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Amadou Toumani Touré face à Salif Sanogo sur l’ORTM : “En 2006, j’ai attiré l’attention sur cette guerre terroriste au Nord du Mali. Malheureusement, Ils ont mis 11 ans pour me comprendre”

“Si j’ai une satisfaction aujourd’hui, c’est l’Assurance maladie obligatoire (AMO) et les logements sociaux”
Au micro de Salif Sanogo (directeur général de l’Ortm), l’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré (2002-2012), à la faveur de la célébration du 60e anniversaire de l’accession du Mali à la souveraineté nationale et internationale, a accepté de témoigner pour l’Histoire. Cette interview-témoignage du ” Soldat de la démocratie ” est d’un tel éclectisme qu’elle mérite d’être lue par tous les patriotes, sinon enseignée dans nos écoles tant elle dépeint le Mali d’hier à aujourd’hui dans toutes ses dimensions humaines, historiques, économiques, sociales et culturelles. Ce véritable prélude aux Mémoires d’ATT est un phare qui devrait aussi et surtout guider les organes de la nouvelle transition qui viennent de se mettre en place parce que l’interviewé, ancien président du Comité de transition pour le salut du peuple (Ctsp, 1991-1992) a blanchi sous le harnais. Il donne des conseils avisés pour une nouvelle transition réussie au Mali. A propos de la guerre asymétrique qui fait rage dans le Septentrion et le Centre du Mali et qui embrase toute la bande sahélienne, ATT avoue qu’il a été finalement compris mais regrette le temps perdu (11 ans) à mettre en place une stratégie commune (la Force du G5-Sahel par exemple) contre un ennemi commun, sans foi ni loi. Cette valse-hésitation a permis au camp d’en face de prendre de l’avance sur les pays du Sahel qu’il peut déstabiliser à tout moment et à souhait à travers la guerre asymétrique à laquelle les armées classiques ont du mal à répondre.

Sur son parcours, ses succès, ses échecs, l’homme du 26-Mars a longuement tenu en haleine les Maliens. Pour l’Histoire et les futures générations, nous nous sommes permis de retranscrire l’interview. Un document à lire religieusement.

ous avez dirigé la transition au Mali en qualité du président du Ctsp, de mars 1991 à juin 1992… Vous avez été ensuite élu président de la République du Mali, de juin 2002 à mars 2012, avant qu’un coup d’Etat ne mette fin à votre mandat. Huit ans après ce dernier événement, comment vous sentez-vous Monsieur le Président ?

J’ai passé sept années en exil à Dakar. C’est l’occasion pour moi de saluer le peuple du Sénégal où je ne me suis jamais senti seul. Chaque fois que je me déplaçais en taxi, on me demandait si c’est ATT. Et chaque fois que je répondais par l’affirmative, on me disait vous ne payerez pas. C’est pour vous dire que tout ce que j’ai vécu, je l’ai fait pour notre pays.

Je suis avant et après tout un soldat. J’ai été préparé pour les sacrifices les plus extrêmes. Donc, rien n’aurait pu m’ébranler et me faire changer d’avis. Je voudrais faire un petit clin d’œil à mes cousins, les Kéita. J’ai un petit-fils qui s’appelle Sékou Mohamed Kéïta. Malheureusement, il est un Kéita !

Après le cinquantenaire, un journaliste talentueux m’a regardé dans les yeux et m’a posé une question embarrassante : il cherchait à savoir où j’étais précisément le 22 septembre 1960. J’avais 10 ou 11 ans. J’avoue que je n’en sais rien du tout, je n’ai pu répondre. Alors, lorsqu’ils ont fait la cérémonie au stade Omnisports Modibo Kéïta pour le défilé civil, j’ai demandé à Sékou de venir avec moi. Il m’a demandé pourquoi, je lui ai expliqué qu’il y a un défilé que je voudrais qu’il suive. On a regardé le défilé ensemble et à la fin je lui ai dit, si, au centenaire du Mali, on te pose la question de savoir où tu étais, tu auras le loisir de dire que c’est sur les genoux de ton grand-père que tu as regardé le défilé civil.

Pour parler du Mali, nous sommes obligés de sortir au-delà des 60 ans, parce qu’il y a eu des pionniers d’indépendance que je classe en deux groupes et je me permettrais de citer quelques-uns comme Mamadou Konaté, Fily Dabo Sissoko, Modibo Kéïta, Hamadoun Dicko, Tidiane Faganga Traoré, Sidibé et bien d’autres… ils sont très nombreux ! Il y a également de plus jeunes qu’eux, qui sont se battus et de toute leur force, les syndicalistes, pour qu’un jour notre pays soit indépendant.

