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Départ des forces barkhane du Mali: Après 1961, les troupes françaises encore jetées dehors

Meguetan Infos

A travers ce retrait annoncé des forces françaises, l’histoire est en train de se répéter entre le Mali et la France, après celui de janvier 1961 ordonné par le président malien d’alors Modibo Keita. Poussés dehors par la population malienne et le gouvernement de transition, la France et ses partenaires européens ont officialisé le jeudi 17 février leur retrait militaire du Mali au terme de neuf ans de lutte anti jihadiste menée par Paris.
La France, ses partenaires européens et le Canada ont annoncé jeudi 17 février le retrait du Mali des opérations militaires anti-djihadistes Barkhane et Takuba du fait de la dégradation des relations avec les autorités de la transition à Bamako. En retour, dans un communiqué, Bamako a pris les devants en les sommant de vider les lieux sans délai.

« En raison des multiples obstructions des autorités de transition maliennes, le Canada et les états européens opérant aux côtés de l’opération (française) Barkhane et au sein de la Task Force Takuba estiment que les conditions ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel (…) au Mali et ont donc décidé d’entamer le retrait coordonné du territoire malien de leurs moyens militaires respectifs dédiés à ces opérations », soulignent-ils dans une déclaration conjointe.

Pour autant Emmanuel Macron ne veut pas entendre parler d’« échec » de la France. « Je récuse complètement ce terme. Que ce serait-il passé en 2013 si la France n’avait pas fait le choix d’intervenir ? Vous auriez eu à coup sûr un effondrement de l’Etat malien. Je vous le dis avec beaucoup d’honnêteté, c’est ce qui était en train d’arriver et la France l’a évité », a-t-il déclaré jeudi dernier.

« Nous ne pouvons pas rester engagés militairement aux côtés d’autorités de fait dont ils ne partagent ni la stratégie ni les objectifs cachés, et qui ont recours à des mercenaires de la société (russe) Wagner aux ambitions prédatrices », a déclaré le président français Emmanuel Macron lors d’une conférence en compagnie des Présidents sénégalais MackySall, ghanéen Nana Akufo-Addo-et du Conseil européen Louis Michel à l’Elysée.

Au lendemain de l’annonce par Emmanuel Macron du retrait des forces françaises du Mali sous un délai de six mois, le gouvernement de Bamako a demandé, vendredi 18 février, à Paris d’opérer de retirer ses forces « sans délai ».

Le Mali a « pris acte de la décision unilatérale (…) des autorités françaises de procéder au retrait des forces militaires de Barkhane et Takuba, en violation des accords liant la France et le Mali », a déclaré à la télévision nationale le porte-parole du Gouvernement, dans un communiqué. ‘’Au regard de ces manquements répétés aux accords de défense, le gouvernement invite les autorités françaises à retirer sans délai les forces Barkhane et Takuba du territoire national, sous la supervision des autorités malienne’’, a dit le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territorial répétant la phrase à trois reprises.

La France et ses partenaires impliqués dans la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel ont annoncé jeudi dans une déclaration commune leur décision de retirer leurs forces militaires du Mali, jugeant désormais impossible de coopérer avec les autorités maliennes. Le président français Emmanuel Macron a déclaré que la fermeture des bases françaises encore présentes au Mali prendrait « quatre à six mois ».

Par ailleurs, le colonel Souleymane Dembélé, directeur de l’information et des relations publiques des armées du Mali a déclaré, à propos des retraits des forces Barkhane et Takuba que la présence française n’a rien apporté à la lutte contre le terrorisme. Une révélation fracassante ! Toujours selon lui, ‘’si le problème ne s’est pas empiré, je ne pense pas qu’on a eu de solution militairement. Après quoi, il y a eu, par la jonction des coalitions, on a créé Takuba où toutes les forces européennes sont chez nous », a-t-il fait croire. Avant d’interroger : « Mais ça nous a donné quoi de nos jours ? »

Il poursuit, se voulant rassurant : « C’est vrai que ça peut vous poser des inquiétudes mais le Mali n’est pas seul et le Mali ne restera pas seul. La France peut partir, les pays européens peuvent partir mais je n’anticipe pas, donnons du temps au temps et vous verrez ce qui va se passer. »

Après près d’une décennie de combats aux côtés des troupes locales, les troupes françaises plieront bagage et quitteront le territoire malien. Des responsables estiment que cette décision fait suite à une rupture des relations diplomatiques, dans un contexte d’hostilité croissante de la part de la ‘’nouvelle junte militaire’’ au pouvoir au Mali.

Toutefois, les pays impliqués dans la Taskforce Takuba dirigée par la France ont accepté de définir des plans sur la manière de rester dans la région, notamment le Niger et les pays du Golfe de Guinée, d’ici juin 2022. En étroite coordination avec les États voisins, ils ont également exprimé leur volonté de rester engagés dans la région, conformément à leurs procédures constitutionnelles respectives, peut-on lire dans le communiqué.

Cette décision aura des répercussions majeures sur la sécurité d’un certain nombre de pays participant à la mission. Les forces seront redéployées dans la région du Sahel, où environ 4 000 soldats sont stationnés. Le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, a prévenu que le retrait des forces créait « un vide » qui alourdit la charge des gouvernements régionaux.

A.S.K

Source: Le SOFT

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