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Ce potentiel africain sur lequel misent Air France, British Airways et Emirates

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Les deux coups d’État au Niger et au Gabon renforcent l’image de l’instabilité chronique du continent africain. Pour Loup Viallet, l’examen des plans de vol des compagnies aériennes offre un tableau plus nuancé et optimiste.

Cet été 2023, le traitement médiatique de l’Afrique par la presse française et internationale aura été marqué par deux actualités détonantes. Les présidents du Niger et du Gabon ont été renversés par des juntes militaires à l’occasion de deux coups d’Etat perpétrés respectivement le 26 juillet et le 30 août, offrant aux yeux du monde le spectacle d’un continent fragilisé, en plein décrochage sécuritaire. Dans le même temps, d’autres signaux moins sensationnels mais tout aussi signifiants mettaient en lumière un autre visage de l’Afrique bien plus attractif.
Cette Afrique ne se lit pas sur des cartes militaires, mais sur les plans de vol de grandes compagnies extra-africaines, pour lesquelles le grand continent n’a rien d’un repoussoir.
Depuis la reprise post-covid, la démultiplication des ouvertures de lignes sur le grand continent met au jour un regain d’intérêt pour des régions africaines considérée comme des gisements de croissance.
Les stratégies de développement d’Air France-KLM, de British Airways ou d’Emirates révèlent à ce titre l’horizon d’un désenclavement africain, lequel ne se joue pas au Sahel mais en Afrique de l’Est, en Afrique australe et en Afrique de l’Ouest, dans les pays riverain du Golfe de Guinée.
La suspension des vols d’Air-France vers Niamey (Niger), Bamako (Mali) et Ouagadougou (Burkina Faso) consécutive à la contagion des coups d’Etat dans la bande sahélienne n’aura, à ce titre, aucun impact significatif sur ses activités africaines. Le 23 juin dernier, la compagnie franco-néerlandaise a en effet ouvert un nouveau bureau régional à Nairobi (Kenya), qui dessert l’Ouganda, la Tanzanie, le Rwanda, Djibouti, mais aussi l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Ghana. Une politique renforcée par le déploiement de nouveaux services de sa filiale low-cost Transavia France vers le Sénégal, le Cap-Vert et l’Egypte à partir de l’hiver 2023-2024.
Le renforcement d’Air-France en Afrique fait écho à celui de British Airways, qui a doublé le nombre de ses vols vers Le Caire ces quatre dernières années, conclu un partenariat avec la société sud-africaine Airlink pour faciliter l’accès de ses voyageurs dans dix-huit destinations de la sous-région et prévu une augmentation de ses lignes vers Accra (Ghana) à partir de l’hiver 2023.
Mais la nouvelle compétition à l’œuvre entre compagnies aériennes sur le continent africain n’est pas un jeu entre acteurs historiques, ainsi qu’en témoigne la montée en puissance africaine d’Emirates depuis 2022. Ces quatre derniers mois, la compagnie aérienne émiratie a renforcé son quadrillage de l’Afrique de l’Est, augmentant ses vols quotidiens vers Dar es Salaam (Tanzanie) et vers Entebbe (Ouganda). L’année dernière, Emirates développait son ancrage ouest-africain et sud-africain, augmentant ses connexions journalières à destination de Lagos, d’Abuja (Nigéria), et vers Johannesburg, Le Cap, Durban (Afrique du Sud). La prochaine étape de ce plan de développement cible l’Afrique du Nord, où des vols supplémentaires seront ouverts au Caire à partir de l’automne 2023. Cette stratégie expansionniste des Emirats Arabes Unis en Afrique s’inscrit dans le sillage de l’agrandissement de l’aéroport Al Maktoum de Dubaï depuis 10 ans, qui vise à en faire « le plus grand aéroport du monde » au cours de la prochaine décennie.
Avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19, le secteur du tourisme représentait environ 8% du PIB africain. L’année dernière, la reprise du secteur avait atteint 65% de ses niveaux prépandémiques. L’accélération de la compétition entre grandes compagnies aériennes depuis 2022 traduit un élan de confiance pour l’avenir des affaires et des flux touristiques sur le grand continent. Pendant que le Sahel se replie et s’effondre dans l’insécurité, d’autres régions africaines se désenclavent, dessinant les contours d’une Afrique à plusieurs vitesses….lire l’article sur Contrepoints
Source : contre points

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