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Pandémie de Covid-19 : l’Afrique élargit son filet social

La pandémie de Covid-19 et ses conséquences économiques risquent de faire basculer 40 millions d’Africains dans l’extrême pauvreté, selon la Banque mondiale. Dès le début de la pandémie, les États ont mis en place des mesures de protection sociale sous l’impulsion du FMI et de la Banque mondiale.

Ce fut quasiment un réflexe mondial. Au fur et à mesure que la pandémie de Covid-19 faisait le tour de la planète en début d’année, les pays ont adopté des mesures de protection sociale pour atténuer les effets économiques des dispositifs de confinement. 125 pays dans le monde ont ainsi augmenté la taille de leur filet social, selon la Banque mondiale. L’Afrique ne fut pas en reste avec parfois des annonces spectaculaires. En Afrique du Sud, pays le plus affecté par la pandémie sur le continent, le gouvernement a mis sur la table dès le mois d’avril une augmentation générale des allocations sociales pour les plus démunis pour une période de six mois. Il a consacré pour ce faire une enveloppe de 50 milliards de rands, soit environ 2,6 milliards d’euros. La mesure s’est pourtant rapidement révélée insuffisante au regard du désastre social engendré par le confinement qui a fait perdre deux millions d’emplois à l’économie, et provoqué de vives tensions.

Au Sénégal, anticipant de possibles problèmes de malnutrition, le gouvernement a lancé un programme de distribution de riz. Cent mille tonnes pour un million de foyer. La mise en route de ce dispositif ne s’est pas faite sans mal, entraînant le ministre chargé du Développement communautaire – Mansour Faye – dans une polémique à propos de supposés détournements de fonds.

Quand l’État paye les factures
Dans plusieurs pays, l’État a choisi de payer les factures afin de soulager les ménages. Ce fut le cas en Côte d’Ivoire. Un million de foyer ont ainsi économisé deux mois de factures d’eau et d’électricité entre avril et mai. Au Burkina Faso, le gouvernement a consacré six milliards de francs CFA à éponger les factures d’eau des plus pauvres. Certains pays ont préféré la technique dite de « la monnaie hélicoptère », l’État distribuant sans contrepartie du cash à certaines couches de la population. Au Togo, le programme Novissi permet de verser, via paiement mobile, 10 500 francs CFA pour un homme et 12 250 pour une femme, chaque mois. Jusqu’à présent, selon les données officielles, 580 000 personnes ont bénéficié de cette manne tombée du ciel. En Guinée, c’est un total de 150 000 ménages qui ont commencé à recevoir l’équivalent en francs guinéens de 25 dollars par mois.

Souvent les États conjuguent mesures sociales et plans de soutien à l’économie, articulant la réponse à la fois sur la sauvegarde des emplois et la préservation du pouvoir d’achat. Ainsi, le Sénégal a mis en place un « programme de résilience économique et sociale » d’une envergure inédite, afin de soutenir les entreprises, les ménages et le secteur de la santé de 1 000 milliards de francs CFA soit 1,5 milliard d’euros. En Afrique du Sud, c’est un montant de 500 milliards de rands, soit 24,6 milliards d’euros, censé irriguer l’économie. La Côte d’Ivoire, qui a multiplié les mesures de soutien aux sociétés privées et publiques, a pris en compte la nécessité d’aider ses nombreuses PME, avec un fonds de 100 milliards de CFA, mais aussi le secteur informel qui se voit doté d’une enveloppe d’un montant équivalent. Toutes les institutions financières internationales comme la Banque mondiale insistent d’ailleurs sur la nécessité de venir en aide au secteur informel. Car huit employés sur dix en Afrique travaillent de façon informelle, et ces travailleurs sont d’ordinaires les grands oubliés de la protection sociale.

L’Afrique peut mieux faire
Reste que ces filets sont encore souvent trop petits. Par exemple, l’ONG Oxfam pointe du doigt le Kenya qui a réduit les impôts pour les plus riches et les grosses entreprises mais n’aide pas suffisamment les plus démunis alors même que le chômage explose. Le Nigeria est aussi mal classé par Oxfam. Même si le président Buhari a mis en place en 2017 le premier système de protection sociale dans l’histoire du pays, les autorités n’ont pas consacré cette année suffisamment d’argent à venir en aide aux populations déshéritées. Résultat, la malnutrition et l’extrême pauvreté ont explosé dans le plus peuplé des pays africains. Que ce soit dans les mégapoles comme Lagos ou dans les zones rurales.

D’une façon générale, la pandémie de Covid-19 et ses conséquences sociales ont creusé les inégalités de façon criante, alerte Oxfam qui souligne dans un rapport publié début octobre « qu’aucun pays sur terre n’a fait suffisamment d’efforts pour réduire les inégalités ».

Source: RFI

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