L’occasion a été donnée au président de l’Assemblée nationale, à l’époque Mahamane Alassane Haïdara, de proclamer l’indépendance du Mali. Je dis merci à mes tontons, merci à mes papas qui ont fait un travail remarquable. Nous ne sommes pas encore à leur hauteur, mais nous avons tout pour mériter de leur confiance. Il y aussi les militaires… Lorsqu’on parle des militaires, on parle du général Abdoulaye Soumaré. Je suis de la 4e promotion de l’Emia (Ecole militaire inter armes, Ndlr) et cette promotion s’appelle “Général Abdoulaye Soumaré”.

Les frères Drabo (Pinana et Kélétigui), le colonel Sékou Traoré qui a été l’un des chefs d’état-major de l’armée malienne, Mohamed Ould Issa, le frère Balla Koné… Je voudrais les remercier et les féliciter pour tout ce qu’ils ont fait pour ce pays.

En 1960, le Mali avait 20 cadres supérieurs. Il n’y avait que 360 km de routes bitumées. Aujourd’hui nous sommes à 5500 km. D’autre part, il faut parler de ce qui était notre atout important et surtout pour ceux qui sont appelés à gérer ce pays : le Mali de demain sera basé sur l’agro-pastoral. En 1960, on avait 50 000 ha, en 2010, on comptait 350 000 ha. Pour ce qui concerne le réseau électrique, en 1960, on avait deux mini-centrales, Darsalam et Félou… En 2010, on dénombrait 19 centrales autonomes et 6 centrales à réseaux interconnectés.

D’autre part, l’armée malienne a été créée entre le 1er octobre 1960 et le 20 janvier 1961. Nous avons commencé en tout et pour tout avec un effectif de 1 272 éléments, un officier général, 5 officiers supérieurs et 46 officiers. Un point qu’il faut souligner, c’est que ces soldats et ces officiers qui ont quitté l’armée coloniale pour venir au Mali ont pour la plupart renoncé à tous leurs droits. Ils n’avaient pas atteint la retraite proportionnelle qui était de 15 ans et l’arrêt définitif du travail qui est de 30 ans.

Ils avaient foi au Mali, ils nous ont laissé aujourd’hui une armée dont l’effectif tourne entre 40 et 50 000 éléments. L’Union soudanaise RDA de Modibo Kéïta et les officiers ont demandé l’évacuation de l’armée française. Les premières troupes sont parties en 1961, le 8 juillet elles ont quitté Tessalit qui était la base la plus grande, le 2 août ils ont quitté Gao, et en septembre, ils ont quitté la Base aérienne de Bamako.

A vous entendre parler de l’armée, de ces anciens, on peut dire que c’est depuis cette époque que vous avez eu cet amour de l’armée ?

Mon père, qui trouvait que j’étais un enfant gâté à Mopti, m’a envoyé chez mon oncle à Tombouctou. Mon attraction, chaque matin, c’était d’aller voir les troupes monter les couleurs au camp militaire en face de la mosquée de Djingarey-Ber.

J’y voyais les Jeeps (véhicules militaires adaptés au terrain, Ndlr). C’est à partir de là que j’ai juré et souhaité être un militaire. J’y ai fait carrière. Je ne suis pas le plus grand. Loin de là… Il y a eu une destinée et ensuite la main de Dieu. J’ai quitté l’armée avec le grade de Général d’armées. Je pense que j’ai eu ma part.

Quelqu’un qui est engagé par amour dans l’armée et quelqu’un qui y vient pour trouver du travail, ça ne donne pas le même résultat ?

C’est vrai. J’ai travaillé avec des anciens que je commandais dans les différentes unités. J’ai eu des hommes qui ne savaient ni lire ni écrire, mais ils étaient de braves soldats. Le plus important, c’est surtout le caractère militaire, ce sont des gens qui sont venus avec une vocation, ils voulaient être militaires et l’ont été. Très souvent, ces gens étaient nettement meilleurs que certains universitaires que j’ai rencontrés et commandés. L’esprit militaire est très important.

Quel que soit ce que vous connaissez, si vous ne l’avez pas, c’est difficile. Lorsque je suis arrivé au Camp para, nos instructeurs étaient pour la plupart des caporaux comme Nianankoro Fomba, Sériba Berthé, etc… Ils nous ont appris le saut en parachute, la manipulation des explosifs ? Pourtant, c’était des caporaux alors que moi je venais comme sous-lieutenant ! Je salue la descendance de ces gens et tous les sacrifices qu’ils ont consentis pour ce pays. Que leur âme repose en paix !

Si l’indépendance politique a été obtenue de manière pacifique, elle a été précédée par 75 ans de résistance aux quatre coins de l’ex-Soudan français… Vu la situation sécuritaire du pays, peut-on affirmer que le Mali a perdu les faits héroïques de ce récit ?

En partie, mais pas totalement ! C’est vrai que nous sommes un peuple de guerriers, mais chaque génération fera sa part de devoir dans l’édification de notre nation. Elle sera aussi confrontée, chacune, aux défis de son temps. C’est vrai que nous nous sommes battus et affirmés 75 ans durant, mais il y avait un général français qui a participé aux invasions coloniales et qui a fait des appréciations particulièrement éloquentes vis-à-vis de nos forces.

