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Élections législatives du 29 mars : Chronique d’un suicide programmé

Le gouvernement est décidé à tenir les législatives à la date indiquée, malgré la menace de la maladie du coronavirus et de l’insécurité grandissante.

Aller aux élections ou périr !

C’est le message que le gouvernement veut passer en obligeant les Maliens à aller élire leurs députés, le 29 mars prochain, pour le premier tour. Malgré l’insécurité permanente voire résiduelle, le trop grand nombre d’assassinats, le président de la République persiste et signe sur la tenue des législatives. Or l’article 29 de la Constitution stipule que le président de la République est le chef de l’État. Il est le gardien de la Constitution. Il incarne l’unité nationale. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, du respect des Traités et Accords internationaux. Il veille au fonctionnement régulier des pouvoirs publics et assure la continuité de l’État.

À quelques encablures du 26 mars 2020, date anniversaire de la chute du général Moussa Traoré, l’unité nationale est menacée. L’intégrité territoriale est sous le boisseau. Le président de la République n’est plus le chef de l’État de tout le Mali. Il aurait divisé le territoire en deux: (Centre et ?) et créé le poste de Haut Représentant du chef de l’État pour le centre. Une nomination qui pue. Aujourd’hui, l’indépendance de la nation, l’intégrité du territoire sont menacées d’une manière très grave et immédiate de même que l’absence de l’administration publique dans plusieurs localités du Centre, du Nord et de l’Est du pays.

Au lieu d’informer la Nation par un message pour dire ce qu’il y a et ce qu’il faut pour arrêter les tueries, le président IBK impose au peuple la tenue des législatives comme solution à la crise. Et Boubou Cissé, le Premier ministre, clame haut et fort que les élections législatives ne seront pas reportées. Le Mali est une République indépendante, souveraine, indivisible, démocratique laïque et sociale. Son principe est le gouvernement du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple.

Les hommes passent, les peuples demeurent, dit le sage. Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il porte atteinte à l’intégrité du territoire. Le peuple a le droit à la désobéissance civile pour la préservation de la forme républicaine de l’État. Allez aux élections législatives dont le premier tour se déroulera, le 29 mars, équivaut à un suicide collectif.

Jeudi dernier, vingt-neuf (29) soldats ont été assassinés à Tarkint, selon un communiqué officiel du gouvernement du Mali. Des villages de la région de Mopti sont rayés de la carte du Mali, malgré la présence des forces onusiennes. Le peuple souverain du Mali, fort de ses traditions de lutte héroïque, engagé à rester fidèle aux idéaux des victimes de la répression et des martyrs tombés sur le champ d’honneur pour l’avènement d’un État de droit et de démocratie pluraliste, doit se réveiller. Les Maliens côtoient les tueries tous les jours. Notre pays est un cimetière. Tout le monde est au courant de ce qui se passe dans ce pays appelé autrefois le Mandé.

La maladie coronavirus est une grave menace qui plane sur les élections législatives du 29 mars. Eu égard à l’affluence des électeurs ce jour devant les bureaux de vote, la propagation du Covid- 19 a toutes les chances de se produire rapidement.

Amy SANOGO

Source: Inter De Bamako

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