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Pour une transition apaisée : Éviter de réveiller les vieux démons de la révision constitutionnelle

On se souvient qu’à l’occasion de la réunion inaugurale du Groupe de suivi et de Soutien à la Transition au Mali, le 30 novembre 2020, le ministre de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les Institutions, Mamadou Mohamed COULIBALY, avait fait une communication sur « les priorités de la Transition en matière de réformes politiques et institutionnelles ». A cet effet, le ministre avait évoqué un canevas de cinq (5) actions prioritaires assignées au gouvernement de Transition. Il s’agit de :

1)- Le parachèvement du processus de réorganisation territoriale ;

2)- l’élaboration et adoption d’une nouvelle constitution ;

3)- l’assainissement de l’écosystème politique ;

4)- la réforme du système électoral ;

5)- la poursuite du chantier de la régionalisation.

Nous savons que conformément aux dispositions prises et annoncées par la CEDEAO, la Transition ne devrait pas excéder les 18 mois à compter du 15 septembre 2020. Mais au regard de la lenteur qui caractérise l’acheminement de la Transition, on pourrait affirmer sans ambages que le facteur ‘’Temps’’ sera un des écueils, sinon le principal. S’il est vrai que pour pleinement réussir la Transition, la réalisation de chacune des priorités ci-dessus énumérées s’avère indispensable, il n’en demeure pas moins vrai cependant que cette réalisation est plus laborieuse pour les unes par rapport aux autres. En effet il est indéniable, sous nos cieux, que les opérations se rapportant à l’élaboration et à l’adoption d’une nouvelle Constitution ou tout simplement à une révision constitutionnelle ont toujours suscité de grands tumultes qui ont, jusque-là, contraint les autorités publiques à surseoir à cette réforme. Du régime d’Alpha Oumar KONARE au régime d’Ibrahim Boubacar KEÏTA en passant par celui d’Amadou Toumani TOURE, tous ont buté sur la révision de la Constitution du 25 février 1992 qui continue toujours de régir la législation malienne.

La Transition actuelle aura-t-elle les coudées franches pour réussir là où les régimes précédents ont échoué ? On pourrait répondre par l’affirmative mais sous réserve de ne pas faire en sorte de réveiller les vieux démons de la révision constitutionnelle. Si le régime IBK, en particulier, a échoué dans sa tentative, avec tous les désagréments subséquents, c’est parce que tout simplement on avait voulu insérer dans la version révisée, certaines dispositions qui n’agréaient pas au peuple. Au nombre de ces dispositions contestées il y avait la création d’un sénat et surtout le mode de désignation des potentiels sénateurs. Les contempteurs de cette révision s’étaient insurgés aussi contre les trop grandes prérogatives qu’accordait, au Président de la République, la version révisée.

En vérité dans la société malienne, toutes composantes confondues, la révision de la Constitution du 25 février 1992 est une nécessité unanimement reconnue, afin de l’adopter aux réalités du pays. Mais ce sont plutôt les agissements des autorités publiques, avec un relent d’imposition, qui heurtent le plus souvent la sensibilité des citoyens et les prédisposent à des soulèvements. Pour l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle constitution ou alors la révision de la Constitution du 25 février 1992, les autorités de la Transition sauront-elles éviter les erreurs qui avaient prévalu sous les régimes précédents, pour toujours aboutir à un sursis ?

En tout cas, elles gagneraient à engager une franche collaboration avec la classe politique, la société civile et les leaders d’opinions. Déjà des rumeurs prêtent à la junte des velléités de limitation à 70 ans de l’âge des présidentiables. Pour parvenir à insérer, dans la Constitution, une telle disposition sur la limitation de l’âge, la junte voudrait passer par le Conseil National de Transition (CNT) et c’est la raison pour laquelle elle a fait en sorte que les jeunes soient très majoritaires au sein de cet organe législatif qui est par ailleurs la cheville ouvrière pour toutes les manigances se rapportant à la relecture constitutionnelle.
Soir de Bamako

 

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