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EDITO : la leçon politique de Mara

A cause du tollé soulevé par la mise en place du CNT (Conseil National de la Transition), cet évènement politique est presque passé inaperçu. Pourtant il s’agit d’un fait inédit sur landerneau politique malien. Un président de parti politique qui cède son fauteuil statutairement à la suite du congrès de sa formation. Tel est le sacrifice magistral auquel, le président originel du parti YELEMA a consenti.

L’homme pouvait encore garder son fauteuil trente ans durant, personne n’allait crier gare. Tout simplement par ce qu’il est jeune, il a du potentiel, il a forgé ce parti à son image avec des vertus qu’on voit rarement sous nos tropiques. Des vertus fondées sur la bonne gouvernance, la culture de l’excellence et le droit à l’alternance. Il ne se donne pas de repos. Il reste le seul vrai politique qui parcourt l’intérieur comme l’extérieur du pays avec le mot d’ordre de son parti. Il n’est jamais abonné absent aux grands débats de la vie de la nation. Accessible par la presse, moderne et très souvent digitale dans ses approches avec les citoyens. Il publie habituellement sur les sujets brûlants de l’actualité, édite généralement des livres sur les modes de gouvernance, de la bonne gestion et se rétracte, sans reniement quand c’est l’intérêt supérieur du pays qui est vicié par une foule aveugle au nom de la chose politique.

Moussa Mara, même étant le plus souvent l’incompris et le calomnié de la scène politique nationale, ne se lasse point à inverser certaines pratiques qui sont les véritables causes de l’opprobre jetée sur toute la classe politique par l’opinion publique. De ces pratiques, le plus criard reste le manque d’alternance, de changement générationnel à la tête des formations politiques, depuis l’avènement de la démocratie dans notre pays, il y’a presque trente ans.

Une lutte démocratique qui était pourtant menée pour mettre fin au règne de 23 ans d’un seul homme, d’un seul groupe d’hommes et de femmes. Mais curieusement et hardiment sur la scène politique nationale, ce sont les mêmes visages qui incarnent l’image de leurs formations politiques respectives, les mêmes bustes qui les représentent partout et les mêmes gueules qui parlent en leur nom. Cette frange de l’élite politique refuse obstinément de quitter le buffet, pour parler poliment, de céder la place à d’autres compétences, notamment jeunes de leur entité politique. D’ailleurs c’est la raison fondamentale à la base de la crise de confiance ambiante entre le CNSP et le M5RFP.

Parlant de Moussa Mara, son grand défaut peut être son caractère pingre à croire que les autres n’ont pas besoin d’argent, mais cependant en sa qualité de président de parti il peut se glorifier de trois grands honneurs politiques à son actif. Disposer d’une base électorale intacte dans sa propre commune, pouvoir parler sur la place publique sans mâcher ses mots en nommant les maux qui minent notre société sans être contrarier et surtout d’avoir été l’un des rares présidents de partis à s’adjoindre à un autre candidat à la présidentielle (pourtant moins loti que lui).

Comme si tout cela ne suffisait pas, au moment où il caracole à la tête de tous les sondages pour Koulouba d’après transition, à la faveur du 3ème congrès ordinaire de sa formation politique, tenu le week end dernier, il vient de céder son fauteuil à un autre membre de la direction de son parti. Une véritable leçon politique infligée à la classe politique, vieillissante, malienne.

La Rédaction

Source: Le SURSAUT

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