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Le président de la transition chez Macron : Bah N’Daw doit tirer les leçons du passé !

«Chaque époque, chaque peuple se trouve dans des conditions particulières, forme une situation si particulière que c’est seulement en fonction de cette situation unique qu’il doit se décider. Dans le tumulte des événements du monde une maxime générale est d’aussi peu de secours que de se souvenir des situations analogues qui ont pu se produire dans le passé. Car un pâle souvenir est sans force dans la tempête qui souffle sur le présent. Il n’a aucun pouvoir sur le monde libre et vivant de l’activité.» (Friedrich Wilhelm Hegel).

EHESP

L’on se souvient que le 13 janvier 2020, le président français a convoqué à Pau (France) les chefs d’État des pays du G5-Sahel. C’était pour leur demander de clarifier leur position par rapport à la présence de l’armée française dans nos pays sous le chapeau de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Comme l’on pourrait s’y attendre, cette rencontre n’a été qu’une confirmation de présence française sur notre sol. Et comme pour se faire aimer à l’Elysée, le président malien, dans une déclaration insultante n’a pas manqué de faire croire que ceux qui demandent le retrait de l’armée française de notre sol n’aiment pas l’armée malienne. C’est comme s’il disait aux parents de nos soldats qu’ils n’aiment pas leurs propres enfants qu’ils ont pourtant engagés dans l’armée au bout de tant d’efforts et de tracasseries ! Que cette déclaration blesse les cœurs des parents conscients, cela ne fait l’ombre d’aucun doute. La suite, on la connaît, hélas ! Combien de nos enfants ont péri sous les balles des terroristes avérés ? Allez en savoir davantage ! L’on peut donc comprendre que la rencontre de Pau, en janvier 2020, était une occasion pour le président français d’exiger de ses homologues du G5- Sahel de faire taire tous ceux ici qui demandent le départ des troupes françaises de nos pays. Mais comme on le dit souvent, à beau chasser le naturel, il revient au galop! Des voix continuent de demander le départ des soldats français de nos pays au regard de leur très maigre rendement pour la paix. Comme pour dire qu’en vérité, la France ne peut en même temps être le problème et sa solution chez nous. Le physicien allemand Albert Einstein disait avec juste raison: «Si vous avez un problème et que vous comptez sur la classe politique pour le résoudre à votre place, vous avez deux problèmes: on ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés.»

A-t-on aujourd’hui encore besoin de dire que la France est absolument partie intégrante de la crise sécuritaire dans les pays du G5- Sahel ? Visiblement, mêmes les avatars de la politique ont compris que la France a une très grande part de responsabilité dans la rébellion au Mali et dans la problématique de la sécurité dans notre sous-région ouest- africaine.

Contentons-nous de dire que si Kidal est pratiquement coupé du reste du territoire malien c’est essentiellement dû à la présence de l’armée française dans la zone. Les Maliens n’ont pas toujours compris comment les soldats maliens sont toujours cantonnés dans un camp à Kidal dans l’impossibilité d’en sortir pratiquement. L’on se souvient que le passage du Premier ministre d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) en la personne de Moussa Mara, en 2014 a donné lieu à une furie du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et de ses suppôts contre les soldats de l’armée malienne dans l’impossibilité d’avoir des renforts. Cette situation fut douloureuse pour tous les patriotes maliens. Sous feux Modibo Keïta et Moussa Traoré, ce scénario était inenvisageable !

Comme pour sceller le sort de la patrie malienne, voilà le président «démocratiquement élu» en la personne d’IBK signer d’abord l’accord de défense entre le Mali et la France, en juillet 2014 dont Jean Ives-Le Dian a vanté le mérite de son existence. Il a dit: «Ce traité va permettre de renforcer la coopération militaire entre le Mali et la France dans les domaines du renseignement, de la formation, de l’échange d’informations pour assurer la sincérité sur le territoire malien et dans le Sahel». La suite n’a échappé à personne: non seulement le front s’est déplacé du Nord au Centre du Mali, mais aussi le feu a été allumé entre des communautés qui vivaient dans la communion des cœurs et des esprits depuis des siècles. C’est bien cette guerre ethnique qui résulte de la sécurisation de notre pays !

De l’accord de paix d’Alger, s’il faut en parler, nous dirons tout simplement qu’il n’est nullement partagé par le peuple malien parce que consacrant la dislocation de fait de notre territoire national.

Autre fait de l’accord d’Alger c’est que le septentrion malien, notamment la région de Kidal est devenue un no man’s land où les soldats français peuvent tout oser et tout faire.

En souvenir mémorable, le chanteur Salif Keïta a averti le président IBK contre la présence des troupes françaises dans notre pays.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la France n’a jamais bien servi et ne peut bien servir la paix et la sécurité au Mali. La traite négrière, la colonisation française et le néocolonialisme français ont totalement été préjudiciables à l’honneur et à la dignité de notre peuple laborieux. Que la présence française au Mali, que l’accord de défense entre le Mali et la France ne servent nullement la paix et la sécurité dans notre pays, cela ne peut souffrir du moindre doute car, le chat se nourrissant de la souris, celui- là ne saurait œuvrer pour la paix et la sécurité de celle-ci. Il reste donc établi que lorsque la France convoque nos chefs d’État, c’est pour les opposer à leurs peuples.

