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Mopti : l’Etat Islamique de demain ?

La situation dans la région de Mopti suscite de graves d’inquiétudes. On peut y voir des terroristes essayer de porter les habits de sages et de médiateurs, ce qui fait craindre le pire. On va rappeler ici pourquoi il ne faut pas se laisser abuser par leur ruse et surtout, montrer quel est le véritable projet qu’ils cachent.

Ils prospèrent sur le meurtre, le pillage, le désespoir.

Pendant des mois, les groupes terroristes qui dominent cette région, comme la Katibat Macina d’Ansar Dine d’Amadou Kouffa, ont nourri le feu et la guerre entre les communautés Peulh et Dogon. Les problèmes existaient avant, c’est vrai, mais le déchainement de la violence est bien le fait des terroristes.

De carnages en vengeance, de pillages en exécutions, d’enlèvements en attaques sur les écoles et les centres de santé, c’est toute la région qui s’est embrasée, pour devenir la plus violente du pays. Les bombes explosent sur le bord des routes, les ONGs humanitaires sont attaquées. Pour avoir les chiffres précis de tous ces méfaits, vous pouvez vous reporter au dernier rapport de la Division des Droits de l’Homme et de la Protection de la Minusma. Pour n’en donner qu’un : 214 attaques sur trois mois dans la région de Mopti, plus de deux par jour.

Pour mieux recruter et prendre le contrôle de la région.

Tout ça dans quel but ? Le premier, c’est d’enrôler de nouveaux combattants. On est quand même plus enclin à aller se faire tuer pour un groupe de criminels quand on a déjà tout perdu, qu’il faut trouver à manger, de quoi nourrir sa famille, et qu’en plus on vous fait croire que vous allez vous venger en servant Dieu.

Le second, c’est de faire le vide, de se créer un territoire. Pour cela, il faut assassiner, faire fuir ou enlever les guides des communautés, qu’ils soient religieux, ou maire de village, ou soldats de l’armée, ou encore membres d’associations humanitaires. Ce sont eux qui sont visés en premier. Ensuite, ce sont les récoltes qui sont pillées ou brûlées, les marchés attaqués. N’ayant plus de quoi vivre, les villages sont abandonnés en partie ou complètement. Ceux qui restent sont à la merci des armes et contraints au silence. Ces groupes veulent peu à peu prendre le contrôle d’un territoire où la population aurait en partie disparue ou serait à leur merci. Il suffit de regarder les mouvements de déplacés ces derniers mois.

Puis ils se présentent comme des faiseurs de paix

Une fois que les habitants de la région de Mopti, Peuls, Dogons ou Dozos sont vraiment épuisés, désespérés ou partis, là les mêmes groupes terroristes viennent et appellent à la paix. Une paix que tout le monde souhaite. Mais comme dit le proverbe, « Pour se réconcilier, on n’apporte pas un couteau qui tranche, mais une aiguille qui coud. » Eux cachent à peine leurs couteaux dans leurs dos, mais les gens ne voient plus rien.

Depuis la fin du mois de juillet, on voit se multiplier des soit-disant médiations entre les communautés, chapeautées par ces terroristes qui ont tout déclenché. Ils sont comme un maître sadique qui caressent la tête de l’animal qu’il vient de battre presque à mort. « Ce n’est pas vous qui êtes nos ennemis, mais l’Etat malien », « faites la paix, soyez frères et sœurs ». « Nous allons vous donner à manger ». A manger ? Mais ce sont les mêmes récoltes qu’ils ont pillées !

Et puis ils ajoutent « nous allons vous apprendre la parole de Dieu ». Mais ils ont justement égorgé l’Imam du village, enlevé le maire et violé des femmes alors que c’est formellement interdit par la Parole sacrée.

Le devoir de la transition politique et militaire vis-à-vis de la région de Mopti

Il ne faut pas abandonner les gens de Mopti, laisser le terrain libre pour ces terroristes. L’occasion est là pour repartir sur un nouveau pied, pour tirer le bilan des erreurs qui ont été faites, sans se voiler la face. Il faut se rappeler de 2012 et mettre tout en œuvre pour que Mopti ne soit pas un nouveau Gao ou Tombouctou. Le Mali n’aura pas de troisième chance.

Ibrahim Keïta

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