Il disait que la lutte coloniale au Soudan n’a pas été facile et que contrairement à ce qu’ils ont rencontré dans bien d’autres pays, c’est au Soudan qu’ils ont buté à la résistance la plus difficile. La première des batailles contre l’invasion coloniale a commencé à Sabouciré, le 22 septembre 1878. Et c’est en souvenir de cette bataille que les pères de l’indépendance, Modibo Kéita et les autres, ont décidé de faire en sorte que notre indépendance soit proclamée le 22 septembre 1960.

C’est à Sabouciré que nous avons entendu les premiers coups de canon des Français. Evidemment, il y avait d’autres mouvements de résistance à Nioro du Sahel, à Ouéléssébougou, à Sikasso avec les frères Tiéba et Babemba, à Tominian, à Niangasso, à Bénéna, à Koro, à Andéraboucane avec Fihroun. Ils se sont battus jusqu’au dernier souffle pour certains et les éloges de ceux-là mêmes qui les ont combattus sont les meilleurs témoignages qu’on pouvait leur adresser.

En 1890, il y a eu la bataille de Mayo, localité située près de Nioro du Sahel : 9 000 morts en une seule journée et c’est là qu’un neveu d’El hadj Omar et Louis Archinard se sont affrontés. Il y a eu un autre affrontement plus loin à Tombouctou où les frères Bonnet ont été complètement laminés et battus par les troupes touaregs révoltées. Des signes que nous n’avons jamais été piétinés, parfois nous avons été battus, mais nous sommes restés droits dans nos bottes !

C’est dire que le Mali vient de très loin avec des hommes valeureux qui ont enseigné la bravoure et l’amour de la patrie ?

Toutes nos grandes chansons, ce sont des chansons de guerriers. Et la plupart de ces grands chefs étaient des chefs militaires. La bravoure au Mali est une vertu. Niamody Sissoko qui était le chef de Sabouciré, Babougou Diarra, Chérif Hamala, Firhoun, le grand chef touareg, Tiéba, Babemba, El hadj Omar, Samory Touré et bien d’autres… se sont battus. Il faut que nos enfants aient à l’esprit les sacrifices qu’ils ont consentis. Il y a eu aussi des foyers insurrectionnels, comme à Bélédougou avec Komi Diossé, il y a eu la région de la Volta avec Yero Banga, il y a eu la région de Bani avec Banzani Théra…

Ensuite il y a eu la région du Gourma et de Mopti… C’est pour vous dire combien notre histoire est riche. Mais la partie la plus riche encore ce sont les gestes, c’est-à-dire les exploits guerriers et la manière dont les hommes se sont battus. Lorsqu’on m’a parlé d’interview, j’ai dit que je me permettrais de faire un peu l’Histoire. Vous savez, comme formation de base, je devais faire l’histoire et à l’époque c’étaient les Professeurs Alpha Oumar Konaré et ma sœur Adame Ba Konaré qui étaient nos professeurs. L’ancien Premier ministre Modibo Kéita était notre professeur de français.

Nous avons eu trois talentueux formateurs et nous avons été leurs élèves pendant six mois à l’Ecole normale de Badalabougou. Un autre point fondamental, les tatas. Aujourd’hui, les gens ne citent que les tatas de Sikasso, mais il y avait des tatas à Sabouciré, à Hamdallaye avec Sékou Amadou. Les tatas sont en même temps les emblèmes du refus et de la liberté.

Les mêmes chefs de guerre français ont dit quelque chose d’important, à savoir que le Soudan était la grande école où s’est formée l’armée française dans tout ce qui concerne les luttes coloniales et c’est là également qu’ils ont élaboré la doctrine coloniale française. Mais qui étaient-ils ? Borgny Desbordes a conquis Bamako, Louis Archinard a conquis Ségou, les frères Bony, Charles Magien, Joseph Gallieni, Jean Baptiste Marchand, Baratin, Portier et Germain… La plupart de ceux-ci ont fini généraux de l’armée française et dans les postes les plus élevés. Mais c’est au Mali qu’ils ont acquis une bonne expérience. Et dans leurs propos et leurs témoignages pour l’histoire, ils ont été très élogieux vis-à-vis de nos grands-pères et de nos parents.

Pendant vos deux mandats, vous avez laissé l’image d’un président bâtisseur, certainement que vous avez voulu suivre les traces de ces ancêtres que vous citez ?

Ils ont tellement de qualités que je n’ai pas, j’aurais voulu être l’un d’eux ! C’est vrai, j’aurais voulu être un bâtisseur. On est tellement nombreux, ceux qui ont participé à bâtir, les équipes et les intelligences que je ne peux que m’en enorgueillir. Il faut remonter les crises que nous connaissons aujourd’hui. Elles sont venues d’autres régions africaines et nous créent des problèmes avec le GSPC, avec Al-Qaïda et d’autres mouvements.

