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Rapport de mai-août 2020 de Ocha Mali : Les trois facteurs qui entravent l’accès humanitaire au Mali

Dans son rapport d’observation de la période de mai-août 2020, publié durant la semaine écoulée, Ocha Mali souligne les difficultés auxquels les humanitaires sont confrontés au Mali dans l’exercice de leur fonction. Ce rapport formule plusieurs recommandations.

ISSP

Dans les régions du centre et du nord du Mali, l’accès humanitaire a été largement perturbé entre mai et août 2020 en raison de trois facteurs : l’hivernage avec la crue du fleuve et des inondations dans plusieurs localités, l’insécurité du fait des opérations militaires et la criminalité, et la pandémie de la COVID-19. En tout cas, c’est ce qui ressort du dernier rapport d’observation de Ocha Mali sur la période de mai-août 2020. En raison de ces facteurs, le fonctionnement de plusieurs projets et programmes des partenaires de Ocha Mali a été perturbé dans ces zones, déplore-t-on.

Intitulé « Pour des infrastructures sécurisées et fonctionnelles », ce rapport passe au peigne fin chaque région afin de rendre compte l’état d’insécurité au Mali. Dans certaines régions, OCHA Mali se réjouit de certaines avancées en termes d’apaisement. Par contre, dans d’autres, les humanitaires restent confrontés à plusieurs défis.

Dans la zone frontalière avec le Burkina Faso et les cercles de Bankass et Bandiagara, près de 2 000 personnes se sont déplacées vers les chefs-lieux de Timissa, Lanfiala et Koula dans le cercle de Tominan, région de Ségou après des affrontements entre groupes armés. Pourtant, « les acteurs humanitaires n’ont pas eu accès à ces déplacés à cause de l’insécurité », indique le même rapport. Surtout que dans cette même région, « le personnel humanitaire subit des menaces d’enlèvement de la part d’hommes armés non identifiés », souligne-t-on.

Dans la région de Gao également, la situation sécuritaire connait une tendance à la détérioration en référence à la période de janvier à avril 2020, souligne l’Organisme humanitaire des Nations unies au Mali. Selon OCHA, durant la période en revue, 25 incidents ont visé des humanitaires dans cette région.

Dans le cercle d’Ansongo et sur les axes routiers Gao-Ansongo, Gao-Douentza, la criminalité, les affrontements armés, les incursions dans les villages, le sabotage d’antennes de télécommunication, affrontements, braquages de véhicules et les attaques aux engins explosifs improvisés ont entravé l’accès humanitaire. Dans certaines localités de la région de Mopti, le statu quo reste le même bien vrai qu’il y a eu une diminution des incidents entre juillet et août 2020.

« Cette accalmie s’explique d’une part par l’impraticabilité des routes et pistes à cause des fortes pluies réduisant la mobilité des assaillants, mais aussi grâce à des accords de non-agression signés entre Peulhs et Dogons », précise-t-on. Toutefois, le risque reste grand pour les humanitaires dans cette localité.

Dans d’autres cercles de cette région comme Youwarou et Ténenkou, c’est plutôt la montée des eaux du fait de l’hivernage qui a constitué le véritable obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire.

« Cette période de mai à août 2020 est marquée par la validation
de trois (3) outils CMCoord (Coordination civilo-militaire NDLR) », indique Ocha Mali. Ces outils sont entre autres : la notification des mouvements des humanitaires ou Déconfliction pour les militaires, la planification des actions CIMIC et l’utilisation des ressources militaires et de la protection des civiles.

Toutefois, l’Organisme humanitaire de l’ONU au Mali formule des recommandations : renforcer l’acceptation de l’action humanitaire par la population, y compris les groupes armés non étatiques pour un meilleur accès, qui facilite l’assistance et la protection des civils à travers l’approche communautaire adaptée au contexte et aux réalités maliennes ; assurer la familiarisation de tous les acteurs aux outils CM-Coord, afin de garantir leur appropriation par les acteurs concernés, notamment les forces militaires et les acteurs humanitaires ; poursuivre le plaidoyer pour l’accès aux populations ayant des besoins spécifiques de protection, de sécurisation et d’assistance humanitaire d’urgence ; plaidoyer pour le renforcement des capacités institutionnelles et opérationnelles.

Fousseni Togola

Source: Le Pays

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