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Ombotimbé Boucary, réalisateur de « Barkomo », film en lice pour l’ÉTALON DE YENNEGA du FESPACO : « La culture n’a ni de limite ni de frontière »

Barkomo, le premier film réalisé en langue dogon par Ombotimbé Boucary pour magnifier certaines réalités du pays dogon. Ce film se retrouve dans la sélection de l’ l’ÉTALON DE YENNEGA du FESPACO 2019 dans la catégorie long métrage qui doit se tenir à Ouagadougou. Pour mieux imprégner nos lecteurs du contenu de ce film, nous avons contacté son réalisateur, un comédien diplômé de l’Institut National des Arts (INA) de Bamako sorti majeur de sa promotion en section théâtre. Il a  participé à plusieurs troupes au Mali. Pour ce réalisateur, la culture ni de limite ni de frontière. Lisez l’interview !

Que veut dire Barkomo, c’est quelle langue ? Et pourquoi avoir donné ce nom à ce film ?

Barkomo veut dire la grotte, c’est en langue dogon. En histoire, on dit que les Dogons seraient partis du mandé, région située au Sud-Ouest du Mali au 14e siècle pour éviter l’islamisation. Ils se seraient installés à Kani Bonzon avant de se disperser sur trois sites que sont la falaise de Bandiagara (patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2003), le plateau (région de Sangha) et la pleine. Ce film « la grotte » évoque la fondation de la commune de Mory. Aujourd’hui, plus de 63 villages sont issus d’une grotte appelée Barkomo. En tant que jeune dogon,  j’ai voulu, à travers ce long métrage, rendre hommage à cette grotte qui m’a vu naitre, car pour un dogon,  la grotte est un tout, la première habitation depuis l’antiquité, un grenier, un refuge en cas de guerre, et sa dernière demeure c’est-à-dire « un tombeau ».

Pouvez-vous faire un résumé du film ?

Au Mali, à la fin du 17e Siècle, dans un petit hameau du pays dogon, un chasseur vivait avec sa femme, Yamio. Après 10 ans de mariage, elle n’a pas eu d’enfantYamio demande  à son époux de prendre une deuxième femme, son mari accepte sa proposition et marie une seconde. Peu de temps après, la nouvelle mariée tombe enceinte et met au monde un petit garçon. Depuis la venue du nouveau-né, Yamio a la vie dure ; d’humiliation en humiliation de  la part de sa coépouse, elle décide de se suicider, elle se jette du haut de la falaise. Par miracle, elle atterrit en bas saine et sauve . Ensuite elle prend le chemin de l’exil, errant à travers plaines et falaises, elle arrive un mois plus tard dans une grotte où vit le Roi de BARKOMO et son entourage. Ce petit royaume vit une période d’angoisse, le Roi Ogono par inadvertance sacrifie son propre cousin à son fétiche (A l’époque, les animistes Dogons pratiquent encore le sacrifice humain, mais celui d’un parent de sang est interdit dans la culture). Le village de Barkomo par la suite se retrouve frapper par une série de grands malheurs : épidémie, longue sécheresse et les récoltes de céréales au gout amer. Les divinatoires relèvent que seule la naissance d’un enfant gaucher peut purifier le village et ramener la vie à la normale.

En arrivant chez le roi Ogono, Yamio est accueillie chaleureusement par la reine Djomo. Elle s’installe dans le village avant de découvrir qu’elle est enceinte, en effet, 8 mois plus tard, Yamio accouche d’un enfant gaucher du nom d’Anabaliélé qui grandit à Barkomo et sauvera le village. En remerciement, le Roi prend Yamio comme 2e épouse. Anabliélé grandit dans une atmosphère de bonheur pour devenir un jeune doué, admiré de tous.

Quelle est la note d’intention du réalisateur ?

J’ai fait ce film « la grotte » dans un désir de montrer : la manière de vivre d’un peuple, les caractères des hommes dans une atmosphère de tension, de rivalités claniques marquées par des moments de grande cérémonie rituelle et leur philosophie d’adoration de AMMA « dieu suprême » à travers les sacrifices barbares, sanguinaires, fatals, aux fétiches ; pour avoir un lendemain meilleur, par les chefs coutumier dogon.

J’ai voulu exposer dans ce film comment les Dogons ont eu les masques pour la première fois avec les djinns, montrer l’architecture dogon très spécifique dont la plupart des villages sont implantés dans les falaises, et accessibles par des chemins escarpés qui empruntent les failles du plateau ou par des chemins tout à fait accessibles.

Pourquoi avoir fait ce film entièrement en langue dogon ?

C’est pour montrer qu’on peut réaliser un film dans toutes les langues. C’est la première fois qu’un film soit fait en langue dogon. La culture n’a pas de limite ni de frontière.

Nous avons appris que le film est en lice pour l’ÉTALON DE YENNEGA du FESPACO.  Serez-vous présent au Burkina ?

Je serais en tournée à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou, le jour de l’ouverture me trouvera à Ouagadougou. L’objectif est atteint à moitié. Avec la sélection du film, nous espérons remporter le trophée.

Quel appel lancez-vous à l’endroit des autorités maliennes ?

C’est juste que les autorités nous aident pour la promotion de notre film et aussi  nous demandons l’appui des partenaires techniques et financiers.

Ibrahim Sidibé, Stagiaire

Source: Le Pays

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