Il y a quelque chose d’extrêmement important qu’il faut souligner : nos jeunes, depuis 2000, combattent jusqu’à aujourd’hui et ils n’ont pas arrêté, fatigués, épuisés. Malheureusement, dans le matériel militaire, tout commence à s’épuiser par l’homme lui-même, ce n’est pas aisé. Et quand on perd une bataille, il y a beaucoup de bruits, pourtant il y a beaucoup de choses qu’on gagne, mais on parle moins, c’est dire que ces jeunes sont à encourager. Il y a en ce moment un spot sur les FAMa qui passe à l’Ortm, au début je ne comprenais pas, mais après j’ai compris et j’ai dit : c’est un très bon spot ! Nous n’avons d’autre choix que de supporter notre équipe (les FAMa) et ces jeunes gens ont besoin de ça. Ce qui est important et au-delà de tout, la guerre ne se gagne pas que par les matériels, elle se gagne au mental.

Vous avez fait beaucoup de réalisations, qu’est-ce qui vous a le plus donné satisfaction ?

Vous dites bien que nous avons bâti et réalisé beaucoup de choses, mais j’ai été aussi parfois profondément choqué et déçu. En 2006, déjà, j’ai attiré l’attention de notre communauté sous-régionale sur ce que je voyais venir car je voyais les caractéristiques de cette guerre terroriste au Nord du Mali. C’est une guerre frontalière, c’est-à-dire de frontière à frontière, c’est une guerre asymétrique comme les gens le disent aujourd’hui. C’est une guerre à laquelle l’armée n’est pas préparée et nous y mettrons du temps. Ce que nous devrons faire, c’est de voir comment nous mettre ensemble, étant donné que le problème est régional, il faut des réponses régionales, étant donné que le problème est transfrontalier, il faut des réponses transfrontalières.

Malheureusement, ils ont mis 11 ans pour me comprendre. C’est en 2017 qu’on est venu mettre en place le G5-Sahel. Imaginez le temps qu’on a perdu : 11 ans ! Et pendant ce temps, les autres ont eu le temps de se préparer, de s’armer, de s’organiser, de recruter, de corrompre et d’occuper le terrain. Et 11 ans après, on vient, comme si on devait tourner une page d’écolier. C’est ce qui a été particulièrement difficile. Et cela fait partie de ce que je considère comme l’un de mes échecs !

Et pourtant, j’ai été en Centrafrique et quand je vois des cadres, d’anciens présidents de ces pays chez nous ici, je ne vais pas citer de nom, parce que ce sont quand-même mes amis, je me dis que la roue de l’histoire tourne et que si on m’avait écouté, je ne dirai pas qu’on aurait gagné, mais ce qui est certain, on aura fait mieux ! Ce côté m’a vraiment beaucoup gêné.

Est-ce qu’avec le G5-Sahel, 11 ans après, on peut inverser la tendance ?

Le fait que le G5-Sahel soit là est déjà une bonne chose. En tant que soldat, je ne suis pas fier de l’intervention de Serval, que d’autres viennent intervenir à notre place. Mais, nous aussi, nos grands-pères sont intervenus dans différentes guerres qu’ils ont connues. C’est donnant-donnant à la limite. Nos parents sont partis pour la liberté, eux aussi sont venus pour la liberté.

Quand François Hollande est venu à Bamako, il disait que la France venait payer sa dette de sang…

C’est vrai, je suis d’accord avec lui. C’est courageux de sa part et je le félicite pour ça parce qu’il a parfaitement raison ! Lorsque j’étais en Centrafrique, je commandais les forces et j’étais le médiateur qui représentait les chefs d’Etat du Gabon, du Burkina, du Mali, du Sénégal, de la République centrafricaine elle-même, du Bénin. Ce qui faisait à peu près une troupe de 4 000 hommes, plus l’armée française qui était stationnée à Bangui. La situation était difficile. Après réflexion, nous avons vu que notre carence la plus importante, c’étaient les capacités.

A ce moment-là, nous avons mis en place le Recamp, le renforcement des capacités. On n’a jamais fait le point pour savoir où on en était, et immédiatement un jour on a vu un nouveau concept. Ce nouveau concept, c’est le G5-Sahel. Ce n’est pas mal, ils ont un énorme travail. Ils sont venus se battre pour nous et nous aussi on s’était battus pour eux. Il y a tellement de dettes qu’on paye aujourd’hui, que c’est nous qui avons donné ces dettes. Le Recamp qu’on a fait a tenu et je pense que l’un comme l’autre, si ce sont des moyens qui peuvent nous aider, on ne peut que s’en féliciter.

