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TÉMOIGNAGE : « MON CANCER DU SEIN A BOULEVERSÉ MA VIE DE FAMILLE ET MA VIE PRO« 

Pour Octobre rose, le mois de prévention du cancer du sein, nous accueillons Aline. Cette maman s’est battue contre la maladie pendant trois ans, et son cancer a bouleversé sa vie familiale et professionnelle. Aujourd’hui plus heureuse et forte que jamais, elle nous livre son parcours.

Mon cancer a été détecté le 26 septembre 2015 à l’âge de 44 ans. Quelques semaines plus tôt, une de mes meilleures amies m’a incitée à consulter un médium réputé sérieux et honnête. Lors de notre entretien téléphonique, ce dernier m’a vivement conseillé de prendre rendez-vous avec mon gynécologue. Il ne m’a pas parlé de maladie grave mais a appuyé sur le fait que j’aurais un traitement et que tout irait bien ensuite. Sans lui, je ne serais plus de ce monde. En effet, les examens ont révélé 4 tumeurs malignes au sein droit, j’étais déjà au stade 4 (ACR5), extrêmement préoccupant.

Je n’ai pas écouté les signes avant-coureurs. Les deux années qui ont précédé ma maladie, je me sentais particulièrement triste et fatiguée. Je faisais d’horribles cauchemars toutes les nuits, je me réveillais en sueur. Je n’ai pas pris ces alertes au sérieux. A l’annonce du diagnostic, curieusement, je n’ai pas été effondrée. D’ailleurs, le soir même, je sortais avec des amies ! Avec le recul, je pense que je ne réalisais pas ce qui m’attendait.

A cette époque, j’étais cheftaine d’une famille recomposée de 4 enfants et responsable commerciale pour le compte d’une société espagnole. Mon mari a accueilli la nouvelle sans émotion particulière. Quant aux enfants et à l’entourage, je leur ai annoncé avec tact afin de ne pas les inquiéter. Sauf durant une période où j’étais très affaiblie, j’ai continué le reste du temps à cuisiner des petits plats pour ma famille, de prendre soin d’eux afin que leur quotidien ne soit pas trop perturbé.

Mon fils n’avait que 10 ans. Nous étions fusionnels avant la maladie et c’est toujours le cas aujourd’hui. Il s’est mis à travailler à l’école « pour me faire plaisir » et a pris rapidement beaucoup de maturité.

Ma vie a été mise entre parenthèse pendant 3 ans. L’oncologue (NDLR : médecin spécialisé dans le suivi et traitement du cancer) m’avait fait savoir, lors de notre premier entretien, que si je me laissais aller moralement, elle aurait du mal à me guérir. Elle ne m’avait pas caché la gravité de mon état. Après l’ablation du sein droit, j’ai débuté les chimios, puis les séances quotidiennes de radiothérapie. J’ai commencé ensuite la reconstruction mammaire du sein droit. Puis, une échographie de contrôle a révélé l’apparition d’un certain nombre de micro-calcifications dans le sein gauche. Par précaution, une biopsie n’étant pas possible à l’endroit où elles étaient situées, l’équipe médicale s’est réunie et a accepté, à ma demande, de ne pas attendre que les choses prennent plus d’ampleur et de procéder à l’ablation totale du sein gauche. Au total, j’ai été opérée 6 fois sous anesthésie générale. Aujourd’hui, j’ai presque terminé la reconstruction mammaire.

Mon physique s’est dégradé jour après jour avec la perte des cheveux et plusieurs kilos en moins. Mon rapport au corps a été bouleversé. Je découvrais une autre personne dans le miroir. Ça m’inquiétait. Je suis contente de constater aujourd’hui avoir retrouvé une apparence normale.

Le suivi psychologique est intervenu un peu plus tard, à l’issue des 6 plus grosses chimios. Jusque-là, je me sentais forte moralement mais, peu à peu, l’état d’épuisement et l’indifférence de mon mari m’ont conduit vers un état dépressif. J’avais du mal à me concentrer, je cherchais mes mots. Certaines de mes amies ont cru que j’étais en train de disjoncter. J’ai eu la chance de découvrir les bienfaits du Reiki (NDLR : pratique de relaxation d’origine japonaise) et de l’acupuncture, qui m’ont soulagée.

J’ai décidé de quitter mon emploi pour plusieurs raisons. La première, c’est que je n’avais plus l’énergie nécessaire pour continuer à remplir mes fonctions. Je gagnais très bien ma vie, et la société qui m’employait depuis 12 ans a été très compréhensive, mais l’envie n’était plus là. J’avais envie de me tourner vers les autres. J’ai décidé de suivre une formation pour devenir Praticienne en Reiki et aider, à mon tour les personnes qui souffrent de pathologies lourdes. Je suis heureuse d’avoir trouvé ma voie, et il me plairait d’exercer dans un centre hospitalier au sein d’un service d’oncologie.

Mon couple ne m’épanouissait plus depuis plusieurs années mais j’avais un tel esprit de famille, que je prenais sur moi. Si mon mari s’était montré attentionné et présent au cours de cette période, je pense que cela aurait changé l’issue de notre histoire, nous aurions pu rester ensemble… Au lieu de cela, il est resté dans le déni et n’a pas écouté mes nombreuses mises en garde. J’aurais aimé ne pas connaître cet échec même si j’ai compris que la séparation n’était pas une tragédie. La tragédie, c’est de mourir à petit feu dans un couple qui nous rend malheureuse.

Quant à mon fils, même s’il m’a vue souffrir, il me voit plus heureuse maintenant. Selon lui, c’est grâce à cette expérience douloureuse. Il n’a pas tort. J’ai appris beaucoup de leçons, comme l’importance de s’aimer et de se faire respecter. La vie est précieuse, c’est une perte de temps d’empoisonner son existence avec des détails et inadmissible de se laisser maltraiter !

Si je devais donner un conseil aux femmes qui me lisent, c’est d’écouter les signaux que notre corps nous envoie et de ne pas négliger les contrôles réguliers comme les mammographies ou les échographies… Pour celles qui traversent cette épreuve actuellement, je leur dirais de penser à elles d’abord et d’essayer, autant que possible, de garder une attitude positive.

Il y a un avant et un après cancer. Les visions et les priorités ne sont plus les mêmes. Ma vie a changé et j’ai changé avec. Les gens qui m’aiment l’ont vu et compris, les autres sont restés sur le bord de la route. Aujourd’hui, je n’ai plus peur de rien ni de personne !

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