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Assainissement : l’Afrique subsaharienne a-t-elle baissé les bras ?

À croire que nous sommes maudits !

Loin de moi l’idée de nous attirer les foudres des ancêtres ou de verser dans le fatalisme, mais je me pose juste la question au regard de notre approche inefficace d’assainissement.

En résumé, nous n’avançons pas !

Vous en doutez. Un premier chiffre. Saviez-vous qu’en 2010, seulement 3 Subsahariens sur 10 avaient accès à l’assainissement[1] ?

Mais ce n’est pas tout ! 10 ans après, savez- vous de combien nous avons amélioré ce chiffre ? De Zéro !

Oui, incroyable mais vrai, ce score n’a pas changé, presque 10 ans après. C’est l’un des seuls Objectifs du Millénaire pour le Développement de l’ONU, arrivés à échéance en 2015, où presque aucune amélioration n’a été notée.

Pour les plus chanceux d’entre-nous, vous êtes équipés de la Ferrari de l’assainissement : le collectif. Un système qui permet de transporter vos cacas, via des canalisations, de vos toilettes directement vers une station de dépotage ou même mieux vers une station de traitement.

Et si je vous traite de chanceux, le choix du mot n’est pas anodin, lorsqu’on considère le coût et les contraintes d’aménagement liés à l’installation de ce système.

Concrètement, si votre maison est déjà construite, oubliez, c’est à priori trop tard !

Est-ce que cela suppose que nous-autres sommes en reste ? Evidemment que non ! Latrines et fosses septiques sont loin d’être des solutions au rabais. Elles constituent une alternative efficace, rapide et peu coûteuse.

Des solutions existent donc et sont accessibles pour nos poches !

Alors comment expliquer qu’en 2019 nous n’ayons pas des toilettes décentes et qui respectent les règles de sécurité, mais avons le téléphone dernier cri pour frimer, non pardon, pour communiquer avec qui l’on veut à travers le monde. Ou encore que nous sommes capables de produire de l’électricité à partir du soleil.

Des innovations aussi extraordinaires les unes que les autres, mais rien pour régler le problème de nos cacas qui non seulement nous envahissent, mais jouent sur notre santé quand ils ne nous tuent pas.

Allez un dernier chiffre pour la route. Chacun de nous produit environ 250g de caca par jour[2], imaginez à l’échelle de la ville, si nous sommes juste 1 million ? Or la gestion de ces boues de vidange, ce mélange de cacas, d’eaux usées, de déchets ménagers et de débris, accumulés au fond des latrines et des fosses septiques, demeure un vrai casse-tête.

L’absence de station de dépotage à proximité et en quantité suffisante conduit à des dépotages sauvages. Et pas besoin d’aller très loin, c’est souvent fait à l’arrière de nos maisons ou dans nos cours.

Maintenant que vous savez, qu’allez-vous faire ? Ne restez pas inactif ! Commencez par ouvrir les yeux. Déjà, si vos toilettes débordent, appelez un vidangeur qualifié pour qu’il les vide. Une fois vidées, n’en restez pas là, et demandez-lui où il va déverser le contenu.

CacaScadeuse

[1] WHO & UNICEF, Joint Monitoring Programme, Progress on household drinking water, sanitation and hygiene, 2000-2017, 2019

[2] AMCOW, Dr Kanisus Kanangire, 2018, https://africawaterweek.com/aww7/wp-content/uploads/2019/02/2018-10-31_Compte-rendu_AWW7_Country-Focus-Day.pdf

Source: Malijet

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