Nous savons que dans le cadre de l’Ecomog, le Mali était l’un des grands fournisseurs de militaires…

Parfaitement ! Nous avons fait la Sierra-Leone. Nous avons fait le Libéria et moi-même je suis parti en Centrafrique au nom du Mali. J’y ai fait deux ans et demi et je suis revenu avec toutes les médailles qu’on pouvait donner. Je les ai accrochées à la maison et je vais les donner un jour à mes petits-enfants.

Vous avez parlé de ce qui a pu vous gêner, mais quelles sont vos grandes satisfactions ?

En 2002, le Mali n’était lié par des bitumes qu’à trois pays et en 2012, à part l’Algérie avec l’axe sahélo-saharien, tout le reste était bitumé (Bamako-Burkina-Côte d’Ivoire-Guinée)… Ce qui veut dire que malgré nos insuffisances, nous avons aussi fait des progrès. Nous avons fait le pont de Wabaria et le jour de son inauguration, le chef de village de Wabaria m’a dit : cela fait 100 ans qu’on attendait ce pont ! Et c’est à partir de là que nous avons continué la route sur 200 km entre Gao et Labbezanga.

Le 3e Pont de Bamako également, c’est un cadeau de nos amis chinois, que nous avons appelé “le Pont de l’amitié sino-malienne”. C’est dire combien nous sommes redevables à ce pays qui a toujours été à nos côtés et qui a tout accepté pour nous. Un moment, à chaque fois qu’on me disait de demander quelque chose à la Chine, je refusais. Ce pays nous a tellement donné que j’ai disais ça suffit !

Il y aussi les vastes infrastructures énergétiques (Sopom, Balingué, Félou), les différentes interconnexions, l’Amader qui a fait un travail remarquable… En 2002, on avait 145 MW, en 2012, on avait 425 MW. Je parle des chiffres pour qu’on sache combien nous avons réalisé des progrès. Je parlerai également de l’eau qui est peut-être mon plus grand succès, mais que les gens ne disent pas.

A l’indépendance en 1960, on était à 2 % d’eau potable, et en 2012, on était à 73 %. Ce qui dépassait l’Objectif du Millénaire pour le développement. Un petit souvenir pour Soumaïla Cissé, un ami, un frère. J’ai une profonde pensée pour lui, sa femme et ses enfants, pour dire que tout ce qu’ils vivent comme douleur nous le partageons avec eux. Soumaïla Cissé n’est pas seulement leur père et leur mari, c’est notre camarade de promotion.

C’est dire que je connais cette zone. Encore, je sais comment les choses se passent dans cette zone. Mais je dis qu’aucun effort ne sera épargné pour le retrouver.

Je féliciterai donc toujours Soumaila pour les 400 forages qu’il a donnés au Mali lorsqu’il était président de la Commission de l’Uémoa. Et lorsque je suis parti au département d’Etat américain pour la signature du Millenium Challenge, ce jour fut l’un des plus beaux souvenirs et j’étais fier de ce nous avons obtenu.

Le Millenium Challenge est un programme mondial sur lequel le Mali a été le 9e pays retenu, grâce à nos particularités et nos succès, contrairement à ce que certains disent “foyi maa kè”, (rien n’a été fait) ! Ce n’est pas vrai, “dô kèra, aabè maakè”, mais “dôkèra” (tout n’a pas été fait, mais beaucoup a été fait) ! Avec ce programme, ce sont 277 milliards de Fcfa que les Etats-Unis ont mis gratuitement à la disposition de notre pays. Nous avons fait Alatona avec tout ce que cela représentait pour le Village du Millénaire. C’est avec ça que nous avons fait l’Aéroport de Bamako et que nous avons pu pousser jusqu’à 3 200 m. Le jour où je suis parti, le Mali était le 9e pays mondial à bénéficier du programme et le 3e en Afrique. Et ce qui me fait mal, c’est que depuis le coup d’Etat de 2012, le Mali a été effacé du programme. Cela veut dire que nous sommes en train de perdre de l’argent inutilement ! J’ai entendu tout récemment qu’un pays voisin vient d’avoir 500 milliards de Fcfa.

Vous avez parlé de la Transition, des difficultés que vous avez rencontrées… C’était dur pour vous à ce point ?

Pas facile du tout. Et quand je vois des gens parler de Transition, je dis qu’ils ne savent pas. S’ils savaient, ils n’allaient pas se quereller pour ça. Je crois que nous sommes à la croisée des chemins, il va falloir qu’on réussisse. Nous n’avons besoin d’aller apprendre de qui ce soit, nous connaissons ce qu’est une Transition. Nous avons fait une Transition qui a très bien réussi et nous sommes prêts à donner des leçons, à en avoir oui car on peut toujours apprendre des autres.

Sur les 60 ans d’indépendance du Mali, la moitié du parcours a été réalisée sous le multipartisme, et vous êtes un acteur de mars 1991. Quel bilan politique dressez-vous aujourd’hui en matière de démocratie et de bonne gouvernance ?

