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Injonctions de la Cedeao sur le calendrier électoral au Mali : Les autorités de la Transition dos au mur

Meguetan Infos

La dernière visite de Goodluck Jonathan au Mali aura visiblement fait tache d’huile. En effet, dans le sillage de la mission de suivi et d’évaluation de la Transition malienne récemment conduite à Bamako par le médiateur de la Cedeao, le sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de Gouvernements de l’organisation sous-régionale consacré aux événements en Guinée s’est également intéressé de plus près à l’évolution de la situation au Mali.

Selon le communiqué final ayant sanctionné leur conclave du 16 septembre dernier, les chefs d’Etat et de Gouvernement de la région Ouest-africaine mandatent leur président en exercice de prendre attache illico presto avec les autorités maliennes aux fins de leur faire part de la teneur des décisions issues de leur rencontre.

Ainsi, à la suite des inquiétudes précédemment exprimées sur la cadence du processus d’organisation des élections présidentielle et législatives devant consacrer la fin de la transition, la CEDEAO se montre désormais circonspecte quant à la volonté des autorités d’œuvrer véritablement au retour de l’ordre constitutionnel et à l’installation d’un régime démocratiquement élu. Il est par conséquent exigé des pouvoirs de Bamako le respect scrupuleux du rendez-vous électoral de février 2022, une échéance de rigueur et non négociable, selon le communiqué. Pour ce faire, la CEDEAO instruit les hautes autorités de la Transition de présenter, au plus tard fin octobre 2021, le chronogramme des actions et étapes majeures de la tenue des suffrages annoncées pour février 2022. Et les décideurs de la sous-région de prévenir par ailleurs que ne seront agréées que les seules réformes indispensables pour l’organisation des scrutins à la date indiquée. Faute de quoi, le glaive de sanctions ciblées sera suspendu sur la tête de tout acteur dont les actions auront une incidence nuisible sur le délai initial de la Transition. Les mesures punitives envisagées par la conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement vont de l’interdiction de voyage au gel des avoirs, y compris pour les membres des familles des personnes concernées.

Tout en fustigeant, dans la foulée, les incarcérations de plus en plus fréquentes de leaders politiques et d’anciens dignitaires par les autorités de la transition, le conclave d’Accra désapprouve avec autant de fermeté l’intention des hautes autorités maliennes de recourir aux services d’une société de sécurité privée, en insistant notamment sur les conséquences indéniables d’une telle démarche sur la dégradation du climat sécuritaire déjà fragile au Mali ainsi que dans le reste de la région. Allusion est ainsi faite aux rumeurs de plus en plus persistantes sur l’intervention de la société russe Wagner au Mali, dont le nom fait aussi peur à la Cedeao que le spectre d’une propagation des coups d’Etat dans la sous-région.

Quoi qu’il en soit, ce nouveau vent de malaise, dans les rapports entre les pouvoirs maliens et les autorités communautaires, survient à un moment où le gouvernement, sous l’égide du Premier ministre Choguel MaÏga, est entré de plain-pied dans l’organisation des assises nationales sur lesquelles il mise tant pour légitimer une rallonge du délai de la Transition, à travers notamment la validation par les forces vives de la nation de réformes qui nécessitent d’excéder les dix-huit mois : l’organe unique de gestion des élections, la relecture des textes afférents aux scrutins, le découpage administratif, entre autres. Autant de projets que les injonctions de la Cedeao viennent plonger désormais dans l’incertitude et qui inclinent à orienter les regards interrogatifs vers les autorités de Transition et la réponse qu’elles réservent aux menaces de la Cedeao. Vont-elles se résigner à transiger sur le délai – manifestement intenable dans tous les cas de figure – ou choisiront-elles de braver les chefs d’Etat de la sous-région ? Avec un tel dilemme ajouté aux relations glaciales avec la France, l’étau ne s’est jamais autant resserré sur les autorités de Transition au Mali.

 

Mohamed Assaleh 

Le Témoin

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