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Rassemblement pour le Mali : Au nom du «père spirituel», Moussa Timbiné s’émancipe de sa chapelle au bord de la faillite politique

Meguetan Infos

Secrétaire général de la section Rassemblement pour le Mali (RPM), ex-président du bureau national de la jeunesse du parti, ex-député de la commune V du district de Bamako et ex-président éphémère de l’Assemblée nationale du Mali, Moussa Timbiné a annoncé sa démission  de toutes les instances de l’ex-parti présidentiel lors d’une conférence presse animée le jeudi 5 janvier 2023. Il quitte la chapelle avec toutes les  sous-sections  de la commune V.  Dans la foulée, il a annoncé le lancement du Mouvement convergence 2023 qu’il promet de transformer en  parti politique dans les prochains jours. Un départ prévisible et attendu par les observateurs depuis la chute puis le décès de l’ex-président Ibrahim Boubacar Kéita, fondateur du RPM et celui que Timbiné disait (après son élection au perchoir) comme son père spirituel dans la politique.

Si on était sûr qu’une fois qu’il ne restera que peu de gens dans la chapelle fondée en juin 2001 pour conquérir le pouvoir, le décès d’Ibrahim Boubacar Kéita semble avoir précipité la prévisible implosion du Rassemblement pour le Mali (RPM). Et le premier «poids lourd» a abandonné le navire dans la tempête est celui qu’il a ​​imposé à tous comme président de l’éphémère assemblée.

Une décision contre vents et marées et qui va précipiter sa chute. Lors d’une conférence de presse organisée jeudi dernier, Moussa Timbiné a en effet annoncé son départ du RPM ainsi que celui «des membres des bureaux des​ ​ ​sous-​sections»​ de la commune V​ qui lui sont acquises. Motif évoqué ? «La dégradation générale du parti» à cause de la «mauvaise gestion du parti  depuis le  décès du père  fondateur», l’ancien président et son «père spirituel», feu Ibrahim Boubacar Kéita alias IBK.

Le partant reproche surtout au président Bocary Treta d’avoir refusé d’organiser le congrès du parti dans  le délai statutaire ; d’être responsable de la prise des décisions anti-statutaires lors des 3es assises du comité central et la mise en place des sections parallèles au mépris  des textes. Il énumère les charges  contre le président  du RPM   en indiquant qu’il a  refusé  d’appliquer catégoriquement  la décision de la Cour d’Appel qui a déclaré sur la base de l’article 32 des statuts du RPM  les décisions prises lors des troisièmes assises du comité central nulles et sans effet.  Moussa Timbiné estime que  la justice a instruit  aux deux camps qui discutent  la gestion à s’atteler  à la mise en place  d’une commission en vue de  créer  les conditions  de la tenue du Congrès du parti.

«Les militants qui aspirent à se présenter aux prochaines élections communales et législatives sont inquiets à cause de l’absence de perspectives  claires, de cohésion et le clanisme qui se sont installés au sein des Tisserands»,  a déploré l’ex-président de la jeunesse RPM. Pis, il reproche au «camp Tréta» son empressement à tourner la page IBK. «Ils ont commencé à le trahir de son vivant  et ont contribué à nourrir  la violente contestation  au début de son deuxième mandat»,  a insisté  le conférencier. Il a sans doute oublié volontiers que sa victoire forcée en commune V,​ pour être ensuite imposé au perchoir, a contribué aussi à alimenter la protestation qui ​a ​fini​ par emporter son mentor.

Au total, ce sont   les  militants  des sections de dix quartiers de la commune V qui ont apposé leur signature à cette déclaration de démission.  Et Moussa Timbiné a profité de cette tribune pour appeler les militants du RPM de l’intérieur et de l’extérieur acquis au idéaux de feu IBK  à  rejoindre le Mouvement convergence 2023  qu’il dirige désormais.  Et d’assurer que ce mouvement va engendrer la création d’une nouvelle formation politique en adéquation avec les idéaux politiques défendus par le regretté «Kankelentigui».

Cette démission n’a pas en réalité surpris les observateurs  d’autant plus que toutes les tentatives de Moussa Timbiné de prendre le contrôle du parti sont restées vaines. Une situation qui ne lui permet pas alors d’imprimer au parti des «Tisserands» la dynamique souhaitée. «Il faut un vrai débat à l’interne pour affronter avec courage notre passé», avait récemment souhaité le jeune leader politique dans un entretien accordé à la presse. «Moi je n’ai jamais perdu l’espoir. Je suis fils de ce pays et je n’ai aucun complexe. Je me tais parce que je pense que le moment n’est pas opportun, mais je n’ai aucun complexe vis-à-vis d’aucun homme politique au Mali», avait-il laissé entendre. N’ayant donc pas réussi à se faire entendre, il a préféré s’émanciper de cette chapelle pour fonder la sienne.

S’il y a une réalité que cette démission  confirme, c’est que nos formations politiques sont des partis de personnes et non de conviction !

Kader Toé

Le Matin

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