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Dialogue avec les djihadistes au Mali : Moctar Ouane a fait la fierté de plus d’un avec sa position sur le sujet.

En affichant ouvertement son opposition à la position du ministre français Jean-Yves Le drian au sujet de l’éventualité d’un dialogue avec les groupes djihadistes du Mali, le premier ministre de la transition M. Moctar Ouane a fait la fierté des Maliens épris des sentiments anti français. Pris pour une preuve de loyauté vis-à-vis des faiseurs de roi que nul n’ignore ici sous nos tropiques, ou pour un signe de patriotisme ailleurs, ce contre-pied administré au dirigeant français aura tout son pesant d’or dans les points engrangés par les nouvelles autorités de notre pays.

Se sachant suivi de près dans ses moindres faits et propos, le PM de la transition a su tirer son épingle du jeu de la conférence de presse de lundi à la Primature. Moctar Ouane, hissé là, comme les autres structures de la transition, pour la rescousse du Mali naufragé, a priorisé le Mali au détriment des aspirations géopolitiques fantaisistes de la France. Les 93 milliards de nos francs issus des cinq conventions que la France venait de signer avec le Mali via la visite de Jean-Yves Le drian, n’ont nullement affecté le premier ministre Moctar Ouane dans sa verve. Droit dans ses bottes, il n’a pas exclu l’éventualité d’une négociation avec les terroristes tandis que le ministre français venait lui, de laisser entendre que la négociation n’est possible qu’avec les groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu des pourparlers d’Alger.

« Je crois également utile sur cette question de me faire l’écho des conclusions du Dialogue national inclusif qui a eu lieu chez nous et qui a très clairement indiqué la nécessité d’une offre de dialogue avec ces groupes armés. Je pense qu’il faut voir en cela une opportunité d’engager de vastes discussions. » a déclaré le PM Ouane en réplique à la position de M. Le drian.

Même si le dirigeant malien n’a fait que s’aligner sur l’une des recommandations du dialogue national inclusif, force est de reconnaître qu’il s’est agi d’un acte rarissime de la part d’un dirigeant africain francophone. Désavouer ainsi un émissaire français en déplacement sous nos cieux, n’est pas chose aisée pour nos responsables qui, généralement, ont tendance à déifier les messagers politiques de l’Hexagone. Les relations France-Afrique en général et en particulier celles entre le Mali et le pays d’Emmanuel Macron seraient-elle en train de prendre un coup ? On ne saurait l’affirmer pour l’heure mais somme toute, ce que l’on peut considérer ici au Mali comme un exploit du PM Ouane et dans les couloirs de l’Elysée comme un crime de lèse-majesté, doit résonner comme un signal fort pour Matignon et le Quai d’Orsay. L’époque du maesta dixit semble révolue du moins au pays de Soundiata Keita.

André SEGBEDJI/abamako.com

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