Si je dis que tout a été parfait, les gens vont dire c’est faux ; et c’est faux. Nous avons fait des efforts, nous avons eu des réussites, nous avons fait des échecs, nous avons eu des regrets. De 1960 en 2020, nous avons connu quatre coups d’Etat, ce n’est pas une gloire. Et je suis très mal placé pour en parler, parce j’ai en fait et j’en ai subi, c’est aussi cela la vie. Mais je ne suis pas convaincu que ce n’est pas avec des coups d’Etat qu’on va sortir le Mali du gouffre.

Il faut qu’on mène les débats jusqu’au bout. Mener les débats en partie et laisser les militaires venir régler notre problème n’est pas une solution. Nous ne devons pas être aussi carents pour ne pas pouvoir mener les débats où nous devons trouver des réponses politiques aux problèmes politiques. Mais lorsqu’on donne des réponses militaires à des problèmes politiques, c’est difficile à expliquer. A l’époque, qu’est-ce qui s’est passé, nous avons été obligés de voir ce qu’il y a lieu de faire. On a parlé de modifier la Constitution et ils ont gagné. Mais après, il fallait revoir certains aspects, j’ai fait appel à Daba Diawara, l’un des meilleurs qu’on pouvait avoir dans ce domaine, et nous avons mis en place le Cari pour parer aux difficultés de gestion de la démocratie.

L’un des points les plus importants, c’était la réforme des institutions. Il fallait également revoir la question des partis politiques, le code électoral et les élections. Tous les problèmes que nous connaissons sont liés à la mauvaise organisation des élections. Si demain je devais rendre service à ceux qui vont gérer notre pays, je leur dirai prenez ce document. Il y a 233 propositions et sur les 233, on n’a retenu que 30. Inspirez-vous de cela. Si on avait lu et compris, on n’en serait pas là. Dans ce document, on a mis ce qu’on appelle la gestion des élections, il s’agissait de mettre un organe indépendant chargé de l’organisation des élections. On avait tout mis. En 2002, lorsque j’étais candidat, c’est la Céni qui organisait les élections. En 2007, c’était également la Céni. En 2013, c’est le ministère de l’Administration territoriale qui a organisé les élections. Je vais vous dire une chose, tant que c’est le Ministère qui organise les élections, le gouvernement en place ne perdra jamais !

Il nous faut donc un organe unique, correct, équipé, qui aura ses démembrements jusque dans les arrondissements, au niveau de la diaspora. Au-delà de tout ça, il va falloir qu’on se rassemble.

Et je pense que ce document qui a été élaboré à l’époque est une porte.

L’une des plaies de notre démocratie, c’est la corruption et le népotisme or la lutte contre ces fléaux tarde encore à produire ses effets…

C’était l’un des points sur lesquels je me suis appesanti. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de rectifier une chose : on a dit qu’ATT a dit qu’il n’humilierait aucun chef de famille. Je ne l’ai pas dit, mes propos ont été sortis de leur contexte. J’ai plutôt dit que je ne vais pas humilier quelqu’un sur un rien du tout, si la justice te condamne moi je te condamne, mais sortir à la télé ou dans les journaux pour accuser des pères de famille, j’ai dit que je ne suis pour ça, moi je ne prends pas ça, et je ne laisserai personne prendre ça ! Pour lutter contre ces pratiques, lorsque je suis venu aux affaires, j’ai mis en place le Bureau du Vérificateur général.

Et lorsque nous avons quitté, il n’y avait que deux pays qui allaient dans ce sens, l’Ethiopie et le Rwanda et nous sommes partis pour leur demander ce qu’ils faisaient. Nous sommes partis au Canada, parce que le Vérificateur général est un concept canadien pour que des Canadiens viennent nous accompagner, nous aider à mettre en place tout cela. On n’avait pas commencé, il y a eu quelques dérapages, et je me suis dit qu’il fallait quelques temps et un peu de maturité pour qu’on maitrise mieux. Ceci est extrêmement important.

Lorsque nous sommes partis dans certains pays, ils nous ont dit vous êtes très audacieux, comment est-ce possible de confier pendant 7 ans à des hommes, triés sur le volet soient-ils, pour qu’ils s’occupent de la lutte contre la corruption, en tout cas, nous on vous suit pas. Ça c’était un instrument que nous avions, mais la lutte contre la corruption s’apprend depuis l’école. Lorsqu’on était dans les petites classes, on avait deux exercices classiques : instruction civique et morale ! Et mêmes les petits livres que nous avions, l’histoire tournait toujours autour de la punition d’un voleur ou d’un menteur et mettait en exergue la vertu.

