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Syrie: les présidents turc et russe s’entendent sur un cessez-le-feu à Idleb

Recep Tayyip Erdogan et Vadimir Poutine à Moscou, le 5 mars 2020. Pavel Golovkin/Pool via REUTERS
Texte par :
Daniel Vallot
La Russie et la Turquie sont parvenues à un accord ce jeudi sur la province d’Idleb à l’issue d’un entretien en tête à tête, au Kremlin, entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan. Le président turc était venu à Moscou pour négocier un cessez-le-feu, qui doit être effectif à minuit ce 6 mars, alors que la situation militaire n’a cessé de se dégrader dans la province syrienne.

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De nos correspondants à Moscou et Istanbul, Daniel Vallot et Anne Andlauer

Tout sera mis en œuvre pour que le cessez-le-feu soit respecté, a déclaré le président turc, qui se réserve le droit de répliquer à toute attaque du régime de Damas.

L’accord adopté par la Russie et la Turquie prévoit également qu’un corridor de sécurité sera mis en place tout au long de certaines sections de l’autoroute M4, qui traverse la province d’Idleb. Des patrouilles conjointes seront menées par la Russie et la Turquie pour assurer la sécurité de la zone, sur six kilomètres de profondeur, de part et d’autre de l’autoroute.

Pour la Russie il n’est toujours pas question de lâcher le régime de Bachar el-Assad – c’est pourquoi Moscou a tenu à obtenir des garanties sur la sécurité de cet axe routier très important aux yeux de Damas. Mais le président russe tient à préserver sa relation avec la Turquie. « Nous ne sommes pas toujours d’accord avec nos amis partenaires sur la situation en Syrie, a déclaré Vladimir Poutine à l’issue de la rencontre, mais à chaque fois, lors des moments critiques, nous avons su trouver les points d’accord et aboutir aux bonnes décisions. »

Victoire diplomatique en demi-teinte pour Ankara

Pour la Turquie, qui a déployé le mois dernier des milliers de soldats sur place, c’est une victoire diplomatique en demi-teinte. Ce cessez-le-feu à Idleb satisfait Ankara sur deux tableaux : il implique un arrêt des attaques du régime syrien contre les soldats turcs (une soixantaine d’entre eux sont morts en un mois), et un arrêt des bombardements contre les civils d’Idleb, qui sont déjà près d’un million à avoir fui vers la frontière turque. Un cessez-le-feu pourrait donc diminuer cette pression migratoire qu’Ankara jugeait intenable et brandissait pour justifier sa présence à Idleb.

Mais Recep Tayyip Erdogan est loin d’avoir entièrement obtenu gain de cause. Il était arrivé à Moscou en exigeant que le régime de Bachar el-Assad se retire des zones d’Idleb reprises ces derniers mois, et notamment de l’autoroute M5, stratégique puisqu’elle relie le sud du pays à la grande ville d’Alep, au nord. Les forces de Damas en ont repris le contrôle total le 11 février. L’accord de Moscou n’en fait pas mention.

Quant à la voie M4, qui relie Lattaquié, sur le littoral, à Alep, elle se transforme certes en « couloir de sécurité » le long duquel les armées turque et russe sont censées mener bientôt des patrouilles communes mais il n’est pas question de la vaste « zone de sécurité » que réclamait la Turquie pour abriter les déplacés d’Idleb.

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