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Lutte contre le terrorisme au Sahel : Bamako cherche-t-il à s’émanciper de l’Elysée ?

Longtemps énoncé, jamais adopté, l’idée d’une solution politique négociée avec les terroristes a été mise au gout du jour par la libération très attendue de Sophie Pétronin et de SoumailaCissé. Si, de tout temps, Paris et Bamako ont été sur la même longueur d’onde en la matière, il semblerait qu’aujourd’hui, les Maliens veuillent explorer une voie autre que celle militaire. Assiste-t-on à une véritable prise à-bras-le corps du péril sécuritaire malien par les autorités du pays ?

ISSP

L’évènement diplomatique de la semaine était sans conteste la visite du ministre français des Affaires Etrangères, Jean-Yves Le Drian, à Bamao. Cette visite loin d’être anodine, surtout vu le contexte, avait deux objectifs. D’abord, pour montrer à la face du monde, que malgré le coup d’Etat, la France demeure présente au Mali dans la lutte contre le terrorisme. Mais aussi et surtout, que Paris entend bien continuer le combat sur le plan militaire contre les terroristes malgré la récente libération négociée des otages. Pour Le Drian, un distinguo fondamental est à faire entre les groupes armés signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, et ceux qui n’en sont pas partie intégrante. Avec ces derniers, pas question de négocier quoique ce soit, avait-il envie de dire. Ainsi, Paris botte en touche toute volonté malienne supposée de mettre fin à une situation extrêmement difficile pour le pays, par le biais des négociations.

Une chose est sûre, au sein de l’opinion publique malienne, l’on n’est moins radical. Beaucoup de Maliens pensent toujours que la paix est possible par la seule voie des négociations. Il est à rappeler que plusieurs fois durant les années précédentes, l’idée surgit avant d’être vite abandonnée.

La récente libération de plus de 200 terroristes en échange de quatre otages aura fait grincer des dents du côté des rangs de Barkhane. Le Drian aurait intimé à AssimiGoita, à l’abri de toute présence journalistique, que dorénavant, Paris espère compter sur Bamako en ce qui concerne la ligne adoptée pour combattre les terroristes. En d’autres termes, le Mali, s’il veut faire cavalier seul dans la lutte, que ce ne soit pas en libérant une centaine de terroristes pour obtenir la libération de quelque otage que ce soit.

Aussi, à travers l’AFP, nous apprenons que l’un des terroristes libérés à la faveur de l’échange obtenu par Bamako, fut arrêté par les autorités algériennes à Tlemcen. Il s’agit de Mustapha Derrar. La nouvelle fut communiquée par le ministère algérien de la Défense. Preuve en est que l’opération des autorités de transition sera restée en travers de la gorge de nombres de pays impliqués dans la lutte contre le terrorisme ; et que sur le plan purement militaire, ce n’était pas une chose à faire.

Ahmed M. Thiam

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