Quand on veut lutter contre la corruption, ça commence en famille d’abord. Il y a l’éducation familiale, plus tard on remonte à l’école, on remonte à des quartiers et on forme. Mais aujourd’hui tout le monde veut réussir et tout de suite. Eh bien qu’est-ce qu’il faut faire ?

Lorsque vous êtes allé aux Etats-Unis pour signer le Millenium Challenge, au retour vous êtes passé par Bruxelles où on a félicité le Mali comme un pays modèle de démocratie et de bonne gouvernance. Aujourd’hui le Mali est devenu l’anti-modèle, qu’est-ce qui n’a pas marché pour qu’on en soit là ?

En 2002, moi je me suis présenté comme candidat indépendant. Est-ce que c’est normal qu’un candidat indépendant gagne les élections ? Depuis lors, on aurait dû comprendre que quelque chose ne va pas ! Je ne parlerai pas des partis politiques que je respecte et certains d’entre eux ont fait un travail remarquable, mais ce n’était pas normal qu’un candidat indépendant gagne les élections. Et pourtant, je les ‘ai gagnées deux fois, et je suis content d’avoir gagné. Mais je me suis dit que quelque chose ne va pas.

Chez nous, avec tout ce qui a été fait comme lutte, un indépendant ne devait pas gagner. Et pourtant, c’est fait, parce que le vote, c’est une question de confiance. Lorsque vous avez été investi d’une certaine confiance, vous gagnez. Ceci est un principe dont on doit tenir compte. Ce qui veut dire que quelque part et sur certains aspects les choses n’ont pas marché comme on le souhaitait. Nous devons tous avoir le courage de revoir ces choses. Ensuite les mentalités ont changé. Imaginez, pour qu’on dise avant que quelqu’un est corrompu, c’était la croix et la bannière. Mais aujourd’hui, les gens sont pressés. Dès qu’ils commencent à travailler, ils veulent avoir une voiture. Ensuite d’autres parlent de l’impunité, mais tant qu’il y aura l’impunité, il y aura la corruption. Je crois que dans ce domaine, c’est l’exemplarité qui compte. Si on m’amène des jeunes qui doivent être des chefs d’Etat et on me demande de leur prodiguer un conseil, je dirai qu’on n’a pas besoin d’aller dans des grandes écoles et avoir des diplômes pour être président, il faut avoir certaines qualités et parmi les qualités que doivent avoir un président, c’est d’abord l’exemplarité.

Et le deuxième point, c’est la retenue. Retenue dans ce que vous dites, retenue dans ce que vous faites, retenue dans vos actions. Si vous intégrez ces deux qualités parmi tant d’autres, vous serez peut-être un jour un bon élève-président !

Est-ce que l’un des grands problèmes de notre pays, ce n’est pas la disparition de l’autorité parentale, parce que maintenant dans les familles il n’y a plus d’autorité. Avant, les grands-parents, après les diners racontaient des histoires, des contes autour des leçons de sagesse, mais aujourd’hui c’est la télévision qui éduque les enfants ?

Le premier chant que j’ai appris, c’était le coq chante et le jour apparait, et c’est ma grand-mère qui me l’a appris. En ce temps-là, on était 4 millions, aujourd’hui nous sommes 19 ou 20 millions, mais il n’y a pas quelqu’un qui peut jurer que ses enfants n’arrivent à lui échapper. Aujourd’hui, on ne maitrise plus rien. D’abord avec l’âge, avec le monde, avec la télévision, avec les nouvelles technologies et tout.

Avant on affichait partout interdit au moins de 18 ans. Mais maintenant tu perds ton temps ! Tu racontes ces histoires, les enfants vont prendre leurs tablettes et ils peuvent accéder à tout ce qu’ils veulent. Je pense que quelque part les choses ont changé et je suis d’accord avec toi. La pression familiale était nettement plus importante que maintenant et on n’a plus le moyen de contrôler les enfants. Il y a des parents également qui ont démissionné et ensuite il y a les coins du quartier, la ville et l’école.

Vous allez voir les dealers, mais où est-ce qu’ils vont ? Ils vont dans les écoles où les parents payent le plus, ils s’asseyent et ils commencent à démarcher les enfants et ils les détournent de leur objectif et ça c’est un mal que j’ai vu ici. Je suis d’accord, nous les parents, nous avons une responsabilité.

Monsieur le Président, si on vous demande de résumer votre parcours en un temps précis, lequel serait-il ?

Nous avons fait énormément de choses, mais nous n’avons pas pu tout faire. Nous avons fait des erreurs aussi et des fautes. Mais je pense que l’une des plus belles réalisations que nous avons faites pour ce pays, c’est l’Assurance maladie obligatoire (Amo). Les gens oublient très souvent que l’Amo est une revendication syndicale.

Un beau jour, l’Untm et certains syndicats sont venus me dire ça fait partie de nos revendications. Je leur ai dit que ça tombe bien et ils disent pourquoi ? Parce que je suis pour qu’on mette ça et que cela soit élargi à vous, à vos familles, à vos pères et mères. Ce qui fait la particularité de l’Assurance maladie obligatoire au Mali, de la Canam et tout le reste.

