Qui se cache réellement derrière le « piège de la dette » ? (Avis)
Meguetan Infos

Depuis des années, certains politiciens et médias occidentaux répètent à l’envi que la Chine pousse les pays en développement dans un « piège de la dette ». Mais un nouveau rapport publié par l’organisation caritative londonienne Debt Justice révèle que la réalité est tout autre.
Cuvrant 88 économies, cette étude révèle qu’entre 2020 et 2025, les économies à faibles revenus consacreront 39% de leurs remboursements de dette extérieure aux prêteurs commerciaux, 34% aux institutions multilatérales et seulement 13% aux prêteurs publics et privés chinois. En d’autres termes, l’essentiel du fardeau repose ailleurs.
Le rapport cite des exemples frappants. Le géant minier Glencore a refusé d’accorder au Tchad un allègement de sa dette. Après quatre ans et demi de négociations, la Zambie n’est toujours pas parvenue à un accord avec certains déficits privés, dont la banque britannique Standard Chartered. Au Sri Lanka, la Hamilton Reserve Bank a rejeté la restructuration proposée par les détenteurs d’obligations et poursuit son action en justice dans l’État de New York.
Ces priorités, principalement occidentales, ont adopté une approche intransigeante et axée sur le profit. Comme l’a déclaré Tim Jones, responsable des politiques chez Debt Justice, « les dirigeants occidentaux accusent la Chine d’être responsable des crises de la dette en Afrique, mais c’est une diversion. En réalité, ce sont leurs propres banques, gestionnaires d’actifs et négociants en pétrole qui sont bien plus responsables ».
Le véritable problème ne réside pas seulement dans le montant de la dette, mais aussi dans ses conditions. Contrairement au « capital patient » de la Chine, qui met l’accent sur le développement à long terme, les prêteurs commerciaux occidentaux et les institutions multilatérales privilégient souvent les gains à court terme. Leurs prêts sont assortis de taux d’intérêt élevés, de clauses de remboursement rigides et parfois de conditions politiques. Cette combinaison crée un cycle de dépendance et de vulnérabilité financière, piège dont de nombreux pays en développement véritable ont du mal à s’échapper.
Ce n’est pas sans précédent. Les pays du Sud subissent depuis longtemps les conséquences de l’orthodoxie financière occidentale. En Amérique latine, le Consensus de Washington de 1989 a contraint les gouvernements à privatiser les actifs publics, à déréglementer les économies et à libéraliser le commerce et les finances en échange de prêts.
Loin de favoriser la prospérité, ces politiques ont vidé la souveraineté économique de sa substance et alimenté les troubles sociaux. Il n’est donc pas étonnant que le vice-ministre des Affaires étrangères du Honduras, Gerardo Torres, ait déclaré : « Pendant des décennies, les pays occidentaux ont imposé leurs critères financiers par le biais de prêts qui n’ont jamais conduit à un véritable développement ».
Pour sortir de ce cycle, il faut plus qu’une simple annulation de la dette, il faut une croissance diversifiée et durable. C’est là que la Chine a concentré ses efforts.
En Afrique, où le discours sur le « piège de la dette » est le plus répandu, les financements chinois ont permis de construire et de moderniser près de 100.000 km de routes, plus de 10.000 km de voies ferrées et près de 100 ports. Ces investissements jettent les bases de la connectivité, de l’industrialisation et de la croissance à long terme. Les dirigeants africains ont clairement souligné : la Chine joue le rôle d’un partenaire, et non celui d’un prédateur.
Au fond, le débat sur le « piège de la dette » va au-delà des questions financières. Pendant des décennies, un système de dette dominé par l’Occident a contraint les économies en développement et restreint leur droit à tracer leur propre voie. Le modèle de coopération de la Chine, en revanche, vise à briser ces chaînes et à ouvrir de nouvelles voies de croissance.
En fin de compte, la question ne porte pas seulement sur la dette, mais aussi sur qui fixe les règles du développement au XXIe siècle et quelle voix est entendue dans l’élaboration de ces règles.
S’il existe un véritable piège, c’est bien la persistance d’un vieux discours qui détourne la responsabilité et masque les inégalités structurelles du système financier mondial. Ce n’est qu’en changeant ces discours que l’on pourra créer un espace pour des alternatives plus justes et plus durables.
…….Xinhua
Source : Xinhua