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Relations sino-africaines : Les allégations de Néocolonialisme

Depuis un certain temps les relations Chine-Afrique font l’objet d’allégations infondées venant d’Occidentaux, notamment des États-Unis d’Amérique. Certains esprits aux desseins inavoués vont jusqu’à affirmer que les Chinois ne se sont pas engagés dans des expéditions coloniales en Afrique parce qu’ils n’avaient pas les moyens matériels et techniques. Ce qui n’est pas du tout vrai. La vérité historique nous enseigne que jusqu’au 15ème siècle la Chine était une puissance maritime en Asie bien avant les Européen.

Les premiers contacts entre la Chine et l’Afrique remontent au10ème siècle, sous la dynastie Tang. Sous la dynastie Ming (1368-1644), plusieurs décennies avant l’arrivée des Européens, notamment du Portugais Vasco de Gama en Afrique, des contacts ont été retrouvés entre la Chine et l’Afrique.

À la tête de plusieurs expéditions maritimes l’explorateur Zheng He a visité le Vietnam, la Malaisie, l’Indonésie, l’Inde, le Golfe Arabo-persique, l’Arabie Saoudite et la Côte Est de l’Afrique jusqu’au Mozambique. Ces expéditions ont permis d’établir des contacts utiles pour les relations commerciales et diplomatiques. Malgré des circonstances favorables, les Chinois n’ont jamais envisagé de s’installer dans les pays qu’ils ont découverts et d’y créer des colonies. Ils n’ont jamais eu l’intention d’implanter la culture chinoise.

Au 19ème siècle, les contacts entre la Chine et l’Afrique ont été interrompus par la colonisation Européenne de la Chine d’une part et de l’Afrique d’autre part. Cette période est appelée en Chine «le siècle de l’humiliation» en raison de l’exploitation barbare de la Chine par des puissances étrangères.

À partir de 1949, la création de la Chine Nouvelle a ouvert de nouveaux horizons pour un rapprochement entre l’Afrique et la Chine. Les nouvelles relations sino-africaines prendront un nouveau départ au sein du «Mouvement des Non-alignés», lors de la Conférence de Bandung. En effet, en 1955, 29 États d’Afrique et d’Asie, y compris la République Populaire de Chine, se sont réunis à Bandung, en Indonésie et ont souligné «le besoin urgent d’encourager le développement économique de la Zone Afrique-Asie». Dès lors la Chine et l’Afrique soutiendront davantage leur volonté de s’émanciper des puissances occidentales et de suivre leur propre chemin. Partageant des expériences historiques similaires et des luttes de libération, la Chine et l’Afrique vont forger une amitié profonde et sincère. C’est dans les épreuves que les amitiés véritables se nouent, dit-on.

Au cours des années 1960, les relations Sino-africaines prendront une nouvelle dimension, la Chine soutenant son ami Africain dans sa volonté de se sortir du sous-développement. À cet égard, lors d’une tournée mémorable en Afrique, en 1964, le Premier ministre Zhou Enlai déclare à Bamako au Mali: «Après avoir aidé les pays Africains à obtenir l’indépendance politique, la Chine est disposée à aider l’Afrique à réaliser son indépendance économique et son développement». Cette déclaration nous semble parfaitement convenir aux relations Sino-africaines d’aujourd’hui.

En 1978, grâce au leadership du Parti Communiste Chinois (CPC) sous la direction du Président Den Xiaoping, la Chine lance la politique de «la Reforme et de l’Ouverture». Cette politique permettra à la Chine et aux pays Africains de se rapprocher un peu plus dans le cadre de leur coopération économique, commerciale, sociale et culturelle.

En 2000, la Chine et les pays Africains décident à Beijing de créer le Forum sur la Coopération Sino-africaine (FSCSA). Depuis cette date les relations entre la Chine et l’Afrique se sont progressivement renforcées. Les deux parties font preuve de compréhension mutuelle et de solidarité.

En juillet 2018, le Président Xi Jinping effectue sa 9e visite en Afrique, sa 4ème en tant que Président de la République Populaire de Chine. C’est là, la preuve si besoin est, de l’attachement du Dirigeant Chinois à l’Afrique.

Le 7ème Sommet du FSCSA tenu à Beijing en Septembre 2018 sera l’occasion pour les deux parties de travailler ensemble sur le thème: «La Chine et l’Afrique: Construire une Communauté de Destin encore plus solide par la coopération gagnant-gagnant». Le Sommet de Beijing a donné un nouvel élan à la coopération Sino-africaine pour la Construction de la Communauté de Destin pour l’humanité.

À Beijing 2018, la Chine a étroitement associé le FSCSA à «l’Initiative la Ceinture et la Route» (Belt and Road Initiative), au Programme de développement durable des Nations Unies pour 2030, au Programme de développement 2063 de l’Union Africaine et aux stratégies de développement national des pays Africains.

Au Sommet de Beijing, le Président Xi Jinping confirmera que «la Chine sera toujours un bon ami, un bon partenaire et un bon frère de l’Afrique». Il a proposé aux deux (02) parties de: «construire ensemble une Communauté de destin Sino-africain marquée par la prospérité…… Construire ensemble une communauté de destin Sino-africain marquée par la sécurité commune».

Sur la base de dix (10) programmes, il a présenté huit (08) initiatives majeures qui propulseront «la construction de la Communauté de Destin encore plus solide dans la nouvelle ère». Depuis la création du FSCSA, près de deux millions de mouvements entre la Chine et l’Afrique sont enregistrés chaque année. Beaucoup d’Africains se sont installé en Chine dans l’espoir de réaliser leur rêve.

