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Affaire Khadidiatou N’Diaye : Wildaf/Mali dénonce le harcèlement judiciaire

Meguetan Infos

A quelques heures de l’ouverture à la Cour d’appel de Bamako du procès en appel de diffamation intenté par les sieurs Chiaka Berthé et Sékou Diallo de la Somilo contre le directeur général d’Africable, Ismaëla Sidibé, la journaliste Djénébou Mariko et Mme Khadidiatou N’Diaye, l’Ong Wildaf/Mali dénonce un harcèlement judiciaire contre une victime de harcèlement sexuel.

La Présidente du Wildaf/Mali, Mme Bouaré Bintou Founé Samaké a animé, le 29 août dernier au Centre Aoua Kéita de Bamako, une conférence de presse en prélude au deuxième round du procès en diffamation intenté contre le directeur général d’Africable, Ismaëla Sidibé, la journaliste Djénébou Mariko et Mme Khadidiatou N’Diaye, par deux cadres de la Somilo, Chiaka Berthé et Sékou Diallo. L’audience en appel s’ouvre, ce lundi 4 septembre 2023, à la Cour d’Appel de Bamako.

La conférencière avait à ses côtés Me Kassoum Boubacar Tapo et la principale victime Mme Khadidiatou N’Diaye.

Selon Mme Bouaré Bintou Founé Samaké, «le Wildaf/Mali s’est engagé à accompagner Madame Khadidiatou N’Diaye, Ingénieur-géologue se disant victime de harcèlement sexuel de licenciement abusif au sein de la Société Minière de Loulou (Somilo) dans le cadre de son programme d’assistance et d’appui juridique et judiciaire aux femmes vulnérables et aux enfants victimes de graves violations de leurs droits». Dans sa recherche des voies et moyens pour se faire entendre et être mise dans ses droits, Khadidiatou a témoigné au cours de l’émission «Femmes capables» dont la présentatrice est Djénébou Mariko sur les antennes d’Africable Télévision.

Suite à ce témoignage, Africable Télévision a été poursuivie pour diffamation par Chiaka Berthé, Sékou Diallo et la Somilo avec la présentatrice de l’émission et Khadidiatou N’Diaye comme complices, a rappelé la Présidente de Wildaf/Mali.

Cuisinée pendant 9 heures pour la faire fléchir et ridiculiser

En faisant la genèse, Mme Bouaré Bintou Founé Samaké a fait savoir que «le 2 février 2023, l’audience s’est tenue devant le tribunal de grande instance de la Commune VI du District de Bamako…. Au cours de cette audience, Khadidiatou est devenue l’épicentre du procès. Pendant neuf heures d’horloge, elle a été cuisinée par les avocats et les juges afin de la faire fléchir et ridiculiser devant le public et les femmes venues en masse pour la soutenir. Cependant, il est à noter que les plaignants ont brillé par leur absence. Le 9 février 2023, le tribunal a déclaré les prévenus non coupables et les a relaxés des fins de poursuite. Trois mois plus tard, les mêmes plaignants ont fait appel et l’affaire passera le 4 septembre 2023 devant la Cour d’appel de Bamako».

La Présidente du Wildaf/Mali a informé que «les plaignants non satisfaits de la décision rendue par le tribunal de grande instance de la Commune VI du District de Bamako ont réintroduit le 9 mai 2023 une nouvelle plainte contre Khadidiatou seule pour les mêmes infractions devant ce même Tribunal de grande instance de la commune VI ».

Suite à cette nouvelle plainte, a-t-elle fait savoir, Khadidiatou a été placée sous contrôle judiciaire et privée de son droit de circuler librement, bloquée dans ses activités de recherche d’emploi. «Nous constatons qu’au harcèlement sexuel vient s’ajouter le harcèlement judiciaire car, chaque vendredi, elle doit se présenter au Tribunal de la Commune VI et signer un registre. Nous nous posons la question au nom de quoi elle a été placée sous contrôle judiciaire», a dénoncé la Présidente de Wildaf/Mali.

A l’en croire, le tribunal du Travail de Bamako, qui a statué sur le dossier de licenciement abusif, n’a prêté aucune attention à la décision rendue par le tribunal de grande instance de la Commune VI et a débouté Khadidiatou de ses prétentions. «Pire, cette décision est truffée de contradictions et de déclaration sans aucun fondement. Les conseils de Khadidiatou ont couru pendant plus de deux mois pour voir le factum rédigé par le juge en charge du dossier. Tout ceci constitue une véritable source de blocage pour faire avancer ce dossier et empêcher Khadidiatou d’exercer pleinement ses droits à d’autres voies de recours».

Pratiques d’une autre époque d’une filiale de Barrick

Elle a rappelé que «le 25 février 2022, le Président de la Transition, Chef de l’Etat, Président du Conseil Supérieur de la magistrature, a signé une lettre sur la base du rapport de la Cellule Appui aux Services de Contrôle Administratif (Casca) instruisant au 1er ministre de prendre attache avec le ministre des Mines pour mettre Khadidiatou dans ses droits». Et la résidente de Wildaf/Mali de déplorer que  «le même 25 février, Khadidiatou a été suspendue de ses fonctions par Somilo. Le 8 mars 2022, Khadidiatou a été licenciée et le 31 mars, ce licenciement lui a été signifié».

«Nous nous offusquons du fait qu’une société aux standards internationaux telle que Barrick laisse l’une de ses filiales, la Somilo et ses cadres, penser qu’ils peuvent bafouer l’Etat de droit, manipuler l’administration et instrumentaliser la Justice», a souligné la Présidente de Wildaf/Mali. À ses dires, «les nouvelles autorités politiques et judiciaires de notre pays ont démontré toute leur détermination à en finir avec ces pratiques d’une autre époque que ces sociétés internationales ne se permettraient jamais de perpétrer chez elles au Canada ou dans d’autres pays occidentaux… Tout le monde a compris donc qu’il s’agit véritablement là du combat du pot-de-terre contre le pot-de-fer. Mais nous nous battrons jusqu’au bout pour le triomphe de la vérité, du droit et de la justice», a-t-elle conclu.

Ma cliente, a expliqué Me Kassoum Boubacar Tapo, fait face à trois procès différents devant trois juridictions différentes. L’avocat a salué le juge du Tribunal de grande instance de la Commune VI pour son sang-froid. Selon lui, « il y a une intention visant à harceler Mme N’diaye. Nous ne laisserons pas faire. Nous allons nous battre jusqu’au bout… si les dirigeants pensent que ma cliente est une menteuse qu’ils viennent à la barre pour apporter la contradiction». Il s’agit, a-t-il déploré, de la poudre de perlimpinpin pour amuser la galerie. Me Tapo estime que les juges ne se laisseront pas faire face à une manipulation de bas étage. Khadidiatou N’Diaye, a laissé entendre son avocat, a apporté la vérité de ses affirmations à la barre.

Quant à la principale victime, Mme Khadidiatou N’Diaye, elle déclare subir une injustice dans sa chair. «Je sais que ma cause est juste… je fais confiance en la justice de mon pays», a-t-elle souligné dans une courte allocution.

Chiaka Doumbia

Le Challenger

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