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Soumi après sa rencontre avec les leaders religieux et traditionnels: «vous ne prenez pas une main si vous ne savez ce qu’il y a dans la main »

«Vous ne prenez pas une main si vous ne savez ce qu’il y a dans la main… Il faut qu’il (IBK) ouvre la main. Qu’on voit ce qu’il y a dans la main, pour qu’on commence un dialogue», déclare Soumaïla CISSE à l’issue de la rencontre que les responsables du FSD ont eu mercredi 5 décembre avec les chefs coutumiers et leaders religieux.

Soucieux de l’apaisement du climat social et politique de notre pays, les leaders traditionnels et religieux, Dramane NIARE, Chérif Ousmane Madani HAIDARA, le Cardinal Jean ZERBO et le Pasteur COULIBALY, ont rencontré, hier mercredi au siège de campagne de Soumaïla CISSE, les responsables de l’opposition du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD).

Cette initiative patriotique et citoyenne, qui intervient à 72 heures de la marche pacifique, que le FSD et le Collectif des forces patriotiques (CofoP), se proposent d’organiser le 8 décembre prochain, même si elle n’est pas autorisée, a pour objectif d’ouvrir le dialogue entre la majorité et l’opposition afin de faire face ensemble aux grandes difficultés du pays.

La rencontre s’est déroulée en présence de plusieurs responsables du FSD, notamment Tiébilé DRAME, président du PARENA ; Choguel Kokalla MAIGA, président du MPR ; Me Hassane BARRY, Modibo SANGARE, Djibril TANGARA, Oumar Hamadoum DICKO, du PSP, etc. A l’issue de la rencontre, qui s’est déroulée à huis clos, le Cardinal Jean ZEBO, Chérif Ousmane Madani HAIDARA et Soumaïla CISSE, président du FDS, ont livré leurs impressions à la presse, très massivement mobilisée pour l’occasion.

L’appel à la jeunesse du Cardinal

Selon le Cardinal Jean ZERBO, au regard de la situation politique et sociale de notre pays, il est normal que les leaders religieux et traditionnels aillent à la rencontre des principaux acteurs pour amorcer le dialogue. «C’est dans cet esprit que nous sommes venus ce matin pour nous entretenir avec Soumaïla CISSE et ses compagnons », a expliqué le Prélat.

Le Cardinal ZERBO s’est dit très satisfait de la rencontre, parce que la parole a été libérée. Il dit retenir de cette entrevue la très grande capacité, de part et d’autres des responsables de l’opposition, à surtout accepter de dialoguer sur les questions essentielles du pays, afin que de sortir de l’impasse actuelle. Le chef de l’Eglise catholique malienne a fait des bénédictions pour un Mali éternel et en paix. Au passage, il a fait savoir que le Mali a de la chance. Pour lui, sa génération a fait son temps et il ne lui reste plus qu’à passer le témoin à la jeunesse qui doit éviter d’entreprendre tout acte susceptible d’entraver le développement de ce pays.

«Ce pays nous appartient à tous. Nous sommes convenus sur le dialogue. Car quel que soit le problème, seul le dialogue peut être la voie indiquée pour sortir de l’impasse», a-t-il conclu.

Les témoignages de HAIDARA

Quant au Guide des Ançars, Chérif Ousmane Madani HAIDARA, il a rappelé que chacun connait la situation très difficile qui prévaut entre les responsables politiques. «Nous sommes venus voir Soumaïla CISSE et ses proches collaborateurs et compagnons pour voir comment ensemble, nous pouvons y trouver une solution dans la paix », a-t-il déclaré.

Selon Chérif Ousmane Madani HAIDARA, la situation qui prévaut au Nord de notre pays n’est un secret pour aucun Malien. Pis, à Ségou tout près, de sérieuses difficultés existent. La preuve : des citoyens sont tués et des récoltes incendiées. Pour le Guide religieux, si les acteurs politiques se donnent la main dans la paix, ici à Bamako qui parait plus apaisée, les difficultés des régions du Nord, de Mopti et de Ségou pourront être résolues.

«Voilà pourquoi, les leaders religieux et traditionnels (musulmans, chrétiens et des Familles fondatrices de Bamako) ont décidés de rencontrer les responsables de l’opposition afin qu’ils acceptent de se donner la main et fumer le calumet de la paix pour que notre pays soit apaisé ; et ensemble trouver des solutions aux difficultés que vivent les autres compatriotes», surenchérit Chérif HAIDARA.

Tout en reconnaissant que Soumaïla CISSE et ses compagnons les ont accueillis avec respect et honneur, HAIDARA dira qu’ils leur ont également répondu par de propos qui les ont convaincus de leur patriotisme et de leur souci du devenir de ce pays. «La destruction de ce pays n’est pas leur objectif. Dans toutes leurs déclarations, ils ont fait preuve de leur bonne foi de voir ce pays se développer sur la vérité et la droiture. Ils ne veulent pas de mal pour ce pays. Toute chose qui nous a tous rassurés», a témoigné le leader musulman.

