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Entre Nous : Une victime nommée Rokia Traoré !

L’incarcération par la justice française en exécution d’un mandat d’arrêt européen émis par la justice belge, de notre compatriote Rokia Traoré, a donné lieu à un tollé et une mobilisation générale au-delà du Mali. Ces dernières années, nos compatriotes ont rarement été aussi soudés qu’autour de cette affaire.

Me Tall Nadia Myriam Biouélé, avocate, non moins présidente de la Fondation Hera, évoque «une incarcération en parfaite violation des règles du droit international et de la diplomatie».

«Notre sœur, l’une de nos grandes ambassadrices qui porte et promeut l’histoire et la culture du Mali et de l’Afrique, une mère dont la première œuvre musicale sanctionnée par le prix découverte RFI fait le plaidoyer contre le divorce et en faveur des enfants, se trouve incarcérée et traitée comme une criminelle pour avoir protégé sa fille. Elle subit cette injustice dans le ‘’pays des droits de l’homme et de la protection des femmes», souligne Mahamadou Diouara, sociologue.

«La violence physique et surtout symbolique exercée par la justice belge contre Rokia Traoré dit ceci: Tu as beau t’appeler Rokia Traoré, être une artiste d’une qualité exceptionnelle, mondialement reconnue, si un contentieux t’oppose avec l’un de nos ressortissants, nous avons les moyens au mépris de ta dignité de te jeter en prison et de te traiter comme la dernière des criminelles, en mettant en branle notre appareil juridico-répressif et en te remettant à ta place. Parce que, disons-nous, le bien après tout, tu n’es qu’une Africaine. Issue d’une région du monde qui a un faible pouvoir économique, politique et donc symbolique», écrit le Sénégalais Felwine Sarr avant d’ajouter : «Cette affaire nous concerne en ce qu’elle rappelle notre condition incertaine et vulnérable que nous soyons face à la justice des pays du Nord. Imaginez la situation inverse : une grande star belge ayant un contentieux post-union avec un Malien et qui se retrouve emprisonnée au Mali, c’est juste impensable !».

L’Occident n’a pas de leçons à donner à l’Afrique en général et au Mali en particulier. On ne peut pas embastiller au fond d’une cellule de prison une femme pour «enlèvement, séquestration et prise en otage» de son propre enfant. L’enfant dont elle a porté la grossesse pendant 9 mois et souffert sur la table d’accouchement pour le mettre au monde. Au péril de sa propre vie ! L’enfant qu’elle a allaité pendant plusieurs mois ! L’enfant dont elle a essuyé les larmes quand il pleurait sans cesse. L’enfant dont l’entretien lui a valu des nuits blanches pendant que son prétendu géniteur ronflait quelque part sur le globe terrestre.

L’Occident des droits de l’homme et de la protection des femmes dont les tarés et incultes poussent des cris de singe dans les stades pour se moquer des joueurs noirs, n’a plus qualité pour donner quelque leçon que ce soit. L’un des combats de Rokia Traoré est justement la renaissance de la culture africaine et surtout un développement du continent inspiré de ces valeurs culturelles authentiques.

La résistance de Rokia Traoré face à cette injustice arbitraire est à saluer. Elle est réconfortante et nous convainc davantage de la justesse du combat que l’artiste mène sur plusieurs fronts depuis belle lurette. Une femme africaine, elle est prête à subir tout pour sa progéniture. D’ailleurs, un adage populaire nous dit que : «une femme est prête à donner sa vie pour la cause de son enfant». Cette détermination à ne pas laisser son enfant entre les griffes d’un homme aux comportements peu orthodoxes est digne de la Malienne.

Cette incarcération n’est pas une humiliation pour la mère qui défend son enfant contre une justice sélective. Elle nous montre tout simplement un autre visage de l’occident. Ce sont les justices française et belge qui portent cette grande humiliation. Non ! Rokia n’est pas une criminelle. Elle n’est qu’une victime d’un système qui méprise les valeurs universelles d’humanisme. Notre Rokia sortira très forte, requinquée de cette épreuve et plus que jamais déterminée à continuer son noble combat.

Chiaka Doumbia

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