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Journée mondiale de lutte contre le paludisme Que de chemins à parcourir !

«On vous nie en tant qu’être moral. On vous nie en tant qu’être culturel. On ferme les yeux, on ne voit pas les évidences. On compte sur votre complexe, votre aliénation, sur le conditionnement, les réflexes de subordination, et sur tant d’autres facteurs de ce genre. Et si nous ne savons pas nous émanciper d’une telle situation par nos propres moyens, il n’y a pas de salut. On mène contre nous le combat le plus violent, plus violent même que celui qui a conduit à la disparition de certaines espèces. » (Cheick Anta Diop).

Rappelons que le docteur anglais Ronald Ross a découvert le paludisme, en 1897. Ce mal, depuis, ensanglante la terre. Sans vouloir entrer dans l’argumentaire des chiffres, l’on peut simplement dire que le paludisme (ou plasmodium phalciparum) fait chaque année des centaines de milliers de victimes à travers le monde dont la plupart en Afrique.

Sans être exhaustif, rappelons qu’en 2017 (selon les données dont nous disposons) 219 millions de personnes ont été touchées par le paludisme. Dans ce chiffre macabre, il y avait 92% en Afrique, 5% en Asie du Sud-Est et 2% en Méditerranée Orientale. Ce fléau tue 450 000 personnes dans le monde chaque année dont 405 000 en Afrique subsaharienne, rien qu’en 2018.

Le constat par rapport à cette maladie est cuisant : environ 93% des victimes sont africaines. De sa découverte en 1897 à 2020, les scientifiques n’ont pu mettre au point le moindre vaccin contre cette maladie essentiellement africaine. Notons que chez nous la plupart des victimes sont des enfants. C’est dire que le mal sattaque à l’avenir de l’Afrique. Mais le constat crève les yeux : la maladie qui cause beaucoup plus de dégâts dans le monde mais plus particuli-rement en Afrique mérite peu d’attention. Quel égoisme !

Surtout en ce temps de coronavirus, le paludisme est relégué au second plan parce que c’est la ‘’maladie des Africains’’. C’est dire que la science est bien discrimatoire chez eux. Quand le mal touche les Blancs, les scientifiques cherchent, fouillent dans leurs cervelles, le ciel et la terre pour trouver le vaccin et le remède appropriés. C’est le cas de COVID-19 qui mobilise de plus en plus les chercheurs occidentaux. Mais là où on trouve le hic c’est lorsque des scientifiques français ont laissé entendre que l’Afrique doit être le champ d’expérimentation de leur fameux vaccin contre le coronavirus.

Hier comme aujourd’hui donc, les Français nous prennent pour des animaux sur lesquels ils sont prêts à expérimenter les résultats de leurs recherches. C’est en cela que nous disons que les colonisateurs d’hier et les néocolonialistes d’aujourd’hui nient les Africains en tant que des êtres moraux. C’est dire qu’ils comptent sur notre soumission servile à leur cause. La volonté d’essayer le vaccin en Afrique contre le COVID-19 est l’expression parlante de leur boulimie contre nous et de leur détermination à mener contre les peuples d’Afrique leur combat éternel pour la chosification de la race noire.

Expérimenter le vaccin contre le COVID-19 ici en Afrique, où il tue beaucoup moins qu’en Europe, c’est là une aberration totale qui explique, si besoin en était, que les capitalistes se sont enfermés dans leur politique de l’autruche. Mais ils doivent compter avec la certitude que nous les avons compris et que les générations africaines montantes ne leur laissairont pas le champ libre. Parce qu’elles se battent déjà pour leur émancipation économique, politique, sociale et culturelle.

Cheick Anta Diop avait déjà mis les peuples africains en garde en ces termes: «On vous nie en tant qu’être moral. On vous nie en tant qu’être culturel. On ferme les yeux, on ne voit pas les évidences. On compte sur votre complexe, votre aliénation, sur le conditionnement, les réflexes de subordination, et sur tant d’autres facteurs de ce genre. Et si nous ne savons pas nous émanciper d’une telle situation par nos propres moyens, il n’y a pas de salut. On mène contre nous le combat le plus violent, plus violent même que celui qui a conduit à la disparition de certaines espèces.»

Pour tout dire, toute recherche venue de l’Afrique ou tout simplement du Tiers-Monde (et cela depuis un certain temps) est considérée par les scientifiques d’Occident capitaliste comme sans valeur scientifique. L’on ne saurait taire ici les efforts de cherche de vaccin contre le paludisme faits par le Colombien Manuel Elquine Pataroyo. Il avait réussi à plus de 31%. Mais c’était sans compter avec l’impérialisme qui mine l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Parce qu’il n’y a de vérité que venant d’eux ! Celle-ci n’avait pas reconnu la valeur scientifique des recherches de ce docteur colombien sur le paludisme. C’est la recidive de cet impérialisme scientifique de l’OMS que l’on constate avec les exploits des chercheurs malgaches contre le COVID-19.

En effet, la déclaration du président malgache selon laquelle il existe une plante curative contre coronavirus, ne laisse plus dormir tranquillement ceux qui, en Occident, ne veulent pas entendre que l’Afrique réalise de bonnes choses. Il est seulement évident que les peuples d’Afrique sont en marche et que rien ne saurait les arrêter sur ce chemin de la réalisation du devenir africain.

Fily Dabo Sissoko avait déjà dit: «Aucun État, si puissant qu’il soit, n’a le droit d’en subjuguer un autre, quelques soient ses intentions, il en résulte que la colonisation n’a pas de fondement moral, que tout peuple asservi a le devoir de secouer son joug.»

Avec l’intrusion du Coronavirus dans notre pays, l’attention portée jusque-là sur le paludisme prend déjà un coup sérieux. Il est de plus en plus rélégué au second rang au bénéfice de la lutte contre le COVID- 19 qui fait tant de ravages chez eux plus qu’en Afrique.

Les conséquences néfastes du COVID-19 sur les économies africaines et sur les politiques de santé en Afrique laissent dire que les pays africains ont du chemin à parcourir pour venir à bout du paludisme qui fait jusque-là beaucoup plus de victimes que le coronavirus sur notre continent.

Fodé KEITA

Inter De Bamako

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