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La libération négociée d’une otage au Mali agace Alger et critiquée à Paris

La libération de l’otage française Sophie Pétronin après des années de négociations agace Alger. Ce n’est pas par le biais d’un communiqué officiel que les autorités algériennes ont fait part de leur colère, mais via un article paru dans les colonnes d’un quotidien proche du pouvoir, Ennahar en l’occurrence, qui dénonce le deal conclu par Paris avec les ravisseurs. En effet, 200 terroristes ont été libérés par les nouvelles autorités maliennes en contrepartie du retour de la responsable d’une ONG humanitaire au bercail après des années de détention.

En France aussi, cette libération fait des vagues. De nombreux Français s’interrogeant sur le «prix payé» pour redonner la liberté à l’humanitaire française aujourd’hui âgée de 74 ans. Ces Français, irrités par la décision de leur gouvernement de laisser filer des dizaines de terroristes qui reprendront immanquablement l’action armée une fois éparpillés dans l’immense désert sahélien, rappellent que 45 soldats français ont péri au Mali. D’ailleurs, même la Confédération helvétique n’est pas épargnée par cette affaire, puisqu’elle vient d’apprendre qu’une autre otage suisse, détenue également au Mali, a été tuée par ses ravisseurs.

Dans son article très critique vis-à-vis des autorités françaises, Ennahar s’en prend vertement aux nouvelles autorités maliennes qui ont cédé à la pression de Paris pour gagner l’empathie de la France après le coup d’Etat opéré contre l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, lâché par ses «soutiens» après un très court épisode de fausse condamnation du putsch et une reconnaissance rapide du nouveau pouvoir en place. «Il va de soi que la libération de l’otage française, qui est arrivée à Paris ce jeudi soir, est le fruit d’un accord tripartite entre la France, le Conseil militaire malien et le groupe terroriste auteur de l’enlèvement», écrit le journal. Cette entente secrète est perçue à Alger comme un coup de poignard dans le dos des pays de la région qui luttent contre l’extrémisme violent.

Ce qui est dénoncé, en filigrane, c’est non seulement la dualité des autorités françaises qui affirment combattre le terrorisme sur le terrain en Afrique subsaharienne et qui, dans le même temps, continue de négocier avec les groupes armés à des fins politiciennes liées aux échéances électorales françaises, mais surtout la proximité du lieu où les terroristes libérés étaient détenus situé à 50 kilomètres à peine de la frontière algérienne. Aussi l’Algérie y voit-elle une tentative de déstabilisation.

M. K.

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