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Dossier Presse écrite au Mali (1) : Plus de 250 titres à parution régulière et irrégulière

Meguetan Infos

Depuis une dizaine d’années, les organes de presse écrite prolifèrent au Mali. En plus du quotidien du service public, ‘L’Essor’, le Mali compte neuf quotidiens, près de deux-cents hebdomadaires, une quinzaine de bi-hebdomadaires, un bimensuel, vingt-sept mensuels, un bimestriel. Officiellement, ce sont les titres enregistrés à l’Association des éditeurs de la presse écrite (ASSEP) ou au Groupement patronal de la presse écrite (GROUPE), deux grandes structures syndicales regroupant la presse écrite au Mali.

 

Selon Modibo Diaby, secrétaire à l’information du GROUPE constitué de plus d’une quinzaine de journaux de la presse privée, parmi ces publications, il y a quatre quotidiens, deux bi-hebdomadaires et des hebdomadaires. « Les quotidiens, précise-t-il, sont ‘Les Echos’, ‘L’Indépendant’, ‘Info-Matin’, et ‘Le Républicain’. Alors que les bi-hebdomadaires sont ‘Le Challenger’ et ‘Le journal 22 Septembre’.

Ces journaux arrivent à respecter la périodicité de leur parution, contrairement à d’autres membres du Groupement patronal, à l’image de Bamako-Hebdo.

De son côté, l’ASSEP refuse des titres aujourd’hui. Selon son secrétaire à l’information, Ousmane Dao, plus d’une trentaine de journaux attendent que la Commission d’adhésion statue sur leur cas. « Nous avons plus d’une trentaine de demandes d’adhésion à l’étude au niveau de l’ASSEP », dit M. Dao. Selon lui, c’est le nombre élevé d’adhérents qui a certainement abouti a l’adoption de certains critères dont le respect condition l’adhésion à l’ASSEP. Car, aujourd’hui selon ses statistiques, l’Association faitière compte plus de deux-cents journaux membres dont cinq quotidiens, onze bi-hebdomadaires, plus de cent cinquante six hebdomadaires, un bimensuel, vingt-sept mensuels et un bimestriel.

Selon son secrétaire à l’information, les journaux quotidiens affiliés à l’ASSEP sont, entre autres, ‘Le Pays’, ‘L’Indicateur du Renouveau’, ‘Le Combat’, ‘Nouvel Horizon’ et ‘Soir de Bamako’. ‘L’Investigateur’ est un bimensuel alors que le bimestriel est Protection sociale de l’Association des éditeurs de la presse écrite. La liste est loin d’être exhaustive.

Il faut noter que parmi ces nombreux titres affiliés à l’ASSEP, seulement une quarantaine arrive à se maintenir et à paraître régulièrement. Les autres paraissent, au gré des évènements, de leurs possibilités financière et, surtout, lorsqu’ils ont, ce qu’on appelle ici, « un marché ». « Quoiqu’il en soit, ces journaux paraissent quelques fois dans l’année pour bénéficier du paiement de rares contrats d’assistance média ou d’abonnement qu’ils arrivent à négocier », indique notre interlocuteur.

PROLIFERATION IMPOSEE ! « Cela a été comme une révolution. Et a commencé sous le régime de l’ancien président, Ibrahim Boubacar Kéita. C’est une véritable prise de conscience. Les jeunes journalistes ont réalisé qu’ils sont exploités par les différents patrons de presse. Il fallait se libérer de ce joug d’exploitation des aînés… », dit Daouda Konaté, directeur de publication d’un hebdomadaire de la place, pour tenter d’expliquer la prolifération des organes de presse écrite au Mali. Notre interlocuteur pointe du doigt les premiers directeurs de publication pour n’avoir pas correctement rémunéré leurs journalistes ou, du moins en leur imposant un traitement de misère.

Chaque journaliste, sachant qu’il peut décrocher un contrat de partenariat de plus deux millions de Fcfa par an, a voulu voler de ses ailes, en lançant son propre titre. « Même des stagiaires créent leur journal. Je peux vous citer certains de ces directeurs de publications qui n’ont pas fait trois ans de pratique du métier de journalisme avant de lancer leur propre organe », peste Mme Coulibaly, promotrice d’un journal quotidien qui peine à respecter la périodicité de sa parution « par manque de personnel ». Ses journalistes l’ayant quitté pour être leur propre patron.

En effet, pour créer son propre journal, il faut juste quelques pièces à fournir qui ne demandent pas trop de dépenses financières particulières. La loi demande un casier judiciaire, un diplôme d’étude supérieure, une attestation prouvant que le demandeur est journaliste, une demande de création de titre adressée au procureur du tribunal où le siège du journal sera installé, entre autres.

L’ancien vice-président de la Maison de la presse du Mali et non moins directeur de publication du bi-hebdomadaire ‘Mali Tribune’, Alexis Kalambry, impute la prolifération des organes presse écrite aux hommes politiques. M. Kalambry estime, d’abord, que les politiques ont soutenu le boom des journaux, en n’oubliant pas de l’exploiter à leur profit afin de mieux défendre leurs intérêts et atteindre leurs objectifs. « Ce sont les hommes politiques qui, n’ayant pas réussi à instrumentaliser les premiers journaux, ont encouragé la création de titres », accuse-t-il. Ajoutant que « la 2ème raison est la facilité de la création d’un journal au Mali ». L’ancien vice-président de la Maison de la presse indique que la troisième raison du fléau est à rechercher dans notre histoire politique récente. « Puisque, justifie Alexis Kalambry, le quotidien national ‘L’Essor’ est resté longtemps le seul titre.

« Avec l’ouverture démocratique, la création de titre est devenue un acte démocratique qu’il fallait faciliter le plus possible», analyse-t-il pour expliquer les raisons qui ont vraiment conduit les titres à proliférer.

OD/MD

Source: AMAP

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