L’engagement de la Chine pour le développement de l’Afrique n’est ni nouvelle ni accidentelle. La politique «Chine Ya-Fei-La», qui signifie littéralement «Asie-Afrique-Amérique latine», a été conçue, depuis les années 1960, sous la direction de Mao Zedong dans le but de promouvoir les objectifs des pays en développement dans un nouvel ordre mondial. Depuis lors, la Chine joue un rôle actif dans la promotion de la coopération Sud-Sud, la coopération Chine-Afrique constituant une partie importante de cette équation.

Selon des études récentes, la présence croissante de la Chine en Afrique remporte des remarques largement positives. Les résultats des enquêtes 2015/2016 du Baromètre Afro dans quarante-six (46) pays africains indiquent que de façon générale les populations ont une opinion favorable des activités économiques et d’assistance de la Chine. Les Africains classent respectivement la Chine et les États-Unis en première et deuxième position en tant que modèles de développement pour leurs propres pays.

Dans toutes les régions africaines, la Chine égale ou surpasse les États-Unis en popularité en tant que modèle de développement. Les perceptions des populations confirment non seulement le rôle économique et social important de la Chine en Afrique, mais décrivent son impact comme étant largement bénéfique. Indépendamment de cela, peu d’analyses abordent les relations Sino-africaines comme une dynamique bidirectionnelle dans laquelle les deux parties s’adaptent aux initiatives et aux perceptions populaires émanant de l’une ou de l’autre partie.

Les pays Africains comptent sur la Chine pour contribuer à leur développement par le commerce, l’aide au développement, les investissements et les infrastructures nécessaires à la transformation économique du continent. De nombreux dirigeants Africains estiment que la Chine interagie avec eux de manière telle que ne le font les Occidentaux sans prêcher avec condescendance sur la gouvernance.

En fait l’Afrique garde en mémoire les séquelles de la colonisation. Les dirigeants Africains souhaitent être traités avec respect sur la scène internationale, aussi bien dans les relations bilatérales que dans les enceintes multilatérales (Banque mondiale, Nations Unies etc.…). La Chine souligne le fait que ses partenaires Africains sont des États souverains. Ce qui contraste souvent avec les comportements des Européens et des Américains.

Lors de sa visite en Afrique, en mars 2013, le président Xi Jinping a déclaré: «L’Afrique veut être traitée sur un pied d’égalité, et c’est ce que de nombreux pays occidentaux ne comprennent pas ou du moins ne veulent pas faire». La Chine sait au moins qu’il faut traiter tous les pays Africains sur un même pied d’égalité. En termes de développement humain, bien que la définition de «l’aide au développement» donnée par la Chine diffère de celle utilisée par l’Occident, le programme d’aide étrangère chinoise a de nombreuses fonctions identique sa savoir: offrir ou améliorer les soins de santé aux populations, soutenir le développement rural et former les étudiants Africains.

Pour l’Afrique, l’aide de la Chine couvre de larges domaines tels que l’agriculture, l’éducation, les transports, l’énergie, les communications et la santé. Depuis 1956, la Chine a fourni près de 900 projets d’aide aux pays africains.

En termes de prêts, les milliards de dollars que la Chine consacre à l’Afrique sont des prêts remboursables à long terme. À cet égard, il est important de noter que 35% de la dette extérieure des gouvernements Africains sont détenus par des Institutions multilatérales telles que la Banque mondiale.32% de ladite dette sont détenus par des prêteurs privés et 20% par la Chine.

L’initiative de la Chine de construire des infrastructures telles que les routes, les chemins de fer, les aéroports, les usines et les systèmes de télécommunications est une aubaine pour le secteur manufacturier africain. Il libère des ressources nationales qui sont affectées à d’autres besoins essentiels tels la santé et l’éducation. Les gouvernements africains accepteraient donc tous investissements générateurs d’emplois, notamment via la production à valeur ajoutée, quels que soient leurs origines. L’absence d’investissements occidentaux ou d’aide au secteur manufacturier privé à grande échelle laisse les Chinois seuls dans leur implication croissante dans ce secteur. On peut donc soutenir que la présence chinoise en Afrique est opportune.

Ces dernières années, l’Afrique et la Chine ont réalisé ensemble d’excellentes initiatives dans tous les domaines du développement.

Cependant, dans un contexte de profonds changements et d’adversités, les deux parties doivent continuer à travailler pour améliorer une stratégie commune sur la scène internationale. Les Africains et les Chinois doivent écrire eux-mêmes l’histoire des relations Sino-africaines, leur propre histoire. À cette fin, ils doivent avoir la capacité de répondre aux allégations infondées sur la coopération Sino-africaine et faire connaitre la vérité. Devant les résultats tangibles de la coopération Sino-africaine, les allégations et les tentatives malveillantes ne trouveront jamais de public.

À cet égard, lors d’une conférence de presse en marge du Sommet du FSCSA de Septembre 2018 à Beijing, le Président de la République du Sénégal, Macky SALL a déclaré: «Nous (les Africains), nous savons ce que nous voulons dans notre coopération avec la Chine… La dette que nous avons avec la Chine est très bien maîtrisée. Cela ne fait l’ombre d’aucun doute».

Malgré une si solennelle déclaration, le 13 Décembre 2018, M. John Bolton, le Conseiller à la Sécurité du Président des USA a tenu des propos inappropriés, sinon arrogants sur les relations Chine-Afrique. Nous nous proposons de consacrer une prochaine tribune auxdits propos. /.

Yoro DIALLO, Professor/ Senior Researcher/Lecturer

Institute of African Studies, Zhejiang Normal University, CHINA

E-mail: inadial@yahoo.com /Tél: (0086)15888991173

Inter De Bamako

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