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Grand Barrage de la Renaissance de l’Ethiopie : Organisations humanitaires et de secours plient bagages

Visiblement, les agissements de l’Ethiopie, ne voulant pas tenir compte de certains aspects techniques et humains dans le remplissage et le fonctionnement du Grand Barrage de la Renaissance, ont fini par créer un climat délétère dans la région du Nil. Une préoccupation qui contraint un certain nombre d’organisations humanitaires et de secours travaillant en Ethiopie à évacuer leurs employés étrangers de diverses villes en raison de l’évolution de la situation politique sur le terrain.

En effet, cette évolution fait suite aux fréquentes informations faisant état de l’arrêt des vols vers Addis-Abeba et de la fermeture de l’espace aérien éthiopien après la détérioration de la situation en matière de sécurité et la violence constante des services de sécurité à l’égard des citoyens, qui a fait plus de 200 morts. S’agissant de la construction par l’Ethiopie sans concertation en aval avec les deux pays ( l’Egypte et Soudan) qui partagent le Nil avec l’Éthiopie, des propositions ont été faites à ce pays qui continue à faire la sourde oreille. Parlant de ces différentes propositions, nous mettons à votre disposition, les réflexions sur les différentes négociations du Dr, Mohamed S, Helal, professeur de droit( Moritz Collège of Law andaffilmied Faculty), Centre Mershon des Etudes sur la sécurité Internationale(Université Ohio II) et Conseiller juridique auprès du ministre égyptien des Affaires Etrangères.

Un accord gagnant-gagnant sur le barrage éthiopien

La bataille contre le Coronavirus fait actuellement la une des journaux, tout en absorbant l temps et les ressources des gouvernement du monde entier. C’est pareil encore en Egypte. Cependant, en plus de prendre des mesures draconiennes pour contenir la COVID-19, l’Egypte est également aux prises avec une autre question qui est tout aussi urgente et qui pourrait avoir des conséquences plus importantes sur la stabilité régionale à long terme, à savoir le « Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne » GBRE.

L’Ethiopie a presque achevé la construction du GBRE, qui deviendra le plus grand barrage hydroélectrique en Afrique. Le danger que le GBRE représente pour la sécurité de l’eau en Egypte n’est pas surestimé, étant donné que l’Egypte est, essentiellement, une oasis désertique qui dépend entièrement du Nil comme seule source de vie. Ilsuffit de vérifier Google Earth: plus de 100 millions d’Egyptiens vivent dans une mince bande de verdure, densément peuplée, qui serpente à travers un océan de désert, s’ouvrant finalement dans le delta du Nil à l’approche de la Méditerranée.

Avec une capacité de stockage d’eau de plus de 74 milliards m3 ce qui est deux fois plus grand que le barrage Hoover aux Etats Unis. Le grand barrage de la renaissance éthiopienne pourrait, s’il était rempli et exploité unilatéralement, constituer un danger réel et imminent pour l’Egypte.

C’est pourquoi il est essentiel que l’Ethiopie, l’Egypte et le Soudan, les trois pays qui partagent le Nil Bleu où le barrage est construit, conviennent des régles régissant le remplissage et le fonctionnement du GBRE. En tant que barrage hydroélectrique, le Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne n’est pas un projet consommateur d’eau. Ce qui signifie que le trois pays s’accordent sur des règles et son fonctionnement, celui-ci ne réduirait pas sensiblement ka qualité d’eau s’écoulant dans le Nil bleu, et ne nuirait, donc pas aux communautés en aval.

En d’autres termes, une solution gagnant-gagnant est possible surtout que l’Egypte a affirmé, à plusieurs reprises, qu’elle soutenait, sans réserve, le droit de l’Éthiopie au développement, y compris en tirant parti des avantages du Nil. Mais, il en faut toujours deux pour le tango. Autrement dit, l’Ethiopie doit également avoir la volonté politique requise pour parvenir à un accord qui lui permette de remplir et de faire fonctionner le GBRE sans affecter l’utilisation de l’eau en Egypte.

