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04 septembre 2013-18 août 2020 : Les années perdues pour le Mali

En sollicitant la confiance des Maliens à l’occasion de la campagne pour l’élection du président de la République en 2013, Ibrahim Boubacar Keïta avait promis tant de bonheur qu’il était vu comme le Messie attendu. Et lorsqu’il sera installé au palais de Koulouba, les monts et merveilles minorités par lui se révéleront être des ravages et des cauchemars.
Le Mali a perdu, beaucoup perdu. En sept petites années, le président Ibrahim Boubacar Keïta a été plutôt pour son pays un fossoyeur et un démolisseur acharnés. Son goût immodéré du luxe et des honneurs, une dolce vitae irrépressible chez lui, l’a régulièrement conduit à des extravagances et gaspillages inouïs. Tout ce à quoi il a sacrifié sans modération l’a été au détriment du Mali.

Son règne, le plus sombre depuis 1960, a tiré l’État et la République vers le bas, irrésistiblement dans un cul-de-sac d’où ils peineront à sortir. Le plébiscite dont il a bénéficié en 2013, plus de 77% des suffrages exprimés, plutôt que d’être pour lui un atout formidable afin d’imprimer à la marche du pays la bonne cadence vertueuse, a été un énorme gâchis. En effet, la gouvernance sous lui est devenue un gigantesque bonneteau pour des délinquants à col blanc protégés par le président de la République qu’il était. Lui-même n’a point été l’ange attendu, ses prédations multiples et celles des membres de sa famille ont même atteint des proportions insupportables.

Bref, la gestion de l’État a été littéralement calamiteuse. Ce fut l’histoire de grandes faillites. Tous les segments sur lesquels doit se reposer solidement la République sont devenus défaillants. Aucune mission régalienne pour l’accomplissement de laquelle le peuple porte un des siens à la magistrature suprême n’a fonctionné efficacement. L’école a été une faillite, la sécurité de même. Quant à la défense du territoire national, l’armée nationale a été maintenue dans une situation de précarité handicapante alors même que de colossales sommes d’argent étaient périodiquement programmées pour la doter de tous les moyens indispensables à son efficacité. En lieu et place, ce sont des indélicats, militaires et civils, qui s’enrichissaient de façon effrénée. Conséquence : l’armée nationale a toujours été victime de ses ennemis mieux dotés et mieux renseignés; elle a compté par ailleurs trop de morts dans ses rangs, sans même pouvoir ramener souvent à la maison les corps de plusieurs d’entre eux tombés vaillamment sur le champ d’honneur.

La vie princière d’Ibrahim Boubacar Keïta a surtout joué bien de vilains tours au développement du pays et à l’avenir des jeunes et des plus jeunes. Par exemple, il s’achète un avion présidentiel à 7 milliards de francs CFA mais la facture est estimée à 20 milliards. L’Union européenne estima, quant à elle, le coût exorbitant à 30 millions d’euros. Mais la vérité autour de l’achat de cet avion et de son prix demeure inconnue. Ce qui est sûr, c’est que l’argent engagé dans l’acquisition de ce seul aéronef aurait pu servir à faire revivre Air-Mali, la compagnie aérienne nationale, gloriole du Mali à un moment donné de l’histoire. Ou à permettre, entre autres, aux hôpitaux d’être plus fonctionnels et plus efficaces. De là à ouvrir un vrai festival de délinquants, il ne s’est pas passé de midi à 14 heures. Les scandales économiques et financiers ont rythmé la vie des institutions. Les surfacturations pointées dans les affaires de l’avion présidentiel et des équipements militaires sont certes ahurissantes en elles seules, mais elles semblent n’être que la partie visible d’un iceberg que l’on imagine monstre. Les voyages nombreux d’IBK et ses séjours longs dans les suites les plus huppées des plus grands hôtels de haut standing à des frais vertigineux ont aussi constitué des pertes immenses pour le Mali.

Il s’y ajoute que l’État, en tant que puissance à respecter, est absent des trois quarts du territoire national. Au plan international, le pays a perdu un immense prestige. Le passeport malien est désormais suspect, le diplôme, scolaire comme universitaire, aussi.

Il va falloir rétablir l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national. L’armée, au regard de tout ce qu’elle a accusé comme coups, sera-t-elle apte si tôt pour cette mission ?

Amadou N’Fa Diallo

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