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Pour soigner l’appendicite, l’opération n’est plus automatique

Ouest France

Par Léo ROUSSEL

Une nouvelle étude américaine a récemment confirmé l’efficacité d’antibiotiques dans le traitement de l’appendicite. 70 % des patients ayant bénéficié de cette prescription ont ainsi pu éviter une intervention chirurgicale.

L’opération chirurgicale pour soigner l’appendicite, appelée appendicectomie, pourrait bien devenir de plus en plus rare. Déjà en déclin en France ces quarante dernières années, elle devrait être fortement concurrencée par le traitement antibiotique à l’avenir.

Quelques études avaient déjà établi que le recours aux antibiotiques pouvait soigner l’inflammation de l’appendice, cet organe de quelques centimètres situé sur la partie terminale du gros intestin. Cette fois-ci, c’est une expérience à grande échelle, mené par l’Université de Washington (États-Unis), qui vient confirmer l’efficacité d’un traitement par antibiotiques.

Quatre années de test

En 2018, des chercheurs finlandais avaient déjà fait valoir l’intérêt de ce traitement alternatif à une intervention chirurgicale : 257 personnes avaient été traitées par antibiothérapie, et les résultats étaient plutôt satisfaisants.

Ce lundi 5 octobre, les résultats d’une vaste analyse ont été dévoilés par l’Université de Washington dans la revue médicale américaine The New England Journal of Medicine . Entre mai 2016 et février 2020, ce sont 1 552 cas d’appendicite, dans plus de 25 centres hospitaliers du pays, qui ont été suivis et étudiés. La moitié des patients concernés a bénéficié d’une thérapie par antibiotiques, l’autre moitié d’une appendicectomie.

 

L’appendicite est une inflammation de l’appendice, cet organe de quelques centimètres situé dans l’abdomen, à l’extrémité du gros intestin. (Illustration : Scientific Animations / Wikimedi / CC BY-SA 4.0)

 

70 % des patients ont évité l’opération

Et les résultats sont bluffants. Sur les 776 patients ayant bénéficié du traitement antibiotique, 47 % n’ont même pas eu besoin d’être hospitalisés en observation, et près de 70 % sont parvenus à éviter une opération.

Les 30 % restants ont dû subir une opération dans les 90 jours, mais nombre de ces patients présentaient, avant le traitement, des facteurs aggravants, comme un appendicolithe (petite concrétion durcie de matière fécale).

David R. Flum, professeur de chirurgie et président associé de l’Université de médecine de Washington, s’est dit satisfait des résultats de l’étude, laquelle devrait livrer des enseignements plus poussés dans les deux prochaines années. « Pour la première fois, ces résultats vont permettre de cerner davantage les options de traitement et les résultats attendus dans les cas spécifiques d’appendicite chez les patients aux États-Unis, explique-t-il dans un communiqué de l’American College of Surgeons, association de chirurgiens américains. Le traitement antibiotique sera indiqué pour de nombreux patients, mais pas pour tout le monde. »

 

L’intervention chirurgicale pour enlever un appendice enflammé pourrait ne plus devenir systématique. (Photo : gorodenkoff / Getty Images – iStockphoto)

 

Un suivi personnalisé

Si les résultats prouvent que, dans la majorité des cas, un traitement antibiotique peut suffire, ils révèlent aussi que, lors de complications, il ne s’impose pas non plus comme une évidence.

Giana H. Davidson, une autre chercheuse de l’Université de Washington en charge de l’étude, a notamment précisé que, sans appendicectomie, « il y a un risque de passer à côté d’une détection d’un cancer de l’appendice, bien que ce type de cancer reste rare ».

 

Selon les besoins des patients et la gravité de l’inflammation, un traitement antibiotique peut suffire à traiter l’appendicite. (Photo : Andrey Popov / Fotolia)

 

Limiter les interventions, une solution en temps de Covid-19 ?

L’apparition d’un traitement alternatif, qui permet de réduire le nombre d’opérations chirurgicales pour soigner l’appendicite, ne pouvait pas tomber mieux. Face à la pandémie de Covid-19, les hôpitaux américains cherchent, à tout prix, à éviter les interventions inutiles.

« Lorsque le Covid a commencé à sévir, il y a eu des recommandations, reprend Giana H. Davidson. Notamment de l’American College of Surgeons, qui a incité à limiter le temps passé en salle d’opération afin de minimiser l’exposition au virus et de réserver les équipements de protection individuelle aux prestataires de soins de santé. »

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