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Dégradation des routes : L’Agéroute décrie l’incivisme de certains usagers

En cette période d’hivernage, beaucoup de routes sont impraticable à cause de leur mauvais état. Des eaux usées par-ci, des boues par-là. Pour avoir des éclairages sur la question, nous avons échangé avec Bocar Sada Touré, chargé de communication de l’Agence d’exécution des travaux d’entretien routier (Agéroute). Il explique les missions de son organe qui sont mal comprises par certains. Il appelle aussi au civisme des uns et des autres.

Comme le précise Bocar Sada Touré, chargé de communication de l’Agence d’exécution des travaux d’entretien routier (Agéroute), cette structure est un établissement public doté d’une autonomie financière. La réforme des services des travaux publics intervenue en 2002 a abouti à la création de trois structures chargées de la gestion des routes. La première structure est la Direction nationale des routes qui s’occupe de la politique et des stratégies de l’entretien routier, la deuxième est l’Autorité routière en charge du financement des travaux d’entretien routier à travers ce qu’on appelle le fonds d’entretien routier. La troisième structure est l’Ageroute, chargée des travaux d’entretien routier sur le terrain. Selon Bocar Sada Touré, ” c’est une trilogie qui est composé de trois structures, la première qui est chargée de la programmation des travaux d’entretien routier, la deuxième s’occupe du financement de ces travaux qui sont exécutés sur le terrain et la troisième, l’Ageroute, se charge de l’exécution de ces travaux. ”

Dans l’exécution de ses missions, l’Agéroute travaille en collaboration avec des entreprises qu’elle sélectionne. “Ce sont des PMI ou des entreprises nationales à qui nous allons confier les travaux d’entretien routier sur le terrain. Nous sélectionnons aussi les bureaux d’études, c’est-à-dire les bureaux qui sont chargés du suivi-contrôle et de l’exécution des travaux d’entretien routier. Une fois que ces sélections sont opérées, nous amenons les entreprises sur le terrain, nous supervisons, contrôlons les travaux sur le terrain. Nous sommes chargés une fois que les travaux sont exécutés, de compter par les entreprises, de facturer par les entreprises afin de procéder au payement des entreprises parce qu’entre-temps nous allons demander les fonds avec l’Autorité en charge.” Il faut préciser que l’Agéroute agit en mode maitrise d’ouvrage délégué, c’est-à-dire que des tâches lui sont confiées et elle rend compte à la Direction nationale des routes.

Une route bien faite peut attendre 5 à 10 ans avant de recevoir les entretiens lourds

Mais alors, comment expliquez-vous l’état de dégradation des routes ? La durée d’une route, c’est entre 15 et 20 ans et au cours de cette durée, comme le précise Bocar Sada Touré, “il y a un certain nombre d’entretien qui doit être fait périodiquement sur la route. Une route qui est nouvellement faite et bien faite peut attendre 5 à 10 ans avant de recevoir les entretiens lourds”.

Pour le réseau routier national, il reconnaît sa vétusté : “Le réseau est fatigué, il est vieux. Quand tu prends ces goudrons et chaussées, la plupart d’entre eux manifeste un état de fatigue avancé, cela est une réalité. Quand on roule dessus on le sait. Ils sont fatigués parce qu’il y a l’âge et au-delà de ça, dans le cycle de vie, il y a des entretiens qui doivent être faits sur le réseau et si ces entretiens ne sont pas faits à temps, naturellement, ça contribue à une dégradation prématurée de ces chaussées. Alors, il y a l’état de fatigue qui veut dire qu’en un moment donné, les réseaux devraient être réhabilités par section, je ne dis pas l’ensemble, mais des axes qui sont les plus dégradés n’ont pas subi le traitement nécessaire au regard de leur durée de vie.”

Monsieur Touré a évoqué un deuxième aspect : le comportement des usagers et des riverains qui ne sont pas de nature à aider ces routes. “Ces comportements se manifestent à plusieurs niveaux, on l’a dit et on ne le dira jamais assez, on se comporte très mal. La chaussée est faite avec ce qu’on appelle les dépendances, les caniveaux, chacun a un rôle à jouer.” En effet, Bocar Sada Touré rappelle que les caniveaux qui sont au bord des goudrons doivent recueillir ou collecter les eaux de pluies pour les trainer vers les grands canaux ou le fleuve, mais malheureusement, constate-t-il, ce n’est pas le cas. “On utilise ces caniveaux comme des dépotoirs, les gens y déversent du n’importe quoi. Souvent, ce sont des kiosques qui sont sur ces caniveaux, donc même quand on veut les curer, nous rencontrons beaucoup de difficultés. Il y a aussi des gens qui en font des puisards parce qu’ils profitent des caniveaux pour en faire de la canalisation qui va jusque dans leurs toilettes, à l’intérieur des maisons. Ce sont ces différents comportements qui nuisent beaucoup à la route.”

Le troisième aspect qu’il a souligné concerne les poids lourds qui ne respectent pas la charge à l’essieu. “Les routes sont dimensionnées pour recevoir un certain nombre de trafic et si ce trafic est surdimensionné, il va de soi que ça agit sur les routes à un moment donné”, affirme-t-il.

Mais on ne peut occulter la question du financement pour réaliser les réhabilitations souhaitées. “Les besoins sont énormes et ne sont pas couverts à hauteur des attentes. L’Etat fait de son mieux, l’Etat fait tout pour faire en sorte que le trafic puisse être maintenu sur le réseau, mais c’est des facteurs combinés qui font qu’on est face à un réseau qui est relativement fatigué.”

Le chargé de communication de l’Agéroute lance un appel au civisme de tous. “L’Etat construit pour l’intérêt de tout le monde, donc chacun a l’obligation de faire en sorte que ces routes qui coûtent excessivement cher puissent profiter le maximum possible à des générations. Mieux on se comporte vis-à-vis de la route, plus on contribue à son maintien et à sa durée de vie, donc vraiment nous lançons un appel aux citoyens, aux concitoyens et aux riverains, la route est faite pour circuler dessus. Elle ne peut pas être utilisée comme le champ de business de commerce comme on le voit à un moment de l’année.”

Il insiste sur la nécessité, pour chacun, de s’investir, d’aider l’Etat, d’aider les autorités chargées de l’entretien des routes pour faire en sorte que ces fonds énormes qui sont investis puissent servir le maximum possible les usagers.

Marie DEMBELE

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