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Arrestation de Yann Vizilier au Mali: Paris invoque la convention de Vienne, mais le peuple malien tranche déjà.

Meguetan INFOS.

La récente arrestation de Yann Vizilier, ressortissant français présenté comme membre de l’ambassade de France à Bamako et accusé de participation à une tentative de déstabilisation du Mali, a ouvert un nouvel épisode de tension diplomatique entre Bamako et Paris. Tandis que les autorités maliennes mettent en avant des éléments de complot, la France, elle, dénonce une « violation flagrante » de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, qui protège le personnel diplomatique.

La réaction française n’est pas surprenante. Elle s’appuie sur un texte international adopté en 1961, qui fixe les privilèges et immunités des diplomates. Mais le problème est ailleurs : la Convention de Vienne a-t-elle vocation à protéger un diplomate soupçonné de complot contre l’État hôte ? La question est légitime, et elle secoue l’opinion publique malienne.

Dans les rues, sur les réseaux sociaux, dans les débats, la réponse est unanime : non. Pour beaucoup de Maliens, cette affaire illustre une fois de plus la duplicité des relations internationales. La Convention de Vienne, que Paris brandit comme un bouclier, est perçue ici comme une abstraction juridique bien loin des réalités d’un pays en lutte pour sa souveraineté et sa stabilité.

Il y a un paradoxe évident : comment exiger le respect scrupuleux d’un traité international quand ce respect semble à sens unique ? Les Maliens n’ont pas oublié les multiples atteintes à leur indépendance politique et sécuritaire, souvent sous couvert de partenariats internationaux.

Aujourd’hui, Bamako est dans une phase de reconstitution, de restauration et de recomposition nationale. Dans ce contexte, il est presque impossible pour les autorités de céder à une demande de libération qui irait frontalement contre l’opinion publique. Car le peuple malien, qui a payé le prix fort de l’instabilité, ne pardonnerait pas une décision perçue comme une capitulation.

La Convention de Vienne, adoptée pour garantir la confiance entre États, se trouve donc prise en otage d’un conflit politique et symbolique plus large : celui de la crédibilité des engagements internationaux face aux aspirations souveraines des peuples.

En définitive, ce n’est pas seulement le sort de Yann Vizilier qui est en jeu, mais bien celui de la relation entre Bamako et Paris. Et dans ce bras de fer, la Convention de Vienne, citée par Paris comme une règle sacrée, apparaît aux yeux des Maliens comme un texte lointain, vidé de sa force, face à la priorité nationale : protéger le Mali contre toute déstabilisation, d’où qu’elle vienne.

Nayté

 

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