Si on me demande qu’est-ce qui m’a le plus satisfait, je dirai l’Assurance maladie obligatoire et la Canam ! Mais il y a une autre satisfaction, c’est les logements sociaux. Lorsque j’ai donné les clés à des chefs de famille ou à des veuves qui pleuraient pour me remercier ou si je vais actuellement dans la ville de Bamako, les gens le disent que j’ai fait de bonnes choses, je dis pourquoi, ils disent les logements sociaux. “Amadou I yé anw bô louansé là” (Vous nous avez épargné les affres de la location)… Ça fait plaisir !

Lorsque l’on faisait mon discours du Cinquantenaire, je me suis rappelé que le Mali de 1960 jusqu’en 2010 n’avait jamais construit un hôpital, j’étais surpris et j’ai dit comment ça ? Ils m’ont dit que le dernier hôpital qui a été construit, c’est chez vous, l’hôpital Somino Dolo. Il l’a été en 1959-1960.

J’ai inauguré l’hôpital régional de Sikasso, je n’ai pas pu inaugurer l’Hôpital national du Mali, c’est le président IBK qui l’a fait et qui a tenu à me dire un mot vraiment très gentil, je l’en remercie. Nous avons réhabilité Gabriel Touré, nous avons réhabilité Point-G, réhabilité Kati. C’est là que je me suis dit que tout compte fait, ceux qui disent que nous n’avons rien fait, ils se trompent. On n’a pas tout fait, mais on a fait beaucoup.

On a parlé du Cinquantenaire et à l’horizon 2080 ce serait les 60 prochaines années. Comment voyez- vous le Mali dans les 60 prochaines années à venir ?

Nous avons fait notre part d’Histoire, c’est à vous nos enfants que le Mali reviendra. Nous ne pouvons pas faire notre Mali et faire le Mali de nos enfants. Le prochain Mali qui va s’engager, c’est le vôtre et vous n’avez pas le droit de faire moins que nous. Vous devez vous battre, vous êtes plus instruits, vous êtes mieux préparés et vous n’avez pas le choix.

En tout cas, moi j’ai un souhait, je ne maitrise pas les jets de cauris pour dire ce qui va se passer au Centenaire, mais je suis convaincu d’une chose : le Mali a des atouts extrêmement importants. Nous avons 65 millions de terres aménageables et cultivables. Nous avons le génie malien. Est-ce que nous serons là pour vous féliciter ou nous ne serons pas là ? Dans tous les cas, quel que soit le lieu où l’on est, nous aurons toujours l’esprit vers vous.

Quand vous étiez président, vous aviez vos habitudes. Souvent vous arriviez même à semer votre sécurité pour aller au contact des Maliens… Est-ce qu’aujourd’hui vous avez le temps d’aller causer avec des compatriotes un peu partout ?

J’ai plus de problèmes aujourd’hui que lorsque j’étais président où j’avais ma garde. Maintenant je ne peux même pas aller acheter quelque chose au marché. Je me retrouve complètement submergé. C’est ça la récompense ! Ils ne m’ont pas donné de l’argent, ils ne m’ont pas donné de l’or, ils ne m’ont rien donné, mais c’est l’affection des Maliens, la sympathie des Maliens et la confiance qu’ils ont d’un ATT à l’autre.

D’abord, il faut dire que lorsque j’étais président, je m’étais dégagé une ligne de conduite, à savoir que je ne serai pas prisonnier de mon métier. J’ai été moi-même de la garde présidentielle, j’ai été chef de la garde du général Moussa Traoré pendant près de 8 ans, donc je sais quelles sont les contraintes d’un président de la République. Avant d’arriver à cette fonction j’ai fait tout : commandant de la garde présidentielle de Moussa Traoré qui a eu l’honneur de me faire confiance jusqu’aux événements de mars 1991. Mais la vie est ce qu’elle est, à un moment ou un autre on décide.

Maintenant, ce que je retiens est important : j’accepterai tout sauf être mis en prison. Il faut que je sois libre de mes mouvements ! Je ne suis pas obligé de tout dire, parce que la retenue est l’un des meilleurs sentiments que puisse avoir un homme qui a une certaine responsabilité. Et quelqu’un m’a dit mais qu’est-ce que tu fais ? J’ai dit ce que je sais faire le mieux. Il a dit : c’est quoi ? Je n’ai dit rien du tout. Je suis dans mon bureau le matin, dans l’après-midi je suis à la maison. J’ai fait une salle de sport à la maison, en tant que vieux commando, je continue à tirer les muscles. Et je crois que la vie, ce n’est que ça. Lorsque tu as fait ton temps, sage tu as été. L’homme sage est celui qui connait ses limites !

Salif Sanogo

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