Mais malheureusement, près de 10 ans de négociations sur le GBRE ont échoué en raison de l’obstructionnisme de l’Ethiopie et de son adoption d’une approche systématiquement unilatérale. Pourtant, ces négociations visaient, essentiellement, à garantir que des études sur les impacts transfrontaliers et environnementaux dudit barrage soient menées, et ce suite) la publication, par un rapport profondément préoccupant qui mettait en évidence des défauts dans un la conception du barrage et critiquait l’Ethiopie pour ne pas avoir entrepris d’études sur les effets du Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne sur les pays e, aval.

Pour gérer le processus de préparation de ces études, et garantir que les règles relatives au remplissage et au fonctionnement du GBRE soit élaborées sur la base de celles-ci, un traité international intitulé » Accord de Décentralisation de principes » a été signé par l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan le 23 mars 2015, prévoyant que les études transfrontières et environnementales devaient être achevées, et que les règles relatives au remplissage et au fonctionnement du GBRE devaient être convenues sur la base de ces études dans un délai de 15 mois. Cinq ans plus tard, cette obligation n’est toujours pas remplie.

A chaque étape, l’Ethiopie a adopté une politique de tergiversation qui a empêché la réalisation de ces études et qui a sapé les tentatives de parvenir à un accord sur le remplissage et le fonctionnement dudit barrage. C’est pourquoi l’Egypte a appelé les Etats-Unis, qui sont un partenaire stratégique pour l’Egypte et l’Ethiopie, à se joindre aux négociations en tant qu’observateur et facilitateur. Après 12 rounds de pourparlers qui se sont tenues à Addis-Abeba, au Caire, à Khartoum et à Washington DC, de novembre 2019 au mois de février 2020, et après un effort herculéen du secrétaire américain au trésor « Steven Mnuchin » chargé par le président Donald Trump de superviser les pourparlers, les Etats-Unis, en coordination avec la Banque Mondiale, ont préparé un texte de compromis pour un traité sur le remplissage et le fonctionnement du GBRE.

Cet accord n’est pas une tentative américaine pour imposer une solution aux trois pays. Toutefois, il a été élaboré sur la base des dispositions exprimées par l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan au cours des négociations, et fournit une formule juste, équilibrée et mutuellement des trois pays. Il permet à l’Ethiopie de réaliser un retour sur investissement en générant rapidement et durablement de l’hydroélectricité à partir du GBRE, tout en protégeant les Etats en aval contre les effets néfastes du barrage et en atténuant les dévastateurs des sécheresse potentielles.

De plus, l’Ethiopie a récemment déclaré qu’elle prévoyait de commencer le remplissage du GBRE sans accord avec ses co-riverains en aval. Cet acte d’unilatéralisme insolant violerait l’Accord de Déclaration de Principes de 2015, et pourrait compte tenu des effets potentiellement désastreux du GBRE constituer, également, une atteinte intolérable à la sécurité nationale égyptienne. L’Egypte ne peut pas et ne restera pas les bras croisés alors que l’Ethiopie se donne le pouvoir de contrôler le destin du peuple égyptien. C’est pourquoi, les Etats Unis doivent rester engagés dans ce processus. Non seulement le prestige et la crédibilité de l’Amérique en tant que pivot de la gouvernance mondiale sont en jeu, mais également un accord sur le GBRE contribuerait au maintien de la stabilité et de la sécurité régionales, et tracerait une nouvelle voie pour la coopération entre les riverains du Nil. Nous avons maintenant une occasion unique de conclure un accord historique qui permet de changer le visage de la région. Le secrétaire Mnuchin et ses assistants ont travaillé acharnement pour parvenir à un accord. Il incombe aux Etats-Unis et à la communauté internationale, d’envoyer un message clair à l’Ethiopie indiquant que sa politique d’unilatéralisme est intenable, et que l’accord qui est sur la table, et qui était le résultat des négociations auxquelles elle a participé doit être signé, sachant que cet accord ouvrira des possibilités illimitées aux riverains du Nil, tout en réalisant les aspirations de plus de 250 millions d’habitants, égyptiens, éthiopiens et soudanais.

Cyril Adohoun

L’Observatoire

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