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La France, troisième exportateur mondial d’armes

Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation (gauche), Rajnath Singh, ministre de la Défense indien (centre) et Florence Parly, ministre des Armées, lors de la cérémonie de livraison du premier Rafale de Dassault Aviation à l’Inde, le 8 octobre 2019. GEORGES GOBET / AFP
Texte par :
Mounia Daoudi
Un record que les organisations de défense des droits de l’homme ne manqueront pas de dénoncer : la France est désormais le troisième exportateur mondial d’armes. Le gros des ventes se fait, au risque de provoquer une escalade des conflits, vers une région qui connait de nombreuses tensions : le Moyen-Orient.

Le Sipri, l’Institut international de Stockholm de la recherche pour la paix, a dévoilé lundi 9 mars 2020 ses chiffres pour la période 2015-2019. Sans surprise, les ventes d’armes dans le monde ont bondi de 5,5 % par rapport à la période 2010-2014. La France se situe désormais dans le peloton de tête, en troisième position après les États-Unis et la Russie.

Au cours des cinq dernières années, la France s’est en effet arrogé une part croissante du marché mondial de l’armement. Ses ventes de missiles, avions de chasse et autres navires de guerre ont représenté près de 8% des exportations mondiales.

Plus frappant, ses ventes ont bondi de 72% par rapport à la période 2010-2014. Cette hausse spectaculaire est largement due aux succès commerciaux de Dassault et de son avion de chasse Rafale ou de Naval Group et de ses sous-marins Scorpène ainsi que de ses FREMM, ses frégates multimissions.

Mais même si elle s’est hissée sur le podium avec 7,9 % des parts de marché, la France reste loin derrière les États-Unis, qui totalisent 36% des exportations, et la Russie avec 21%.

Bond des exportations vers le Moyen-Orient

Le Moyen-Orient est la région qui a enregistré la plus forte hausse de ventes d’armes dans le monde avec un bond des importations de 61% au cours des cinq dernières années. Elles représentent désormais 35% des ventes mondiales. L’Arabie saoudite est de loin le plus gros acheteur de la région, mais aussi au niveau mondial puisque le pays est désormais numéro 1. Ses importations ont en effet augmenté de 130% sur cette période, et ce malgré les dénonciations de graves atteintes aux droits de l’homme, notamment dans sa guerre au Yémen.

La France a notamment exporté vers le royaume des véhicules blindés, des patrouilleurs et des missiles, soit 4,3% des importations saoudiennes, très loin derrière les États-Unis (73%) et les Britanniques 13%. Le royaume n’a historiquement jamais été un gros client de la France qui reste pourtant un gros pourvoyeur d’armements au Moyen-Orient.

La France a en effet des clients fidèles dans la région : Émirats arabes unis, Qatar et Égypte. Paris a ainsi fourni au Caire 35% de ses équipements militaires entre 2015 et 2019 avec la livraison de frégates multimissions, de Rafale et de missiles.

Au Qatar, les succès de l’avion de combat de Dassault – 36 appareils en cours de livraison – ont permis à l’émirat de se hisser parmi les trois premiers clients de l’industrie de défense française, après l’Égypte, mais avant l’Inde, autre gros acheteur de l’armement tricolore.

Les Chinois en embuscade

Ces ventes ont pesé lourd dans la balance commerciale française et ont permis ces dernières années de réduire le déficit commercial du pays. Elles sont, à en croire les industriels français, indispensables pour la sécurité du pays, car selon eux, elles permettent d’entretenir l’innovation et la compétitivité de l’industrie de défense française. Un argument difficilement acceptable pour les organisations de défense des droits de l’homme et cela d’autant plus que ces bons chiffres des exportations françaises d’armements devraient se maintenir dans les années à venir.

Selon le Sipri, les exportations françaises devraient ainsi se maintenir pour les cinq prochaines années, et cela en raison des commandes déjà engrangées. Au-delà, rien n’est moins sûr. La concurrence est en effet de plus rude dans ce secteur, et la Chine, aujourd’hui cinquième exportateur mondial, étend ses zones d’influences. Pékin fournit ainsi aujourd’hui des équipements à 53 pays contre 40 il y a encore cinq ans.

► À lire aussi : Les ventes d’armes françaises progressent, mais pas en Afrique

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