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Kadidia Fofana, présidente du mouvement An T’an Sen Boala : « Nous sommes derrière nos autorités »

Meguetan Infos

Dans l’entretien qui suit, la présidente du Mouvement an t’an sen boala, Mme Kadidia Fofana fait un tour d’horizon de l’actualité. Elle se prononce entre autres sur la relecture de la charte de la Transition, la loi électorale et la création de la police territoriale ; les sanctions de l’Union européenne contre le Premier ministre et le président du CNT ; l’expulsion de l’ambassadeur français au Mali… Entretien.

 Mali-Tribune : Le gouvernement a convoqué le CNT, pour relire la Charte. Quelle est votre réaction ?

Kadidia Fofana : Nous avons tous appris sur les réseaux sociaux que le gouvernement a décidé de passer par un flash infos pour nous informer. Deux points ont attiré mon attention : la révision de la Charte, et la question de la police territoriale.

Le gouvernement est face à une situation qui fait qu’il n’a pas d’autre choix que d’organiser des élections. Nous avons ouvert malheureusement plusieurs fronts et pour les gérer, ce n’est pas facile. En plus, des sanctions sans précédent fatiguent les Maliens qui sont déjà meurtris dans leur âme. Je pense qu’il faut inviter la classe politique puisque le gouvernement a parlé d’une révision de la loi électorale et le gouvernement doit travailler à rassembler les Maliens parce que ce sont des sujets très sensibles. Cette Charte a été rédigée lors des concertations de septembre 2020 et aujourd’hui si on devrait la revoir, je pense qu’il faut impliquer toutes les forces vives de la nation. Ceux qui sont au sein du CNT ne sont pas élus ; ils se sont retrouvés là-bas par coup de chance, mais nous ne mettons pas en cause leur légitimité. Ce sont des sujets qui peuvent diviser, alors que le Mali a besoin aujourd’hui de rassemblement.

S’agissant de la police territoriale, c’est une question sensible, parce que pour ceux qui ont toujours lutté contre la mise en application de l’Accord de paix d’Alger la question de la police territoriale est parmi les points qui ont été retenues dans cet Accord. Beaucoup de Maliens pensent que cette police territoriale est juste une ruse pour encore plus diviser les Maliens et le Mali. Si nous avons pour mission aujourd’hui d’unifier le Mali et rendre le Mali un et indivisible, la question de la police territoriale ne vient pas à point nommé. Nous avons eu déjà quelques échos des réactions de quelques membres du CNT qui se sont carrément démarqués avant même que le sujet ne soit sur la table du CNT. Le gouvernement doit savoir qu’il marche sur des œufs.

 Mali-Tribune : En tant que présidente du mouvement an t’an sen boala, quelle est votre position par rapport à l’expulsion de l’ambassadeur français au Mali ?

K.F. : Au sein de notre mouvement an t’an sen boala quels que soient les adversaires auxquels nos autorités seront confrontées, nous allons nous dresser comme un seul homme derrière elles. Voyons seulement la posture qu’a adoptée l’opposition française en cette circonstance, pourtant ils sont à la veille des élections et chacun est à la conquête du pouvoir. Donc nous avons vu les différentes réactions de Marine Le Pen, Éric Zemmour et j’en passe qui se sont dressés comme un seul homme derrière Emmanuel Macron parce que ce sont les intérêts français qui sont menacés. Dans ce sens, les opposants français oublient leurs différends et c’est une belle leçon de patriotisme qu’ils ont donnée au monde entier.

Mali-Tribune : Après la Cédéao, l’Union européenne a sanctionné 5 membres du gouvernement. Comment vous justifiez ces sanctions ?

K. F.: Je ne saurais les justifier parce que c’est juste une suite logique de la démarche de la Cédéao puisque la Communauté ouest-africaine avait déjà pris des sanctions contre le Mali et a demandé à ses partenaires de les entériner. Pour moi, c’est dommage qu’on n’arrive pas à se mettre ensemble. J’aurais tout simplement aimé que le Mali bénéficie de la solidarité des pays frères africains.

 Mali-Tribune : Pensez-vous que les 5 ans qui ont été proposés soient trop ?

 K F.: Personnellement oui. Parce que 5 ans pour une transition, c’est le délai normal d’un mandat. Si quelqu’un veut s’offrir 5 ans pour gérer un pays pour moi, le bon sens voudrait que cette personne se soumette aux règles du jeu qu’elle passe par la voie des urnes pour bénéficier des 5 ans.

Mali-Tribune : Nous sommes à quelques jours de la fin des 18 mois de la Transition. Quel bilan dressez-vous sur le plan économique et sécuritaire ?

K F.: Sur le plan économique, on est à terre à cause des sanctions infligées par la Cédéao. Mais sur le plan sécuritaire il y a une accalmie dans le pays. C’est un point pour lequel nous au sein de notre mouvement, nous nous sommes toujours battus. Nous avons toujours estimé que lorsqu’on confie des pouvoirs aux militaires, c’est pour qu’ils sécurisent le pays si non ils n’ont pas d’autres avantages. L’accalmie qui règne dans le centre aujourd’hui, notamment le cas de Marébougou qui était sous embargo depuis plus de 6 mois qui a été libéré par les FAMas, est à encourager. Aujourd’hui qui parle de pays, parle de développement, parle forcement de sécurité avant tout.

Propos recueillis par

Ousmane Mahamane

Mali Tribune

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