Les présidents Amadou Toumani Touré (ATT, paix à son âme) et IBK ont appris à leurs dépens qu’il ne faut jamais accepter les injonctions (quelque soit leur forme) de la France coloniale. L’amère expérience de la Baule en 1990 restera longtemps gravée dans nos mémoires: le président français de l’époque, François Mitterrand, a conditionné (hélas !) l’aide de la France à nos pays à l’instauration de la «démocratie» (de leur démocratie capitaliste bourgeoise nauséabonde) dans nos pays. Moussa Traoré, en homme averti, n’a pas manqué de dire que ‘‘la démocratie n’est pas une camisole de force.’’

Le soutien français au mouvement dit «démocratique» au Mali n’avait qu’un seul gage: le départ de Moussa Traoré, non pas qu’il a mal servi son peuple (ce qui est vrai) mais parce qu’il a désobéit au président ‘’Dieu’’ de la France coloniale.

Alpha a refusé de rencontrer à Dakar le président français Jacques Chirac. C’était bien si par la suite notre président n’avait pas programmé et mis à exécution le désarmement du Mali et la désagrégation de notre système de défense en sa qualité de président « démocratiquement» élu. Nul doute aujourd’hui qu’Alpha Oumar Konaré a trahi le Mali pour servir la cause de la France.

Et ATT ?

Il faut dire qu’il a trahi la cause du Mali, non seulement en truffant les rangs de l’armée régulière de rebelles qui ont pris les armes contre leur propre pays en leur permettant d’occuper des postes clés au sommet de l’État ( pour espionner tous les rouages de notre système de défense national), mais aussi en laissant entrer sur notre territoire les mercenaires venus du théâtre des opérations militaires de Libye avec armes et bagages. Il ne faut pas oublier que c’est la France coloniale qui en voulait à mort le guide libyen. L’on retiendra à ce niveau que des politiciens en mal de crédibilité ont osé dire que le président Amadou Toumani Touré (ATT) n’a rien fait et qu’il est blanc comme neige ! Qu’ont-ils fait donc avec la loi qui interdit le port des armes à tous ceux qui ne relèvent pas de nos forces de défense et de sécurité ?

Passons !

Le président de la transition Bah N’Daw a été reçu par le président français Emmanuel Macron avec tous les honneurs frôlant la soumission d’un esclave à son maître: il suffit de revoir la cérémonie de ladite réception réservée à notre président en France. Bah N’Daw doit faire sienne cette leçon de probité morale et de patriotisme laissée à la postérité par l’africaniste convaincu, le Guinéen Ahmed Sékou Touré. Il disait avec forte conviction: «Quand tu es félicité par les colons, c’est que tu es mauvais pour ton peuple. Quand ils disent que tu es mauvais, c’est que tu es bon pour ton peuple. Le jour où ils diront que je suis bon, c’est que je vous ai trahi.»

Disons donc que le président Bah N’Daw doit faire très attention et s’assumer pleinement et entièrement en choisissant de servir les intérêts supérieurs de son peuple en contradiction totale avec ceux de la France coloniale. Il doit se rendre à l’évidence que la France ne peut servir nos intérêts et que les honneurs qui lui ont été réservés par Macron constituent sans doute un piège qu’il se doit d’éviter en disant haut et fort que la France fait partie intégrante du problème malien et non de sa solution. Il doit tirer toutes les leçons de la gestion de notre pays par les «démocrates» sans foi ni loi n’obéissant qu’à leurs intérêts sordides privés.

Rappelons à cet effet le philosophe allemand Friedrich Wilhelm Hegel qui disait: «Chaque époque, chaque peuple se trouve dans des conditions particulières, forme une situation si particulière que c’est seulement en fonction de cette situation unique qu’il doit se décider. Dans le tumulte des événements du monde une maxime générale est d’aussi peu de secours que de se souvenir des situations analogues qui ont pu se produire dans le passé. Car un pâle souvenir est sans force dans la tempête qui souffle sur le présent. Il n’a aucun pouvoir sur le monde libre et vivant de l’activité.»

Que doivent donc entreprendre les responsables de la transition au Mali ?

– Ils doivent (à commencer par le président Bah N’Daw) se démarquer de la ligne de la France et de ces démocrates qui ont souillé l’honneur et la dignité du peuple malien.

– Ils doivent, sans délai, procéder à la traque sans merci de la corruption et de la délinquance financière qui affament le peuple malien.

– Ils doivent faire tenir l’audit de la nation et mettre les Maliens au travail car bien de cadres s’adonnent à l’oisiveté sans qu’ils soient sanctionnés.

– Une conférence nationale de vérité est indispensable pour la refondation du Mali. Cela est si important qu’on n’évitera cette fois-ci à notre pays de soigner la plaie sur du pu comme ce fut le cas à la chute de Moussa Traoré.

En tirant les leçons du passé, la refondation du Mali est possible, car ce pays ne sera que ce que les Maliens en feront.

Fodé KEITA

Source: L’Inter de Bamako

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