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Concertations nationales sur la transition : Du grand bluff de la junte au hold-up !

Et si les journées des 10, 11 et 12 septembre n’avaient d’autre but que de provoquer un grand bavardage national pour légitimer l’accaparement du pouvoir par le Cnsp? La question taraude l’esprit de nombre des participants aux assises qui ont été sanctionnées par une Charte de la Transition dénoncée avec vigueur par plusieurs acteurs considérables du landerneau politique national.
Si l’on mesure avec justesse les énergiques réactions de certaines grosses pointures de la vie politique nationale et de la société civile, les concertations dites nationales n’auront été qu’un gigantesque bonneteau. C’est tout comme si les militaires avaient déjà leur miroir aux alouettes qu’il leur a simplement suffi de remuer pour faire accourir le Mali entier vers eux et ainsi prendre tout le monde dans leur piège. En fait, un grand bluff pour perpétrer un hold-up absolu sur les futurs organes de la Transition.

Cette idée fait son chemin d’autant que, déjà le coup d’État, fin et parfait du 18 août dernier, demeure dans les analyses comme un deal qui aura permis d’arrêter le président Ibrahim Boubacar Keïta et des piliers de son régime tout en les soustrayant à la nécessaire justice.

Madame Sy Kadiatou Sow, égérie de la lutte démocratique, a dressé un réquisitoire fort contre les manœuvres des colonels qui ont mobilisé le peuple dont ils ont ignoré superbement les recommandations après deux jours d’intenses travaux, pour produire une Charte de Transition de toute évidence préconçue. Elle a beau jeu de décrier le caractère anti-démocratique qui a prévalu et a prévenu que le M5-RFP n’acceptera pas les conclusions édulcorées, donc violant l’avis des groupes de travail. Message fort qui sera amplifié par l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, appelant à la correction du document final qu’il ne juge pas mauvais en tous les points, mais qui mérite quand même d’être nettoyé pour être conforme aux aspirations formulées par le grand nombre de participants à travers les groupes de travail.

Certes, le document final qui doit avoir valeur de Charte de la Transition a été accueilli par un standing-ovation dans la salle donnant à faire croire que la majorité des Maliens avaient approuvé la synthèse faite par une certaine commission indépendante. Mais l’ancien Premier ministre Moussa Mara a pointé méticuleusement de petites trahisons qui sont en réalité des grandes. Et, vu le feutré harcèlement dont il a fait l’objet pour qu’il termine vite son intervention, il a dû promettre de faire parvenir ses observations par écrit au Cnsp ; ce qui montre qu’il ne s’agit pas de détails futiles.

Dans la journée du 12 septembre, quelques heures après la clôture des assises, le M5-RFP a rendu publique sa déclaration n°008 qui ne laisse aucun nuage sur les manœuvres considérées traîtresses du Cnsp. Après avoir fait le constat de toutes les tricheries opérées par le Cnsp, le mouvement qui a mené la contestation populaire à partir du 05 juin 2020 a dénoncé jusqu’à la déloyauté de la junte au pouvoir. En conséquence, le M5-RFP dénonce les intimidations, les pratiques anti-démocratiques et déloyales dignes d’une autre époque contre lesquelles la lutte pour le changement et la refondation a été enclenchée. Pour lui, la volonté d’accaparement et de confiscation du pouvoir au profit du Cnsp ne saurait justifier les méthodes employées qui affaiblissent le processus de transition.

En conclusion, le M5-RFP se démarque du document produit qui ne reflète pas les points de vue et les décisions du peuple malien.

Comme on le voit, il y a du grabuge politique dans l’air. À moins que le Cnsp et le M5-RFP trouvent vite ensemble un gentlemen’s agreement. Mais l’approfondissement du fossé déjà creusé entre les deux groupes est ce qui est le plus à redouter.

Amadou N’Fa DIALLO

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