
Le Réseau de l’Entreprise en Afrique de l’Ouest (REAO–Mali), une association professionnelle des entrepreneurs du Mali, a organisé la semaine dernière, un webinaire sur « la problématique du financement de l’économie ».
Un problème vécu à tous les niveaux. Thiernos Saikou Ba, PDG des Fofy industries, à cette occasion, a fait un constat qui interpelle.
« La problématique du financement de l’économie » était le thème choisi par le REAO pour cet panel animé par Mme Sidibé Aïssata Koné, présidente de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers, (APBEF), Thierno Ba, PDG de Fofy Industries, Mme Tounkara Oumou Touré de la Bcéao et Abdrahamane Kouyaté, président des assureurs du Mali.
L’APBEF et la Bcéao ont admis deux choses : l’industrie est la parente pauvre du financement bancaire et les taux de crédit en souffrance au Mali est supérieur de loin à l’espace Uémoa.
Le secteur secondaire malien (industries extractives et manufacturières, électricité-eau, BTP) pèse autour d’un sixième du PIB. La part de l’industrie dans le PIB est passée de 15,5 % à 16,1 % entre 2021 et 2022, portée par l’agro-industrie, certains matériaux de construction et l’énergie, malgré l’érosion de segments historiques (textile, cuir) et les contraintes électriques.
En 2024, l’économie a progressé d’environ 4 %, mais le secondaire a fléchi sous l’effet des pénuries d’électricité et d’une baisse de la production d’or ; les perspectives 2025-2026 tablent sur une reprise tirée par le lithium, l’agriculture et les télécoms.
La Bcéao publie, chaque mois, la ventilation des crédits déclarés à la Centrale des risques. On y observe la répartition par branches (« industries manufacturières », « BTP », « électricité-gaz-eau », etc.), à court/moyen/long terme. En 2024-2025, cette ventilation confirme que les crédits au commerce et aux services dominent, l’industrie (manufactures + BTP + électricité-eau) captant une part minoritaire mais en progression ponctuelle lors des pics d’investissement (énergie, BTP).
Thierno Saïkou Ba, PDG et acteur du secteur industriel, a choisi d’aborder la question du financement sous l’angle des réalités propres aux industries maliennes. D’entrée de jeu, il partage le constat général : le tissu industriel du Mali demeure d’une grande faiblesse. « Le Mali se désindustrialise », déplore-t-il, avant d’identifier la racine du problème : le manque de financement adapté. Selon lui, les entreprises industrielles peinent à trouver des ressources à long terme auprès des banques, et doivent affronter un parcours administratif interminable, alourdi par une multitude de documents à fournir. À ces obstacles financiers s’ajoute, souligne-t-il, la faiblesse de la volonté politique.
Pour Thierno Saïkou Ba, les difficultés du secteur ne se limitent pas à la rareté des ressources financières. Il évoque aussi des chaînons manquants dans l’écosystème industriel. « Nous sommes des industries formelles, encadrées juridiquement par l’État, mais contraintes de collaborer au quotidien avec un secteur informel dominant, qui impose ses propres règles et conditions », regrette-t-il.
Un diagnostic lucide qui met en lumière les déséquilibres structurels du secteur industriel malien et la nécessité urgente d’une réforme profonde du financement productif.
Dans l’espace Uémoa, les crédits à la clientèle ont atteint 36 888,3 Mds F CFA à fin 2024 (+5,6 % sur un an). En 2024, les MPME ont capté 52 % des crédits aux personnes morales ; les crédits au secteur secondaire (industrie, transformation) ont augmenté de 19,9 % sur l’année. Le taux brut des créances en souffrance est monté de 10,4 % à 12,4 % entre 2020 et 2022, le taux net passant de 4,6 % à 5,9 % (reflétant un provisionnement moindre en 2023). Ces niveaux placent le Mali au-dessus de la moyenne Uémoa en termes de risque de crédit.
Fofy Industries existe depuis plus de 30 ans, avec un ancrage historique dans le paysage industriel malien. La marque met en avant un slogan valorisant le “100 % malien”, l’innovation et le bien-être, dans ses campagnes de communication. Fofy propose des produits de maison, notamment des matelas, son cœur de métier, mais, aussi des meubles, armoires, salons, et accessoires de décoration.
Alexis Kalambry
Mali Tribune