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Habib Dakouo, président du CNJ-Mali : “Le soutien matériel des jeunes à la Transition, c’est d’appeler les jeunes à voter Oui la nouvelle Constitution”

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«Ma plus grande fierté, c’est d’avoir réussi à mettre au CNT des jeunes qui pensent jeunes et qui agissent jeunes”

Le soutien du Conseil national de la jeunesse du Mali à la Transition, le bilan de l’actuel bureau, la question de légitimité et sa légalité, la problématique de l’emploi des jeunes sont autant de questions auxquelles le président du Conseil national de la jeunesse du Mali Habib Dakouo a bien voulu apporter des réponses dans l’interview exclusive ci-dessous.

Aujourd’hui Mali : Vous venez d’organiser un grand meeting de soutien à la Transition. Comment vous avez épousé cette idée de meeting ?

Habib Dakouo : Cette idée de meeting est née avec cette Transition. Cette idée est née depuis la tombée des sanctions contre le Mali. Cette idée est née depuis que la Transition a estimé qu’elle devrait avoir toute la jeunesse avec elle avant qu’elle ne prête serment. Et c’est à travers cela que nous nous sommes dit qu’il fallait organiser un grand rassemblement dans un premier temps pour donner une réponse globale avant d’aller dans les aspects spécifiques, c’est-à-dire les autres actions indélébiles à poser.

Peut-on savoir d’où sont venus les jeunes ?

Les jeunes sont venus de diaspora, de nos pays frères tels que le président de la Jeunesse la Guinée-Conakry, du Burkina Faso, de tous les cercles du Mali, de toutes des 19 régions du Mali et du district de Bamako. Les délégations des régions étaient composées de cercles. Ce qui fait que les régions ont défilé avec les cercles. Et le district de Bamako a défilé avec les communes. Nous n’avons pas forcément appelé ça défilé. Nous l’avons appelé passage  des délégations.

Etes-vous satisfait au terme de ce meeting ? Si oui, pourquoi ?

Je suis satisfait déjà au motif nous avons fait un test quand le président de la Transition a appelé le 14 janvier, il y a eu des sorties des autres organisations. Cela était une phase test pour mesurer une fois de plus le degré d’implication et d’adhésion de la jeunesse au processus transitoire. Cette mobilisation de taille au Palais des sports qui a refusé du monde. Cela témoigne réellement du degré d’adhésion de la jeunesse au processus de Transition. Donc, je ne peux qu’être satisfait.

Au-delà de ce que vous venez d’évoquer, qu’est-ce que la Transition a fait pour la jeunesse malienne pour qu’elle mérite son soutien ?

Je pense que c’est dans un sens comme dans l’autre. La Transition doit faire quelque chose pour la jeunesse. Elle doit faire tout ce qui est possible pour la jeunesse. La jeunesse aussi doit être le pilier pour que la Transition puisse servir la jeunesse. Ceci dit, la jeunesse continue à jouer sa partition. Et la Transition aussi continue à jouer sa partition. Pour preuve, lors des désignations, bien qu’il ait eu des couacs quelque part, à chaque fois qu’il fallait désigner, le président de la Transition n’a pas négligé les jeunes. Ce qui fait qu’aujourd’hui, le CNJ a 6 jeunes au niveau du Conseil national de la Transition (CNT). Dans un premier temps, il nous a accordé 4 personnes. Après, il nous a accordé 2 autres personnes sans compter beaucoup d’autres appuis.

Aujourd’hui, le vrai mot, il faut que nous puissions nous en servir. Autrefois, il était très rare de voir des jeunes moins de 40 à 50 ans au Parlement. Aujourd’hui nous avons la chance d’envoyer des jeunes de moins de 30 ans, de moins de 25 ans au Parlement. Nous avons eu l’opportunité d’envoyer des jeunes  de 35 ans, des jeunes de 33 ans, des jeunes de 30 ans. Ce qui fait que nous avons aujourd’hui pu avoir la possibilité de réaliser nos rêves et de nous positionner partout où le besoin se fait sentir. “La jeunesse représentée au CNT n’a pas vocation à créer de l’emploi, le CNJ n’a pas vocation à financer un projet, le CNJ n’a pas vocation à créer des activités génératrices de revenus”.

S’il y a un problème majeur, c’est le problème d’emploi pour les jeunes. En tant que premier responsable du Conseil national de la jeunesse malienne, qu’est-ce que vous pouvez dire aux jeunes pour les rassurer que vous êtes en train de travailler dans ce sens ?

Merci d’avoir posé cette question. Car, les gens font souvent la confusion. Je précise que la jeunesse représentée au CNT n’a pas vocation à créer de l’emploi. Mais le rôle du CNJ, c’est de faire un plaidoyer auprès du gouvernement qui est en charge de favoriser la création d’emplois à travers le ministère de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Entreprenariat national.

Le CNJ n’a pas vocation à financer un projet. Le CNJ n’a pas vocation à créer des activités génératrices de revenus. Cependant, dans le souci de bien faire, il a toujours outrepassé ce mandat. Nous nous sommes mis dans la posture de capter des financements et de les mettre à la disposition de la jeunesse. Mais aujourd’hui, ce que je donnerais comme assurance à la jeunesse, c’est que les jeunes croient en eux-mêmes dans un premier temps. Que les jeunes se disent qu’on peut partir de rien et réussir. Parce qu’aujourd’hui, quoi qu’on propose, si ce n’est que l’intégration directe dans la Fonction publique, la jeunesse ne trouve pas sa garantie.

Donc, nous avons beaucoup de possibilités, nous avons beaucoup de propositions à faire, nous avons beaucoup de canaux qui permettront aux jeunes de s’insérer à travers, dans un premier temps des formations qualifiantes. En second lieu, à travers des formations qui leur permettront d’être plus actifs sur le marché de l’emploi et aussi la création directe d’emplois. Car, il nous arrive de créer des emplois même si ces emplois ne sont pas aussi énormes en termes de chiffres. Nous pouvons des chiffres. De mai 2021 à aujourd’hui, les emplois directs que nous avons créés sont au moins une trentaine d’emplois.

Il y a des moments où ce sont les emplois donnés par le CNJ à travers des partenariats. Par exemple, je peux citer notre projet avec l’ONG Team Peace où nous avions une dizaine de jeunes qui étaient directement payés et dont les salaires étaient virés sur le compte du CNJ qui était recruteur et le payeur. C’était des emplois sur 18 mois. Il nous arrive toujours d’avoir la possibilité d’offrir des emplois du genre aux jeunes. Mais, ce qui est pérenne, c’est l’entreprenariat. Dans ce cadre, nous avons un éventail plus vaste. Le Mali est presque vierge. Tout est à faire, tout est à refaire. Donc, si nous nous orientons vers l’entreprenariat, cela sera très favorable pour les jeunes.

Pouvez-vous, en tant que président du CNJ, citer quelques actions majeures que vous avez posées durant votre mandat et dont vous êtes fier en termes de bilan ?

Je le répète, le rôle du CNJ, c’est le plaidoyer. Nous avons pu faire des plaidoyers. Le CNJ est aujourd’hui représenté au CNT. Il y a des faîtières des femmes qui n’ont pas eu de représentants au CNT. A cause de nos plaidoyers, le CNJ a pu avoir 6 représentants au CNT. Et ma plus grande fierté durant mon mandat, c’est d’avoir réussi à mettre au CNT des jeunes qui pensent jeunes et qui agissent jeunes. Au-delà de cela, entre autres actions majeures posées durant mon mandat, ma grande fierté c’est d’avoir réussi à entretenir l’espoir que le chef de l’Etat a placé en la jeunesse à travers le CNJ. Jusque-là, les jeunes arrivent à être des acteurs stratégiques. Et jusque-là, nous arrivons à être à hauteur de souhait. Cela est ma plus grande satisfaction. Je pense que tant que cette Transition est debout, tant que cette Transition marche sur le chemin qu’elle s’est tracé, beaucoup de bonnes choses seront réalisées.

Comment va se matérialiser le soutien de la jeunesse à la Transition ?

Le soutien de la  jeunesse à la  Transition va se matérialiser sur beaucoup de plans. Déjà, si le pays n’est pas tombé depuis pendant la sanction de la Cédéao, c’est parce que la jeunesse a  soutenu la Transition. Le soutien matériel des jeunes à la Transition, c’est d’appeler les jeunes à voter au référendum pour la nouvelle Constitution. Une fois votée, cette Constitution va offrir beaucoup de possibilités à cette Transition. Donc, le soutien matériel et immédiat qu’il faut, c’est de soutenir le projet de réforme constitutionnelle. A tous les niveaux, que chacun se constitue en soldat devant appuyer l’adoption du projet de Constitution. C’est le soutien que je demande à tous les jeunes du Mali à soutenir le projet de la nouvelle Constitution.