Par ailleurs, HAIDARA a révélé qu’ils iront voir également la majorité présidentielle, ceux à qui la gestion du pays est confiée actuellement pour qu’ils «aient pitié du pays afin que ceux qui souffrent soient soulagés».

Par rapport aux injures à l’encontre de certaines personnalités sur certaines radios, HAIDARA estime que si l’éducation familiale fait défaut, on assiste à toute sorte de dérives. Les personnalités sont donc obligées d’accepter les injures. En tout état de cause, soutient-il, chacun doit avoir raison gardée. C’est pourquoi, il a invité ses disciples à la retenue. Pour lui, si le pays retrouve l’accalmie, la vérité sera connue, car il est persuadé qu’en période trouble et de forte tension sociale, la vérité a de la peine à se manifester.

Soumi, disposé au dialogue, mais…

Quant à Soumaïla CISSE, il a d’abord remercié très sincèrement et au nom de tous les membres du Front pour la sauvegarde de la démocratie, les chefs traditionnels NIARE et les chefs religieux pour leur démarche. « Nous les respections et apprécions ce qu’ils font. Chaque fois qu’il y a eu des problèmes, ils se sont levés, ils ne se sont pas découragés ; ils font tout pour que le Mali reste en paix. Nous leur devons cela. Nous devons le leur dire et les féliciter», a-t-il souligné avant de poursuivre : «Je leur dit qu’au Mali, aujourd’hui, nous avons quatre (4) crises : nous avons une crise sécuritaire très grave, au Nord du Mali, au Centre du Mali. A l’heure où je vous parle, dans la commune de Kani-Bonzon (dans le cercle de Bankass, Ndlr !), les gens sont en train de s’entretuer. Il y a des conflits inter-ethniques ; il y a des conflits communautaires. Des choses qui divisent profondément le pays.

Il y a une crise sociale, tellement d’entreprises, tellement de corporations qui déposent des préavis de grève. Cela veut dire que la situation sociale est extrêmement difficile.

Il y a une crise financière et économique qui fait qu’aujourd’hui la vie est chère. Tous les Maliens souffrent.

Après tout cela, il y a une crise politique et postélectorale dont nous avons parlé aujourd’hui. Nous avons parlé et nous avons dit que nous sommes pour le dialogue. Nous sommes prêts pour le dialogue ; et depuis 5 ans que je suis dans l’opposition, nous avons demandé le dialogue. Je pense que la solution c’est le dialogue. Ils sont venus nous conforter dans ce sens, nous les en remercions.

Ce qui reste, c’est de commencer le dialogue. Et le dialogue suppose deux entités. Nous, nous sommes disponibles. Les autres sont-ils disponibles ? IBK est-il disponible ? Il a dit il tend la main. Vous ne prenez pas une main qui n’est pas ouverte. Vous ne prenez pas une main, si vous ne savez ce qu’il y a dans cette main.

S’il y a du feu, vous n’allez pas prendre la main ; s’il y a des épines, vous n’allez pas prendre la main ; s’il y a des cambouis, vous n’allez pas prendre la main. Il faut qu’il ouvre la main, qu’on voit ce qu’il y a dans la main, pour qu’on commence un dialogue.

Nous avons été reçus par eux ; ils nous ont rendu visite plusieurs fois. Ce que nous leur demandons, c’est que ça bouge de l’autre côté. Parce que nous avons tous le même souci : le Mali. Nous voulons que le pays avance. Et moi, qui ai la chance d’être au-devant de cette scène, j’ai fait la preuve de ma bonne volonté pour que le pays avance. Je l’ai fait en 2013, sans tambour ni tam-tam. Je l’ai fait sans que je ne sois prié par qui que ce soit. Notre bonne foi ne peut pas être mise en cause, quel que soit ce que les gens vont dire. C’est pourquoi, nous leur avons dit de dire au gouvernement d’éviter la violence. Nous avons été violentés en juin ; nous avons été violentés en septembre ; nous avons été violentés en novembre. Le 8 décembre, nous allons encore marcher. Et nous ne souhaitons pas qu’il ait la violence.

Nous avons fait la preuve que nous pouvons marcher sans violences. Nous avons fait sortir ici 500 000 personnes, un million de personnes. Et un pays en Europe pour 50 000 personnes, ils ont cassé le pays. Nous, nous ne sommes pas comme ça. Nous valons plus que ça, puisque nous aimons notre pays. Nous voulons faire avancer notre pays.

Voilà les mots que nous avons dits et je pense très sincèrement que nous avons apprécié leur présence. Et nous restons disponibles qu’ils nous appellent où ils veulent ; qu’ils soient venus chez nous, nous honore. Mais nous préférons aller chez eux. C’est ça la tradition et le respect. Nous les saluons», a-t-il conclu.

Il faut souligner que quelques jeunes surexcités, du parti URD, très remontés contre HAIDARA, suite à l’affaire des 100 millions FCFA qui l’oppose à l’honorable Mamadou Hawa GASSAMA, voulaient huer le Chérif à sa sortie. Mais, il a fallu l’intervention d’un proche de Soumaïla pour éviter une telle dérive.

Par Sékou CAMARA

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