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Filière vanille à Madagascar: «Nous sommes entrés dans une ère nouvelle»

Fin de campagne de vanille préparée (vanille vrac) à Madagascar. Ultime étape de préparation des derniers lots restants de vanille par les producteurs et les exportateurs : le séchage des gousses sur claies. RFI/Sarah Tetaud
Texte par :
Sarah Tétaud
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Un vent de changement souffle sur la filière vanille à Madagascar. Ce mercredi, le gouvernement doit prendre une série de décrets et circulaires censés pérenniser le secteur, l’épurer de ses spéculateurs et ramener la qualité au centre des préoccupations. Seulement, dans une filière libéralisée, l’interventionnisme de l’État dérange, et certains acteurs ne voient pas ces mesures d’un bon œil.

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Avec notre correspondante à Madagascar,

Le 31 mai prochain marquera la fermeture totale de la campagne de vanille 2019-2020 à Madagascar. En clair, il sera désormais interdit de vendre et d’exporter la précieuse gousse noire, jusqu’à la prochaine date d’ouverture de campagne.

Une décision que regrette cet exportateur de la Sava, la plus grosse région productrice de vanille de l’île : « Le problème, c’est que nous avons des commandes toute l’année et ce décret va nous empêcher de pouvoir exporter nos vanilles vers nos clients. Ca va privilégier les autres origines comme l’Indonésie, la Papouasie, l’Ouganda, qui elles vont pouvoir continuer à exporter toute l’année. »

Autre nouveauté, la fixation d’un prix minimum de vente : 350 dollars le kilo pour la vanille vrac. Une hérésie pour ce même exportateur : « Depuis début 2020, impossible de vendre à plus de 300 dollars le kilo. Sur le papier, ce type de fixation des prix est intéressant pour l’ensemble des acteurs de la filière malgache, car ça assure à tout le monde, une rémunération minimale. Mais dans les faits, s’il n’y a pas d’acheteurs, c’est une décision qui est contre-productive. Du coup, la question est de savoir aujourd’hui pourquoi ce type de décision est pris au niveau de l’Etat et à qui cela profite ? »

Premier exportateur mondial de vanille

Georges Geeraerts, le président du GEVM, le Groupement des exportateurs de vanille de Madagascar, salue, lui, ces décisions qui devraient encourager le retour à une certaine qualité. Lantosoa Rakotomalala, la ministre de l’Industrie et du Commerce à l’origine des différents décrets, assure que ces décisions n’ont d’autres buts que de limiter la volatilité des prix pour assurer in fine la durabilité du secteur.

« Notre filière a connu trop d’instabilité ces dernières années. Les acheteurs veulent de la prédictibilité », soutient-elle. « Et la majorité des 200 000 acteurs de notre filière vanille (NDLR les producteurs, les collecteurs, les exportateurs) le veulent aussi. L’État doit jouer un rôle de régulateur quand le chaos peut arriver vite, même si c’est un secteur libéralisé. Nous sommes entrés dans une ère nouvelle », explique la ministre.

Malgré des saisons en dents de scie, avec 80% de parts de marché, Madagascar reste le premier exportateur mondial de vanille.

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