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Enquête ouverte sur des violences attribuées à un collaborateur de Macron

Emmanuel Macron aux côtés d’Alexandre Benalla, au premier plan, aujourd’hui accusé de violences contre un manifestant le 1er mai 2018.Lionel BONAVENTURE / AFP

Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a saisi jeudi l’Inspection générale de la police nationale, l’IGPN. Une enquête administrative qui rejoint l’enquête préliminaire déjà ouverte après l’identification d’Alexandre Benalla sur une vidéo. Un document où l’on voit ce proche collaborateur du président Emmanuel Macron s’en prendre violemment à un jeune homme lors d’une manifestation le 1er-Mai, aux côtés des forces de l’ordre. Le président a réagi en marge de sa visite en Dordogne.

L’enquête est ouverte d’abord pour violence par personne chargée d’une mission de service public. Violence car la vidéo, prise par un militant de la France insoumise, montre Alexandre Benalla avec les CRS, rue Mouffetard à Paris, se saisir d’un jeune homme qu’il met d’abord à terre.

Le chargé de mission à l’Elysée adresse ensuite un coup de pied dans le ventre du jeune homme. La vidéo est postée quelques heures plus tard. Mais personne ne reconnaît Alexandre Benalla. Il est alors pris pour un policier en civil.

https://twitter.com/twitter/statuses/1019790499857747970

L’enquête porte également sur l’usurpation de signes réservés à l’autorité publique. L’homme porte un casque à visière comme les CRS. Le même jour, il est aperçu avec un brassard orange « Police ».

Saisie de l’IGPN

L’enquête de l’Inspection générale de la police, l’IGPN, rejoint l’enquête judiciaire. Elle porte sur l’usurpation de signes réservés à l’autorité publique dont fait référence le volet judiciaire. L’IGPN va d’abord chercher qui a autorisé Alexandre Benalla à se munir d’un casque à visière identique à celui des CRS autour de lui. Ensuite, pourquoi l’homme a été aperçu portant un brassard orange marqué « Police ». Ces deux équipements d’après les syndicats interrogés par RFI sont strictement réservés aux policiers et gendarmes en fonction.

Il faudra également éclaircir le rôle des CRS pendant le déroulement de la scène. A aucun moment l’un d’eux ne s’interpose entre le manifestant et le collaborateur de l’Elysée.

Toujours collaborateur à l’Elysée après 15 jours de suspension

« Il n’a rien à faire là. Ce n’est pas un policier. Si ça avait été des policiers qui auraient fait la même chose, on n’aurait pas attendu plus de deux mois déjà pour être au courant de la vidéo. On aurait tout de suite auditionné à charge. On aurait tout de suite été en garde à vue, dénonce Fabien Vanhemelryck du syndicat de police Alliance. Il y a deux poids, deux mesures. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, on nous parle d’exemplarité, on nous parle d’Etat de droit. Et là, on est plutôt dans le fais ce que je dis, mais pas ce que je fais ».

Les éléments qui ont été révélés par les films qui ont été diffusés témoignent effectivement de gestes absolument inadaptés.
Nicole BelloubetMinistre de la Justice 19/07/2018 – par RFI Écouter

Pour le moment, Alexandre Benalla, qui deux jours après les faits, le 3 mai, s’est vu signifier par l’Elysée une suspension pour quinze jours, est toujours collaborateur à l’Elysée.

A aucun moment la présidence n’a fait remonter les actes délictueux de son collaborateur à la justice, au procureur. Tout est resté en interne. La procédure est pourtant prévue par l’article 40 du code de procédure pénale.

En tant que chargé de mission, il n’est pas connu du grand public. Son nom n’est pas obligé d’apparaitre au Journal officiel, ni dans l’organigramme officiel du Palais présidentiel. Le jeune homme d’à peine 30 ans est pourtant bien connu dans le monde politique.

Déjà licencié par Arnaud Montebourg

En 2012, Alexandre Benalla est chauffeur d’Arnaud Montebourg, alors ministre du président François Hollande. Mais au bout d’une semaine, il est licencié. Alors qu’il conduit le ministre en voiture, Alexandre Benalla provoque un accident et veut prendre la fuite.

Des faits graves qui n’empêchent pas le candidat Emmanuel Macron de le nommer responsable de sa sécurité pendant sa campagne. Durant cette même campagne, les « MacronLeaks », une révélation de documents privés par des hackers, montre qu’Alexandre Benalla demande pour son équipe de sécurité un devis pour deux pistolets lanceurs de balles en caoutchouc, un flash-ball et des boucliers antiémeute.

Une demande qui a étonné et inquièté le trésorier de la campagne, sans conséquences pourtant sur la carrière d’Alexandre Benalla.

Par la suite, il assure la sécurité lors de l’hommage à Simone Veil et se trouve dans le bus des Bleus pour la descente des Champs-Elysées. L’Elysée doit maintenant justifier la dernière démonstration de violence du jeune homme, et surtout le fait qu’il n’ait pas été licencié du cabinet du président.

La visite de Macron en Dordogne parasitée par l’affaire

La visite d’Emmanuel Macron en Dordogne ce jeudi 19 juillet a d’ailleurs été parasitée par l’affaire Benalla. C’était pourtant un déplacement,  tout ce qu’il y a de plus tranquille pour le président : 24 heures en Dordogne, en plein mois de juillet pour dévoiler le visage de la nouvelle Marianne qui ornera les futurs timbres-poste.

Mais depuis son arrivée, Emmanuel Macron est cerné par les questions des journalistes. Et il a choisi de les ignorer. Sauf une fois quand il a évoqué l’affaire d’un mot ce matin à Périgueux en déclarant que « la République est inaltérable ».

Sa stratégie aussi semble pour le moment inaltérable : ne pas en dire plus, se contenter de la déclaration de son porte-parole pour qui, le comportement d’Alexandre Benalla est inacceptable et la sanction prononcée suffisante. Emmanuel Macron, lui, poursuit son déplacement, il visite le lieu de fabrication du nouveau timbre-poste comme si de rien n’était.

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