachent comme de petits pains dans la capitale malienne et à l’intérieure du pays.

En seulement deux ans d’existence, Natujus emploie seize (16) personnes dont dix (10) commerciaux et six (6) dans l’unité de production.

Lauréate du prix de la meilleure présentation de plan d’affaires de la 1e édition du Salon de l’Entreprenariat et des Pme (Salep 2019), Rokiatou Sanogo est une dame battante et ambitieuse qui aspire à contribuer au développement de son pays. Détentrice d’une maitrise en lettres modernes à la Facultés des Lettres et Sciences du Langage (Flsl), elle décide de suivre la voie qu’elle a toujours voulu emprunter. Eprise de l’entrepreneuriat depuis son jeune âge, elle a été vite attirée dans le domaine à sa sortie de la Flsl. “J’ai toujours eu le sens du business. Quand j’étais encore à l’école fondamentale, j’achetais de petites choses pour ensuite les revendre à mes camarades de classe. J’ai toujours rêvé de créer ma propre boite. C’est un rêve d’enfance qui devient une réalité” nous explique-elle.

Pour pouvoir réaliser ce rêve d’enfance, Rokiatou s’est intéressée au domaine car dit-on, qui aime bien châtie bien. Ainsi, suite à de nombreux efforts en quête d’opportunités, elle tombe en 2017 sur un appel à candidature lancé par Next economy pour une formation de six (6) mois en création et gestion d’entreprise. C’est à travers cette formation qu’elle a eu l’idée de mettre en place cette unité de transformation. “J’ai appris au cours de cette formation que chaque idée nait à la suite d’un problème posé au sein de la communauté. Ainsi j’ai réfléchi et je me suis dit que le Mali est un pays qui produit beaucoup de fruits. Tous les trois mois, nous avons des saisons de fruits et malheureusement il n’y a pas assez d’unités de transformation de nos produits locaux”, nous confie-t-elle.

La solution pour elle de pouvoir répondre aux besoins de sa communauté était donc de créer une unité de transformation de ces fruits afin de contribuer à leur valorisation et de permettre aux producteurs de fruits de pouvoir gagner de l’argent dans leur travail. “Les fruits pourrissent dans les champs. Les vendeuses au marché ne peuvent pas écouler assez de qualité, or avec des unités de transformation nous pouvons sauver beaucoup plus de ces fruits. Nous pouvons contribuer au développement de notre pays en créant des emplois”, poursuit-elle. En contact direct avec certains producteurs de l’intérieur, elle reçoit ses commandes de fruits à temps réel et à un coût abordable.

Alors qu’elle était toute seule au départ à s’occuper elle-même et de la transformation et la commercialisation, Rokiatou a aujourd’hui un siège et son unité de transformation a créé des emplois dont elle espère voir le nombre augmenter dans les années à venir.

“La grande difficulté, c’était l’accès au financement parce qu’après la formation, nous n’avons pas eu notre financement. Je me débrouillais toujours au laboratoire des technologies alimentaires. Certaines personnes m’encourageaient à aller vers les banques, mais vous savez, les banques ne font pas confiance aux start-ups. Plus tard, j’ai bénéficié du financement de Next Economy et de certains proches qui m’ont  beaucoup aidée dans la mise en place”, ajoute-t-elle.

Cependant, l’une des grandes difficultés aujourd’hui au Mali dans la transformation agroalimentaire, à l’en croire, c’est le problème d’emballage. “Nombreux sont ceux qui utilisent les emballages recyclés, mais pour être plus professionnelle, Natujus utilise les emballages importés qui coûtent vraiment chers. Notre souhait est que l’Etat crée une unité de fabrication d’emballages au Mali, notamment l’emballage en verre qui nous coûte très cher afin que nous puissions les acheter à des coûts raisonnables.”

Désormais munie de quelques expériences et de savoir-faire dans l’agrobusiness, la jeune entrepreneuse compte apporter aide à d’autres jeunes et femmes qui souhaitent se lancer dans ce domaine. C’est ainsi qu’elle s’est également engagée dans la formation en agrobusiness. Comme projets, elle envisage de mettre en place un centre de formation en agrobusiness et en savonnerie afin de pouvoir former plus de femmes dans ces différents domaines pour qu’elles puissent, elles aussi, démarrer leur propre entreprise et dévernir autonomes. “Aujourd’hui, tout le monde peut avoir son entreprise et la faire prospérer. Il suffit juste de la volonté et du courage. J’encourage mes sœurs à tenter leur chance dans l’entreprenariat, notamment dans l’agrobusiness qui est aujourd’hui un domaine très prometteur au Mali”, invite-t-elle.

L’ambition de Rokiatou, aujourd’hui, est de faire grandir Natujus afin qu’elle puisse répondre aux besoins d’une gamme large de clientèle et de créer plus d’emplois donc de contribuer au développement de son pays.                          Youssouf KONE

Source : Mali tribune

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