Édito – L’Intelligence Artificielle dans guerrière : l’humanité au bord du gouffre

L’ombre d’une guerre nouvelle plane sur le monde. Une guerre qui ne rugit plus dans les tranchées ni dans les airs, mais dans les circuits froids et invisibles des intelligences artificielles militaires. Ce que nous avons vu récemment entre l’Iran et Israël ne relève plus de la science-fiction : c’est l’aube d’un nouveau désordre mondial, distanciel, algorithmique, impitoyable.

La riposte de l’Iran, lors de son affrontement avec l’État hébreu, a révélé une capacité technologique glaçante : des missiles autonomes, capables de prendre des décisions stratégiques en plein vol — modifiant trajectoires, évitant les contre-mesures, accélérant en fonction de l’environnement et de la cible. Une intelligence artificielle embarquée, plus rapide que les réactions humaines, plus imprévisible que jamais.

Face à cela, le célèbre Dôme de Fer israélien, fleuron des systèmes de défense antimissile, a semblé vulnérable. Ses failles ont été exposées au grand jour. Car face à une IA déterminée, aucun mur n’est infranchissable, aucun ciel n’est inviolable.

Mais là n’est pas le plus inquiétant. Ce qui trouble profondément, c’est que l’Iran n’est probablement que le premier à avoir levé un coin du voile. Que dire alors des arsenaux tenus secrets par les États-Unis, la Russie, la Chine, ou encore la Corée du Nord ? Que deviennent les traités de désarmement, les accords de paix, dans un monde où les machines peuvent décider de la mort ou de la survie ?

Autrefois, la peur nucléaire suffisait à contenir les folies des puissants. Aujourd’hui, l’IA pousse l’humanité vers une ligne rouge encore plus instable. Le doigt n’est plus sur le bouton rouge : il est dans une boucle algorithmique sans visage, sans conscience, sans remords.

L’être humain, dans sa quête de supériorité, vient d’ouvrir une brèche qu’il ne saura peut-être plus refermer. La guerre automatisée, désincarnée, rend la destruction plus facile, plus propre, plus « gérable », donc plus tentante. Et dans cette logique, la bombe atomique elle-même paraît presque artisanale.

C’est le moment, peut-être le dernier, de sonner l’alerte. D’imposer un débat mondial, éthique et juridique, sur les limites à ne pas franchir. Car si la machine commence à décider à notre place, alors ce n’est plus la guerre qui menace l’humanité, c’est l’extinction programmée… par elle-même.