Noble combat pour la démocratie et la République : Les leaders des partis politiques entre honneur et flétrissure
Meguetan Infos

En mal de popularité dans le pays, voués aux gémonies par une frange importante de l’opinion, taxés de tous les noms d’oiseaux de mauvais augure, les leaders des partis politiques et particulièrement ceux de 1991 sont en train de livrer leur ultime bataille pour sauver la démocratie et la République et surtout leur honneur jeter aujourd’hui aux chiens.
Il serait illogique de les dédouaner de la situation dans laquelle se trouve le Mali. S’il faut reconnaitre qu’il y a eu des avancées notoires dans certains secteurs clés de la vie, mais, force est de constater que la mauvaise gouvernance avec son corollaire de corruption, de népotisme, d’affairisme ont été les caractéristiques fondamentales de leurs gestions des affaires publiques, d’où la série de coups d’Etat. Aujourd’hui, alors qu’une frange importante du peuple commence à prendre fait et cause pour les partis politiques dans leur combat pour la sauvegarde de la démocratie et la République, voilà que surgit une rumeur de plus en plus persistante et qui fait état d’un gouvernement d’union nationale après la fête de tabaski. Le hic est qu’on soupçonne beaucoup de leaders d’être prêts à sauter sur cette occasion. Por rappel ce gouvernement n’aura pas pour mission de sauver le Mali, mais de calmer la rue qui bouillonne de contestations par les hommes politiques. La classe politique va-t-elle encore donner raison à une certaine opinion qui pense à tort et à raison que la politique ne rime pas avec l’honneur et la dignité ? Les jeunes leaders politiques vont-ils suivre leurs aînés dans leur probable flétrissure ?
Après des véritables victoires engrangées à la suite des longues luttes héroïques, après avoir fait reculer le pouvoir sur certaines décisions, après avoir presque gagné la bataille de l’opinion qui a pris fait et cause pour les partis politiques, non pas parce qu’ils sont partis politiques, mais parce qu’ils défendent une cause juste et noble, ce combat risque de s’émousser si les rumeurs d’une capitulation de certains leaders politiques venant à être confirmées. En effet, les rumeurs de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale refont surface et on soupçonne beaucoup de leaders politiques d’être non seulement demandeurs, mais aussi preneurs de strapontins de postes au détriment du peuple et du noble combat engagé. Pour rappel le peuple n’a qu’une seule et même aspiration, ce qui détermine aujourd’hui son inspiration, c’est le retour aux fondamentaux comme la démocratie ; l’état de droits, les libertés et le développement. Comment les leaders politiques maliens pourraient-ils trahir cette noble cause qu’est celle du retour à la démocratie pour ne se préoccuper que de leurs intérêts égoïstes ? A cette phase de la lutte contre la dictature et pour la restauration de la démocratie et la sauvegarde de la République, tout gouvernement qui devrait être mis en place ne pourra avoir qu’une seule mission, organiser les élections pour doter le Mali d’institutions légales et légitimes et cela dans un délai relativement court, afin d’atténuer la souffrance des maliens. Ne nous faisons pas d’illusion les tenants actuels du pouvoir ne sont pas dans une telle prédisposition, celle de quitter rapidement la période d’exception qu’est la transition, à la période normale qui est le retour à l’ordre constitutionnel.
La classe politique va-t-elle encore donner raison à une certaine opinion qui pense à tort ou à raison que la politique ne rime pas avec l’honneur et la dignité ?
S’il est vrai qu’il ne faut jamais prendre les rumeurs pour de l’argent comptant, il est tout aussi plausible qu’il y a toujours une petite part de vérité dans chaque rumeur. La rumeur la plus persistante est celle qui est relative à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale pour non seulement calmer la rue qui bouillonne de revendications politiques, mais aussi permettre au Général Assimi Goita, Président de la transition, de continuer à dérouler son agenda personnel. Donc en attendant de voir clair il serait bon de tirer d’ores et déjà la sonnette d’alarme pour dire aux leaders politiques et à tous les militants des partis politiques que l’heure n’est pas à un gouvernement d’union nationale dont le seul but est de renforcer le pouvoir d’un homme et de son clan, mais plutôt au retour rapide à l’ordre constitutionnel, afin de doter le pays d’institutions légales et légitimes et de signer le retour du Mali dans le concert des nations démocratiques. Rien ni personne ne doivent détourner les leaders politiques de ce vertueux chemin qui est celui d’un retour triomphal à l’ordre constitutionnel. Tout acte contraire au retour à la démocratie serait considéré comme une trahison et éloignerait davantage le peuple de sa classe politique. Il y a aujourd’hui comme une sorte de relation fusionnelle entre le peuple malien et sa classe politique, donc ne gâchons pas cette belle complicité pour des strapontins.
Les jeunes leaders politiques vont-ils suivre leurs aînés dans la trahison ?
C’est véritablement cette question qui taraude tous les esprits, celle de savoir si les jeunes leaders politiques qui ont marqué leur territoire politique, qui ont donné un sens à l’honneur et à la dignité en politique, qui ont cultivé l’excellence, vont accepter de céder à l’appât du gain facile en troquant leurs idéologies contre des postes ministériels. Qu’ils sachent qu’ils ont d’ores et déjà séduit plus d’un malien, qui croient en eux et qui pensent qu’avec eux la relève sera assurée avec brio. Les jeunes leaders sont attendus sur le champ de l’honneur et de la dignité, car le combat qu’ils mènent est celui de la restauration des valeurs d’éthique, de morale, mais aussi de démocratie et des libertés. Ils sont appelés à relever les défis de la méritocratie, de l’excellence, de la compétence et leurs actions doivent être couronnées de succès et d’honneur. Donc ces vertus ont horreur de trahison. Les jeunes leaders ont pour mission de redorer le blason de la classe politique malienne et de redresser tous les maladroits tirs faits par leurs aînés. Qu’ils ne soient pas surpris de voir leurs aînés sauter sur la première occasion pour aller à la mangeoire, surtout que la plupart d’entre eux sont en fin de carrière politique. Jeunes leaders politiques ou ceux de la société civile, vous avez entre vos mains l’avenir de notre pays. Son progrès et son développement dépendent de vous, donc soyez à la hauteur des enjeux et vous devez vous considérer déjà comme des bâtisseurs d’empires, de PAYS tout court.
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance