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Tchad : dernier hommage à Idriss Déby, en présence d’Emmanuel Macron

Par Le Point Afrique (avec AFP)

Un dernier hommage est rendu ce vendredi à Idriss Déby qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 30 ans. L’événement aura lieu sous la houlette du comité militaire de transition dirigée par son fils, en présence d’une douzaine de chefs d’État, dont ceux de plusieurs autres pays sahéliens, comme le Mali, le Niger, le Burkina Faso, ou le président du Conseil souverain soudanais, le général Abdel Fattah al-Burhan, du Congolais Félix Tshisekedi, président en exercice de l’Union africaine (UA), ainsi que du Français Emmanuel Macron, qui est arrivé jeudi soir à N’Djamena, où la France a installé le QG de Barkhane, sa force antidjihadiste au Sahel.

Macron à N’Djamena et des questions

Le président Macron sera le seul chef d’État occidental présent aux obsèques du maréchal tchadien, son plus solide allié contre les djihadistes dans la région. Après l’atterrissage de son avion sur la piste de la base militaire qui abrite le QG de la force française, M. Macron a été escorté jusqu’à l’ambassade de France par des blindés de Barkhane, selon un journaliste de l’AFP.

Le président français va-t-il poser des conditions pour une transition démocratique ? Adouber le jeune Mahamat Idriss Déby ? Sa présence à la cérémonie le laisse penser. Depuis son arrivée au pouvoir par les armes en 1990, avec l’aide de Paris, Idriss Déby avait toujours pu compter sur l’ancienne puissance coloniale.

Pour rappel, Idriss Déby est mort lundi à l’âge de 68 ans des suites de blessures subies au front alors qu’il dirigeait ses troupes contre des rebelles. Son fils, Mahamat Idriss Déby, général de corps d’armée de 37 ans, est le nouvel homme fort du régime. Il dispose des pleins pouvoirs, mais a promis de nouvelles institutions après des élections « libres et démocratiques » dans un an et demi. Pour de nombreux opposants qui ont toujours été réprimés par le régime d’Idriss Déby, cette prise de pouvoir n’est rien d’autre qu’un « coup d’État institutionnel ».

Des menaces extérieures et intérieures réelles

Après la mort d’Idriss Déby, la France s’est dite déjà à plusieurs reprises préoccupée de « la stabilité et de l’intégrité territoriale du Tchad ». « Est-ce que le conseil militaire de transition va assurer la stabilité, l’intégrité du Tchad ? » s’est demandé, jeudi, Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, s’interrogeant également sur sa capacité à « mettre en Œuvre un processus démocratique » tout en respectant ses engagements militaires dans la région. Le constat et les mots sont presque les mêmes pour Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’Union européenne. « Il faut aider le Tchad. Il faut passer outre les considérations politiques », a-t-il dit jeudi lors d’une visite en Mauritanie, avant de se rendre lui aussi aux funérailles d’Idriss Déby.

Les obsèques officielles se dérouleront en début de matinée sur la place de la Nation. Après les honneurs militaires et différentes prises de parole, une prière sera dite à la Grande Mosquée de N’Djamena. La dépouille d’Idriss Déby sera ensuite transportée en avion à plus d’un millier de kilomètres, à Amdjarass, petit village qui jouxte sa ville natale de Berdoba, chef-lieu de la province de l’Ennedi Est (Nord-Est), près de la frontière soudanaise, où il sera inhumé aux côtés de son père.

Défi sécuritaire

La venue de chefs d’État représente un défi sécuritaire de taille pour le nouveau régime, toujours confronté à une rébellion venue de Libye qui a promis de marcher sur N’Djamena et rejette « catégoriquement » la transition militaire. La menace pourrait aussi venir de l’intérieur du régime, car la prise de pouvoir du jeune Mahamat Idriss Déby est soudaine et les convoitises nombreuses au sein du clan du défunt chef de l’État. La toute-puissante Direction générale des services de sécurité des institutions de l’État (DGSSIE), jusqu’alors dirigée par le nouveau président du CMT, « risque de se diviser. Ils vont régler leurs problèmes, comme ils l’ont fait dans le passé, par des tentatives d’éliminations physiques, avec donc l’implication de violences armées dans la capitale », prédit Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po Paris.

 

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