Que répondez à ceux qui estiment que votre bureau n’est pas légal et légitime ?

Nous sommes en démocratie. Chacun peut réfléchir comme il l’entend, exprimer ce qu’il veut exprimer. Mais au CNJ, notre rôle est d’éclairer la lanterne de nos bergers. C’est pourquoi, je dirais que notre bureau n’est pas illégitime. Notre bureau est légitime et légal. Je vais dire pourquoi et comment ! Le mandat devait s’épuiser en novembre 2022, nous nous sommes concerté. Aujourd’hui, le CNJ est plus implanté que l’Etat malien. Là où il n’y a pas l’Etat, c’est le CNJ. Et au Nord, il y a des coins où il y a des problèmes. Soit il y a des problèmes entre les jeunes, soit il y a des problèmes d’insécurité qui ne permettent pas d’aller aux élections. L’Etat a dit que les conditions ne sont pas réunies pour aller aux élections. Donc, quand le CNJ a voulu aller aux élections, l’Etat qui sécurise les élections, a dit que les conditions ne sont réunies pour organiser des élections partout au Mali.

Si je dois envoyer une mission pour renouveler le bureau de Diafarabé, de Djenné, de Taoudenni,  de Ménaka, de Kidal, ce n’est pas ma volonté qui va le faire. La sécurité va avec ces élections. L’Etat ne va pas me laisser envoyer des gens à la boucherie. C’est le terrain qui commande. Et le commandant du terrain qui est l’Etat nous a dit que nous ne pouvons pas organiser des élections partout au Mali et que son rôle est de veiller sur les gens.

Aujourd’hui, si nous voulons organiser des élections, il y a aura des troubles à l’ordre que nous ne pourrons pas maîtriser. L’Etat nous a dit de reporter les renouvellements de nos bureaux à une autre fois. Au CNJ, les gens ne paient pas les cotisations. Et comme ressources propres, le CNJ n’en a pas beaucoup. Pour faire notre congrès, c’est l’Etat qui nous accompagne, qui paie. Pour organiser notre congrès, il faut au moins 60 millions F CFA. Est-ce que je peux me lever, parce que quelqu’un crie, pour aller organiser le congrès ? Je n’ai pas 60 millions F CFA dans ma caisse. Je ne peux pas. Et l’Etat a dit que pour le moment, il ne peut pas financer et autoriser  l’organisation du congrès jusqu’à ce que le préalable qui va éviter au moins à 50 % les troubles à l’ordre public, soit résolu, c’est-à-dire la révision des textes du CNJ pour qu’il y ait des renouvellements par la suite du niveau de la base jusqu’au congrès.

Beaucoup de gens se lèvent et s’attaquent au bureau national alors qu’il y a des problèmes à régler avant d’aller au congrès. Ils savent que pour le moment, il est impossible d’organiser le congrès mais ils continuent à crier en disant que le bureau n’est ni légal ni légitime. Mon bureau est légal et légitime. Nous avons organisé une réunion extraordinaire avec les présidents de l’ensemble des représentations des régions et une grande majorité des membres du comité exécutif, de la diaspora et de l’ensemble des fédérations.

Au cours de cette réunion, il a été décidé d’aller à une prorogation de 16 mois qui prend fin en mars 2024. Cela est presque arrivé. Dans une organisation, ce sont ses membres votants qui décident. Ceux qui doivent voter ne sont pas en dehors. Le CNJ appartient à tous les jeunes. Mais ce n’est pas tout le monde qui a autorité de décider au sein du CNJ. Le président de la Transition est là pour tous les Maliens mais est ce que tous les Maliens peuvent-ils aller parler à sa place ? Non, cela n’est pas possible.

J’appelle les jeunes à plus de retenue, à plus de conscience. Le défi est énorme. Arrêtons les guerres de positionnement ! Concentrons-nous sur l’essentiel qui est l’espoir qui est porté en nous et assumons cet espoir !

Propos recueillis par Kassoum Théra

Aujourd’hui-Mali

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