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Problématique de la durée de la transition au Mali : Quatre bonnes raisons pour la proroger

Par Inf@sept

La prorogation ou non de la transition est le thème central qui anime les débats au Mali. Pour les partis et regroupements des partis politiques de l’ancienne majorité, regroupés au sein d’un cadre d’échange pour la réussite de la Transition, pas question de proroger et le délai doit être impérativement respecté. Ceux du Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces patriotiques, tout comme certaines associations de la société civile, seraient favorables à une prorogation pour poser les bases du nouveau Mali. Entre ces deux entités politiques rivales, défendant chacune sa chapelle, se trouve le peuple, qui semble être relégué au second plan. Et pourtant, c’est en son nom et pour la défense de ses intérêts que toutes ces entités politiques disent se battre. A-t-on consulté le peuple pour demander son avis par rapport au respect du délai ? De quoi l’ancienne majorité a-t-elle peur ? Quatre bonnes raisons pour ne pas respecter le délai imposé par la communauté internationale.

La première raison est d’ordre sécuritaire

Comment pourrait-on parler d’élection dans un pays où les ¾ du territoire sont déclarés zones à haut risque ou tout simplement zones rouges et où les services de l’Etat sont absents ? Ceux qui veulent que les élections se tiennent sur toute l’étendue du territoire pour que les autorités qui vont être élues puissent jouir d’une grande légitimité, doivent s’unir pour demander non seulement la prorogation de la transition, mais aussi et surtout exiger des autorités le renforcement de la sécurité pour des élections transparentes, inclusives, dont les résultats ne seraient nullement contestés. Donc, la problématique sécuritaire doit être d’abord résolue avant d’envisager un quelconque scrutin électoral.

La deuxième raison est d’ordre institutionnel

Après 30 ans de pratique démocratique au Mali avec les mêmes institutions, l’heure est venue de procéder à une évaluation sans complaisance, en pesant les points positifs et ceux négatifs. En s’évertuant à faire un tel exercice, le constat donne un bilan qui est tout simplement alarmant. Trois coups d’Etat, des institutions monarchiques où le Président de la République est le seul détenteur de tous les pouvoirs. L’Assemblée Nationale est tout sauf une institution représentative du peuple, car en plus des mauvaises élections pour élire les députés, il y a également le manque de redevabilité vis-à-vis du peuple. Quant aux autres institutions, en l’occurrence, la Cour Constitutionnelle, la Cour Suprême, le Haut Conseil des Collectivités, le Conseil Economique social et Culturel, la Haute Cour de justice, elles ne font que rendre service au monarque déguisé en Président de la République. Comment pourrait-on faire du neuf avec du vieux ? Il y a alors nécessité de reformer les institutions de la République en les rendant plus transparentes, plus démocratiques, en mettant le peuple au cœur de la gestion. Donc, des réformes institutionnelles et électorales sont indispensables si nous voulons sortir de l’instabilité politique chronique.

La troisième raison serait l’amorce d’une lutte implacable contre la corruption 

Tous les observateurs de la scène politique malienne s’accordent à dire que la corruption et la délinquance financière sont les maux qui rongent le Mali et sans de vraies solutions à ce fléau le pays ne se relèvera jamais et le risque d’une Somalisation est réel. Alors à partir du moment où les autorités du Mali se sont engagées, en faveur d’une transition, dans la voie de la refondation du pays et de jeter les bases d’un Mali Koura, il n’y a pas de raisons qu’on n’assainisse pas les finances publiques en traquant les bandits à col blanc jusque dans leurs derniers retranchements. Donc, la lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière doit être une des priorités de la transition, et pour cette raison bien évidente, il serait logique de proroger la transition.

La quatrième raison serait relative à la bonne organisation des élections,

Après trente ans de contestations, de crise post-électorale, de déficit de légitimité des autorités avec des taux de participation qui n’ont jamais atteint réellement les 10% et surtout avec l’introduction de l’argent dans le jeu électoral, il serait aberrant de convoquer les électeurs aux urnes avec ces organes vétustes, corrompus et taillés sur mesure de l’oligarchie ou de la ploutocratie qui a pignon sur rue au Mali depuis 1991. Donc, un nettoyage général s’impose pour permettre au peuple d’élire les hommes et les femmes dignes de confiance et moralement irréprochables. Pour ce faire, des grandes réformes électorales sont nécessaires pour extirper de nos listes de candidats des malfrats, des voleurs, des narcotrafiquants et rendre notre processus électoral transparent.

En définitive, pour ces trois chantiers indispensables pour la refondation du Mali, le peuple doit être prêt à barrer la route aux ennemis du pays et à accorder un délai supplémentaire aux autorités de la transition afin qu’elles mettent le pays sur des bons rails. Donc, il ne leur reste plus qu’à poser les jalons.

Youssouf Sissoko

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